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14 Février 1990

Cours d'eau:Bruche, Doller, Fecht, Giessen, Ill, Largue, Lauch, Liepvrette, Moder, Non classé, Rhin, Thur, Zorn
Date:Le 14 / 2 / 1990
Localités touchées:Auenheim, Balschwiller, Barembach, Bischwiller, Breitenbach-Haut-Rhin, Colmar, Dannemarie, Eckbolsheim, Ensisheim, Ernoslheim-sur-Bruche, Erstein, Fort-Louis, Guebwiller, Haguenau, Heiligenberg, Holtzheim, Holtzwihr, Horbourg-Wihr, Illhaeusern, Kaltenhouse, Kolbsheim, La Broque, Lièpvre, Lingolsheim, Marlenheim, Masevaux, Metzeral, Mittlach, Muhlbach-sur-Munster, Munster, Mutzig, Oberschaeffolsheim, Ostheim, Ostwald, Rohrwiller, Saales, Schirmeck, Schweighouse-sur-Moder, Sélestat, Sondernach, Soultz-les-Bains, Stattmatten, Stosswihr, Strasbourg, Turckheim, Uberach, Wahlbach, Waltenheim-sur-Zorn, Wasselonne, Wihr-au-Val, Wisches, Wolfisheim, Wolxheim, Zimmerbach, Dinsheim-sur-Bruche, Ergersheim, Gerstheim, Oberhoffen-sur-Moder
Causes:Fonte des neiges / redoux - Fortes précipitations -
Conséquences:Dommages environnementaux - Dommages fonctionnels - Dommages humains - Dommages matériels -
Source 1:Presse, "Dernières Nouvelles d 'Alsace", 16-17 février 1990, cité dans DDT 67, Fluvial.IS, "Cartographie des zones inondables du Giessen et de la Lièpvrette selon l’approche hydromorphologique", Strasbourg, 3 mars 2011.
 Inondation du Giessen à Selestat, le Quartier de la Filature est inondé : les caves des immeubles sont inondées, l'electricité est coupée. L'entreprise AECOM est inondée, le passage entre le quai du Giessen et les immeubles collectifs de la Filature est coupé. Le pont du Giessen qui enjambe la RN 83 est très proche de déborder. Débit du Giessen à Selestat : 140 m3/s.
Source 2:CG 67 et Agence de l'eau Rhin-Meuse, ''Schéma d'aménagement et de gestion des eaux de la Moder'', 2010.
 La crue de 1990 a touché la Moder sur un vaste linéaire de Uberach jusqu'au Rhin. Elle a néanmoins été beaucoup moins expansive que les deux précédentes puisque les inondations ne se sont pas étendues au-delà de 500 mètres de part et d'autres de la Moder.
Source 3:Archives municipales d'Ernolsheim-sur Bruche, "Extrait du procès verbal des délibérations du conseil municipal", Ernolsheim-sur-Bruche, 1990.
 Le 15 février à 15h, débordement de la Bruche à Ernolsheim-sur-Bruche, le débit avoisine les 180 m3/s.
Source 4:DIREN Alsace, SEMA, ''Liste des crues supérieures à 45m3/s", rivière Bruche, période 1949-2004, non daté.
 Crue de la Bruche. A Wisches, la rivière atteint une hauteur de 2.32 m et enregistre un débit de 144 m3/s. La période de retour est comprise entre 20 et 50 ans.
Source 5:DESCOMBES René, "L’eau dans la ville, des métiers et des hommes", Strasbourg, Ed. Ronald Hirlé, 1995.
 "Les très importantes crues de février 1990 ont montré, une fois de plus, la nécessité de maintenir des zones inondables dans les vallées (vallées de l'Ill, de la Bruche et de leurs affluents), zones qui permettent un certain étalement des hautes eaux, et en atténuent les effets à l'aval, à Strasbourg en particulier."
Source 6:Presse, "Dernières Nouvelles d'Alsace", 17 février 1990.
 Les prés et les champs bordant la rivière entre Haguenau et Rohrwiller se sont transformés en un immense plan d'eau presque ininterrompu sur des centaines de mètres de large et plusieurs kilomètres de long. Les eaux de la Moder lèchent la route du Rhin (CD 29) et plusieurs routes latérales comme le CD 37 venant de Weyersheim, la route de liaison Bischwiller-Oberhoffen, ainsi que le chemin des Quatre-Vents à Haguenau ont partiellement été inondés à leur intersection avec le CD 29 et ont dû être barrés à la circulation. Dans le quartier le plus bas de Bischwiller, rue de l'Abattoir, plusieurs familles occupant le rez-de-chaussée avaient les pieds dans 10 à 20 cm d'eau. La Moder est également sortie de sonlit à Auenheim, Stattmatten et Fort-Louis.
Source 7:DDT 68, Service régional de l'aménagement des eaux d'Alsace, ''La crue du 15 février 1990'', 1990.
 Après une période de sécheresse qui s'est prolongée jusqu'à la fin du mois de janvier 1990, les rivières alsaciennes viennent de connaitre une crue importante le 15 février. Les crues les plus sévères sont enregistrées au sud du département du Bas-Rhin tandis que les débits de pointe des rivières du nord sont restés tout à fait modestes. La période de retour centennale est atteinte sur la Bruche à Wisches (2.41 m et 124 m3/s) ainsi que sur la Liepvrette à Liepvre (1.77 m et 80 m3/s). Il s'agit des cours d'eau issus des bassins de haute altitude, comportant une couverture neigeuse au moment de la crue. Le Giessen à Selestat a également un débit de pointe assez exceptionnel dont la période de retour est estimée à 85 ans (3.04 m et 136 m3/s). En remontant vers le nord, les fréquences diminuent progressivement. A Oberschaeffolsheim, aux portes de Strasbourg, la Bruche atteint une période de retour cinquantennale (3.48 m et 195 m3/s), de même que le canal de décharge de l'Ill à Gerstheim (2.67 m et 560 m3/s). Au nord de Strasbourg, les crues sont moins marquées : la Mossig à Soultz-les-Bains atteint une période de retour de 13 ans (2.27 m et 23 m3/s), la Zorn à Waltenheim atteint une période de retour de 8 ans (3.28 m et 95 m3/s), la Moder à Schweighouse-Amont atteint une période de retour de 17 ans (2.81 m et 42 m3/s), la Moder à Haguenau atteint une période de retour de 7 ans, la Moder à Kaltenhouse atteint une période de retour de 9 ans (2.70 m et 80 m3/s). Sur le bassin de la Sauer, les périodes de retour restent inférieures à 5 ans.
Source 8:Presse, "Dernières Nouvelles d'Alsace", 16 février 1990.
 L'eau ne cesse de monter dans l'agglomération strasbourgeoise. La cote de la Bruche a plus que doublé, dépassant les trois mètres. La crue de la rivière a touché les communnes riveraines, notamment Eckbolsheim, Wolfisheim, Lingolsheim. A la suite d'une rupture de digue, Holtzheim est la localité la plus sinistrée, avec la rue de l'Ecole et de l'Eglise coupées, de nombreuses caves et la salle polyvalente inondées. Dans l'arrondissement de Molsheim, les inondations dépassent celle de 1926 et 1947. Toute la vallée, depuis Mutzig jusqu'à Saales, a les pieds dans l'eau. A Schirmeck et à la Broque, il y a plus d'un mètre et demi d'eau dans la Grande rue. Le centre des deux villes est complétement paralysé. Dans toute la région, on signale des routes coupées, comme à Dinsheim, à Barembach ou encore à Heiligenberg sur une route très fréquentée, le CD 704. Toutes les caves situées en bordure plus ou moins immédiate des cours d'eau ont été inondées. Plusieurs entreprises ont souffert des inondations, ce sont près d'un millier de personnes qui ont dû arreter le travail. Inondée, la zone d'activités de Wasselonne a elle aussi été paralysée pendant de longues heures. De nombreux bureaux et commerces sont restés fermés, faute de pouvoir être atteint. A Selestat, les quartiers nord de la ville ont souffert du débordement du Giessen. Les eaux de la rivière ont envahi tout le quartier de la Filature. Un supermarché et de nombreuses caves ont été inondés. Douze personnes bloquées dans une entreprise ont été évacuées par les pompiers. Un déversement très important du lit du Giessen a eu lieu au nord-ouest de Selestat, ce qui a mis sous eau les quartiers entre la RN 83 et la RN 422. La crue du Giessen a causé des dégâts d'un montant de 7.5 millions de francs.
Source 9:DDAF 67, Rapport du service d'annonce des crues, ''Les inondations de février 1990 dans le département du Bas-Rhin'', non daté.
 Les départements de l'Est de la France ont subi de graves inondations dues à de fortes chutes de pluies auxquelles se sont ajoutées parfois les eaux provenant de la fonte brusque des neiges. Le département du Bas-Rhin n'a pas été épargné par ces intempéries, puisque certaines de ses rivières ont généré des crues d'une excpetionnelle gravité. Pour l'Ill, le Giessen, la Liepvrette, l'Andlau et la Bruche, le niveau atteint par les eaux est sensiblement supérieur à tous ceux qui ont été enregistrés depuis que des observations précises sont effectuées. La crue de février 1990 dépasse notamment en débits et en niveaux toutes les crues de référence (mars 1896, janvier 1910, décembre 1919, décembre 1947, janvier 1955 et avril 1983) pour le Giessen grossi de la Liepvrette à Selestat, pour l'Ill grossie de la Fecht à son entrée dans le département, et pour la Bruche dans son haut bassin à Wisches. D'intenses précipitations ont lieu entre le 12 et le 14 février, accompagnées d'une brutale fonte des neiges fraichement tombées sur les sommets vosgiens au-dessus de 700 mètres. Le niveau record du Giessen à Selestat atteint en mars 1988 est dépassé de 0.55 m et celui de la Bruche à Wisches est dépassé de 0.31 m. Le niveau de l'Ill à Ostwald est dépassé de 0.35 m et à Strasbourg à la Montagne Verte, il est dépassé de 0.18 m. Voici plusieurs relevés : l'Ill à Colmar Ladhof atteint la hauteur de 5.08 m, enregistre un débit de 332 m3/s et a une période de retour de 38 ans. La Fecht à Ostheim atteint la hauteur de 4 m, enregistre un débit de 130 m3/s et a une période de retour de 30 ans. La Liepvrette à Liepvre atteint la hauteur de 1.77 m, enregistre un débit de 80 m3/s et a une période de retour de 100 ans. Le Giessen à Selestat atteint la hauteur de 3.04 m, enregistre un débit de 136 m3/s et a une période de retour de 85 ans. L'Ill à Erstein atteint la hauteur de 2.67 m, enregistre un débit de 560 m3/s et a une période de retour de 50 ans. A la Montagne Verte, l'Ill atteint 2.75 m et à Ostwald 3.30 m. La Bruche à Wisches atteint la hauteur de 2.41 m, enregistre un débit de 124 m3/s et a une période de retour de 100 ans. La Bruche à Wolxheim atteint la hauteur de 3.15 m, enregistre un débit de 146 m3/s et a une période de retour de 23 ans. La Bruche à Oberschaeffolsheim atteint la hauteur de 3.48 m, enregistre un débit de195 m3/s et a une période de retour de 53 ans. A Strasbourg, route de Schirmeck, la hauteur est de 1.97 m. Sur le bassin de la Bruche, les dégâts concernent de nombreuses et très importantes érosions de berges. La Bruche et l'ensemble de ses affluents sont concernés. Par endroit, il y a eu changement du lit de la Bruche. La digue protégeant le village d'Holtzheim a été submergée par les flots. Une première estimation des dommages hydraulique est de 15 MF pour ce secteur. Les quartiers nord de Selestat ont souffert des débordements du Giessen, dont les eaux ont envahi tout le quartier de la Filature. Un supermarché et de nombreuses caves ont été inondés. Les inondations ont frappé l'ensemble des communes de la vallée de la Bruche entre Saales et Strasbourg. A Schirmeck, le jeudi 15 février au matin, on mesurait 1.20 m d'eau dans les rues. Toutes les caves situées en bordure de la Bruche et de ses affluents ont été inondées. La zone d'activité de Wasselonne et le moulin du Kronthal ont également été inondés par les hautes eaux de la Mossig. Les communes du Bras d'Altorf et celles situées au nord du canal de la Bruche ont été inondées. Ainsi que la commune d'Holtzheim par la faute d'une rupture de digue. Dans l'agglomération strasbourgeoise, les secteurs les plus touchés sont les quartiers Roethig, Koenigshoffen, Montagne Verte, Elsau, Wacken, Meinau, Robertsau et la ville d'Ostwald. Le montant total des dommages s'élève à 140 millions de francs.
Source 10:ADAM Olivier, ''La crue de la Bruche de février 1990 et sa prise en compte dans l'aménagement du territoire'', Mémoire de Maitrise (Géographie), Université Louis Pasteur de Strasbourg, 1998.
 Après plusieurs jours de douceur, la neige se met à tomber dans les moyennes et hautes Vosges le 10 février jusqu'au 13 février. Le 14 février, une perturbation venue de l'Atlantique provoque une brusque remontée des températures, faisant disparaitre le manteau neigeux. Des pluies abondantes se produisent à toute altitude, ce qui accélère la fonte. Tous ces volumes d'eaux en plus vont gonfler l'ensemble des cours d'eau alsaciens de façon considérable. Le 14 février, le redoux se poursuivant, des rivières comme la Doller, la Thur, la Fecht, l'Ill, le Giessen sont déjà en crue. Mais pour la Bruche et ses affluents, les choses se gâtent le 15. La Bruche déborde le 15 au matin, inondant le CD 261 et la RN 420. Les caves sont inondées. Le ruisseau des "petites vagues" déborde et déverse une eau boueuse dans la Grand'Rue. Le pont à l'entrée de La Broque est submergée par la crue et la circulation sur la RN 420 est interdite. La mairie est inondée par 40 cm d'eau, alors qu'elle atteint 1.20 m dans la rue. Les flots charrient beaucoup de stères de bois, des tonneaux, de la boue, des matériaux hétéroclites. Le 15 au soir, l'eau s'est retirée, chacun constate l'ampleur des dégâts. Cette crue ne dure qu'une seule journée à La Broque, mais suffit à perturber totalement la vie des hommes. Elle fait par endroits des dégâts considérables. L'activité économique est complétement bouleversée. De nombreux commerces sont envahis par les eaux, beaucoup de bureaux restent fermés car ils sont inaccessibles. Plusieurs entreprises sont obligées de cesser le travail. La zone d'activité de Wasselonne dans la vallée de la Mossig est paralysée pendant plusieurs heures. Les installations de France-Telecom à Schirmeck subissent également la crue de la Bruche. En tout, ce sont plus de mille personnes qui sont obligées de cesser le travail. La digue du canal de la Bruche est submergée entre Ergersheim et Kolbsheim. Les nouveaux lotissements de Ernolsheim-sur-Bruche sont inondés. A Holtzheim, une digue se rompt sous l'effet de la pression de l'eau. Le 16 février au matin, de nombreux quartiers situés à la proximité de la confluence de l'Ill, elle aussi en crue, et de la Bruche sont transformés en cités lacustres. C'est le cas du Gliesberg, de l'Elsau et de la Montagne-Verte. Dans les quartiers nord d'Ostwald, la rue des prés se retrouve à 60 cm sous eau, la cote minimale étant dépassée de 3.30 m. Le 17 février, même si la tendance générale est à la décrue, de nombreux quartiers de Strasbourg et de sa banlieue sont encore inondés. Les établissements commencent à reprendre leur activité. La route nationale 420 est à nouveau ouverte à la circulation mais il faut attendre la semaine suivante pour que la voie ferrée en amont de Schirmeck soit de nouveau praticable. A Wolxheim, la Bruche atteint 3.15 m et enregistre un débit de 146 m3/s (période de retour 20 ans) le 15 février 1990. A Wisches, la Bruche atteint 2.32 m et enregistre un débit de 115 m3/s (période de retour comprise entre 50 et 100 ans). La crue de février 1990 est la plus marquante de ce XXeme siècle pour le bassin versant de la Bruche et peut être qualifiée de crue historique. La facture est très lourde et s'élève à 10 650 000 francs rien que pour l'arrondissement de Molsheim et ce chiffre ne comprend que les dégâts de cours d'eau, d'ouvrages de protection et de voirie communale. Il manque les zones d'habitat et les activités économiques.
Source 11:Ministère de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, "L'évaluation préliminaire des risques d'inondation 2011. Bassin Rhin"
 Des précipitations intenses (jusqu’à atteindre une période de retour centennale en 48 heures dans certains secteurs du massif vosgien (Source : « La crue des 15 et 16 février 1990 », service régional de l’aménagement des eaux d’Alsace - Juillet 1990)) s’abattent sur le massif vosgien à partir du 10 février puis s’intensifient à partir du 12 pour se poursuivre jusqu’au 15 février. Par son intensité et sa durée, ce phénomène climatique, à l’origine des crues de février 1990, est exceptionnel. On enregistre 150 mm de cumul le 14 au pluviomètre du lac d’Alfeld dans le Haut-Rhin (Source : site Pluies Extrêmes de Météo France (http://pluiesextremes.meteo.fr/)). (...) Ce sont les hauts bassins de la Doller, de la Thur, de la Lauch, de la Fecht, du Giessen et de la Bruche qui reçoivent un cumul de précipitations largement supérieur à 150 mm en 4 jours, avec des maximaux supérieurs à 300 mm pour cette même durée sur les têtes de bassin de la Doller et de la Thur. Associées à une brusque remontée des températures, y compris en altitude, elles provoquent la fonte brutale de la neige tombée les jours précédents (Source : « Les inondations de février 1990 dans le département du Bas-Rhin », DDAF du Bas-Rhin, Rapport du service d’annonce des crues). La formation de cette crue est rapide : le temps de montée de la crue a été de 2 jours depuis la situation « normale » jusqu’à la pointe. A titre de comparaison, il avait été d’environ le double en avril 1983. Elle touche, du 14 au 16 février, de manière concomitante et homogène tous les cours d'eau issus des bassins précités. L’intensité des crues de février 1990 a été telle que cet événement constitue encore aujourd’hui la crue de référence sur de nombreux affluents alsaciens du Rhin (Source : « Les inondations de février 1990 dans le département du Bas-Rhin », DDAF du Bas-Rhin, Rapport du service d’annonce des crues ; Source : « La crue des 15 et 16 février 1990. », Service régional de l’aménagement des eaux d’Alsace, Juillet 1990). Les impacts de cette crue sont considérables. Sept personnes ont perdu la vie (Source : articles des Dernières Nouvelles d’Alsace, édition du 18/02/1990). Les dégâts matériels sont estimés à 140 millions de francs pour le seul département du Bas-Rhin (Source : Rapport D.D.A.F du Bas-Rhin, Service d’annonce de crues, printemps 1990). A Colmar, on note la rupture d’une digue de protection située à la confluence de l'Ill et de la Lauch (ou Vieille-Thur) qui noie tout le quartier de la Luss. Une seconde rupture de digues est signalée à hauteur du quartier du Ladhof. La crue a été particulièrement forte dans la vallée de la Lauch avec des dégâts très importants aux infrastructures routières. A Sélestat c’est non pas la rupture mais la submersion des digues de protection à la fois en rive droite et en rive gauche du Giessen qui a entraîné l’inondation de plusieurs quartiers dont celui de la Filature (Source : Revue Municipale d’Information « le Séléstadien », n°4 janvier/février/mars 1990). Des phénomènes de glissements de terrain (Lapoutroie) et coulées d’eaux boueuses sont signalés sur tout le massif. Les rues principales de Schirmeck et La Broque en haute vallée de la Bruche sont sous les eaux (jusqu’à 1,50 m). A Strasbourg et dans son agglomération, plusieurs communes et quartiers sont partiellement inondés en raison de la crue de la Bruche dont Holtzheim (rupture de digue en rive droite) et des quartiers de la Montagne Verte et du Wacken. Au total, plus de 200 communes alsaciennes sont touchées (Source : articles des Dernières Nouvelles d’Alsace, 16 et 17 février 1990). La crue de février 1990 suscitera une forte mobilisation de la part des autorités et des élus en termes de prévention et sera à l’origine, par son ampleur et par ses impacts, de l’activation ou de la réactivation de plusieurs procédures réglementaires (type Plans de Prévention du Risque d’Inondation ou procédure équivalente à l’époque) notamment dans l’agglomération strasbourgeoise, dans les vallées de la Bruche, de l'Ill, de la Fecht et de Lauch.
Source 12:Presse, "L'Alsace", 9 mars 1990 et DIREN, "Rapport sur la crue de février 1990", mars 1990.
 223 communes étaient en état de catastrophe naturelle. Colmar : Totalité du quartier de la Luss a rapidement été envahie par les eaux les caves ont toutes été remplies d'eau. Par endroits, les surfaces d'habitations ont été touchées. Il y a des brèches sur la digue à hauteur du camping d'Horbourg. Il y a 80 cm d'eau sur toutes les routes. A Holtzwihr, l'eau a inondé de grandes surfaces de champs mais les maisons n'ont pas été touchées. Illhaeusern : 40 cm d'eau recouvre les rues. Dans de nombreuses habitations ont leur caves inondées.
Source 13:"Historique des inondations de la Doller à Lutterbach", historique non-exhaustif réalisé sur la base des documents d'archives et coupures de presse collectées auprès d'anciens de Lutterbach présenté lors du Conseil Municipal de Lutterbach du mardi 16 mars 2010, non publié.
 Crues très importantes, 4 morts dans le Haut-Rhin sur les bassins de la Fecht, Doller et Thur.
Source 14:Presse, "L'Alsace", 16 février 1990, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Bourrasques et trombes d’eaux se succèdent à un rythme infernal mais dans le Sundgau, la situation est « calme » selon les sapeurs pompiers qui n’ont pas eu à intervenir avec l’intensité de leurs homologues vosgiens. Il semblerait en effet que nous soyons privilégiés en comparaison de ce qui se passe ailleurs en Alsace. Les caves sont encore au sec, seule la terre des champs sera une fois de plus lessivée par la force des eaux. La moitié de l’Alsace est sous les flots. Le département du Haut-Rhin a le plus souffert de la brusque montée des eaux (crue subite des rivières vosgiennes), à l’exception des environs de Mulhouse et du Sundgau. Deux cambrioleurs ont tout de même réussi à échapper à la gendarmerie à Balschwiller, grâce à la nuit et à la crue de la Largue dont les eaux leur ont offert une cachette provisoire.
Source 15:"Ma commune face aux risques", [En ligne] Site Internet de la prévention des risques majeurs. URL : http://macommune.prim.net/index.php (page consultée le 21 mars 2016), cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Les évènements qui se sont déroulés entre le 14 et le 19 février 1990 ont donné lieu à l’arrêté de Catastrophe Naturelle du 16 mars 1990 qui concerne la seule commune de Balschwiller (où les pompiers ont été dépassés par l’ampleur des évènements faute de moyens efficaces).
Source 16:LAMEY Joëlle, "Caractéristiques, perceptions et acteurs du risque d’inondation : le cas de la vallée de la Fecht, XXème – XXIème siècles", Mémoire de Master (Histoire) Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 « Les débits de pointe de la Fecht sont supérieurs à ceux relevés en 1983, mais l’épisode de crue a été plus bref. Un brutal redoux s’installe sur les Vosges dans la nuit du 13 au 14 février. Des pluies diluviennes accompagnées de vent provoquent la fonte de la neige fraichement tombée. La côte d’alerte est dépassée le 15 à la station de mesure de Wihr-au-Val. Les eaux atteignent 2m13. La station est emportée par les flots au cours de la journée. […] A Turckheim, le camping, la scierie Olry, l’étang de pêche et la zone artisanale sont envahis par les eaux. Les bureaux de l’établissement Staub sont recouverts par un mètre d’eau. Une quinzaine de maisons sont évacuées rue de la Filature et la route des Trois Epis est coupée. La route reliant Zimmerbach à la route départementale n°417 est emportée par les flots. A Munster, le camping et l’avenue de Lattre sont recouverts par les eaux. La zone artisanale est particulièrement touchée ; le niveau de l’eau atteint un mètre par endroit. Aucune entreprise n’a été épargnée. A Stosswihr, Metzeral et Mittlach, de nombreuses maisons situées le long de la Fecht ont été inondées. De plus, la route reliant Metzeral à Mittlach a été recouverte par les eaux à la hauteur du cimetière militaire, en raison de torrents de boue et d’eau en provenance de la montagne. A Breitenbach, la route menant au Petit Ballon s’est effondrée sur une quinzaine de mètres. Un pont enjambant la Fecht au lieu-dit Striet a été arraché, ainsi que le pont de la rue de l’Eglise à Muhlbach. A Sondernach, un mur du cimetière d’une longueur de 110 mètres a été détruit, emportant avec lui un bout de route. »
Source 17:GUERROUAH Ouarda, "Perception et gestion du risque d’inondation dans la vallée de l’Ill du XIXème siècle à nos jours", Mémoire de Master (Histoire) Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 "La crue de février 1990 a eu pour origine des précipitations très abondantes sur 2 jours consécutifs, le 13 et 14 février. En outre, cette pluviométrie abondante a été précédée par des chutes de neige notables de l'ordre de 40 à 50 cm au dessus de 1000m d'altitude. La fonte a été rapide par la brusque remontée des températures (+5°) du 13 février en fin de journée et une pluie ininterrompue. [...] ces crues ont été importantes sur le plan quantitatif notamment en débit de pointe. Le 15 février 1990 on enregistrait un débit de 285m3/s à la station d'Ensisheim. Ce débit correspond à une période de retour d'environ 50 ans (290m3/s). Le phénomène de février 1990 fut plus important sur les hauts bassins vosgiens où les débits atteignaient ceux d'une crue centennale. A masevaux, la Doller a atteint un débit de 138m3/s, la référence d'une crue centennale étant de 130m3/s."
Source 18:Presse, "L'Alsace", 17 février 1990, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Le préfet n’a pas jugé nécessaire de déclencher le plan ORSEC. Or, si ce n’est pas l’Etat, qui va payer les entreprises à pied d’œuvre qui ont travaillé pour déblayer les dégâts et venir en aide aux communes ? Sur la demande du Conseil Général du Haut-Rhin, de nombreux maires et habitants, Marcel Rudloff, président du Conseil Régional d’Alsace, a adressé un télégramme au Premier Ministre demandant que l’état de Catastrophe Naturelle soit constaté dans les deux départements du Rhin (au total, 223 communes sinistrées), en application de la loi du 13 juillet 1982. Le Conseil Général a participé financièrement à la réfection et à la reconstruction des ouvrages entrant dans le champ de ses compétences et s’est efforcé de rétablir les situations sur les routes et les réseaux départementaux. L’Alsace vit depuis 48h une catastrophe naturelle comme elle n’en a pas connu depuis 30 ans. Il fallait s’y attendre, les inondations soulèvent de nouveau la polémique sur les constructions en zone critique. Selon A. Waechter, « les inondations appartiennent au patrimoine de l’Alsace. Une partie des dégâts qu’elles commettent n’est que la sanction des erreurs humaines : zones industrielles, commerciales et résidentielles établies dans le lit majeur des rivières, passages hydrauliques sous dimensionnés pour raisons d’économie […]. La réduction des zones inondables à l’amont se traduit immanquablement par une aggravation des crues à l’aval : dans ce domaine comme dans d’autres, les égoïsmes locaux peuvent être criminels [...]. Il faut mettre un terme au laxisme de ces dernières années : les zones inondables doivent être déclarées inconstructibles dans leurs extensions centennales et respectées sans dérogations. Les projets incompatibles doivent être abandonnés ; les documents d’urbanisme sont à revoir en conséquence et les infrastructures qui font obstacle au libre écoulement des eaux sont à aménager sans délai ». Le leader des Verts énumère quelques réalisations en zone inondable : hypermarché E.Leclerc dans la zone inondable de l’Ill à Altkirch, une zone industrielle dans le lit majeur de la Fecht à Munster, un projet de lotissement dans le lit majeur de l’Ill à Brunstatt, un projet de voie rapide dans la zone inondable de la Largue et de l’Ill.
Source 19:Presse, "L'Alsace", 20 février 1990, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Inondations car pluies diluviennes et fonte des neiges due au redoux ; tout le département est en alerte, des cellules de crise s’activent un peu partout, sauf dans le secteur d’Altkirch où la pluviométrie est normale (58 mm) pour un mois de février. En 12h, le niveau des rivières a considérablement augmenté dans les autres vallées, parfois atteignant plus d’un mètre et un débit dépassant rapidement les 25m3/s.
Source 20:Presse, "L'Alsace", 8 mars 1990, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Les ingénieurs de la DDAF parlent de la « crue du siècle » pour de nombreuses rivières d’Alsace, notamment la Lauch (les records de 1947 ont été battus) et la Thur dont les fréquences de crue étaient au moins centennales. Pour la Doller, la fréquence de crue était de 40 ans et pour la Fecht de 35 ans à Walbach et de 25 ans à Ostheim, tout comme la Weiss (25 ans). Entre Mulhouse et Colmar, la pointe de crue de l’Ill était équivalente à celle d’une période de retour de 20 ans.
Source 21:Presse, "Dernières Nouvelles d'Alsace", 9 mars 1990, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 La commission interministérielle relative aux dégâts non assurables causés par les intempéries qui ont touché la France au cours de ces dernières semaines, a annoncé hier que 20 départements et 1086 communes ont fait l’objet d’un avis favorable pour la constatation de l’état de Catastrophe Naturelle. L’arrêté correspondant à ces dispositions sera publié dans les prochains jours au JO. Les sinistrés disposeront d’un délai de 10 jours, à partir de la date de publication de cet arrêté, pour déposer l’état estimatif de leurs pertes auprès de leurs sociétés d’assurance. Parmi les départements concernés figurent le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, ainsi que la ville de Colmar.
Source 22:Conseil Général du Haut-Rhin, "Rapport de la crue des 15 et 16 février 1990", non daté.
 L’Ill en amont de Mulhouse n’a pas dépassé la fréquence quinquennale, la Largue n’a pas dépassé la fréquence biennale, cela confirme la très faible part prise par le Sundgau dans la genèse de cette crue dont les débits de pointe ont été supérieurs à ceux d’avril 1983 pour un épisode de crue, en général, plus bref qu’avril 1983 pour l’ensemble des rivières alsaciennes (exceptées la Largue et l’Ill en amont de Mulhouse).
Source 23:Presse, "L'Alsace", 12 novembre 2004, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 L’ampleur des dégâts causés aux biens tant individuels que collectifs a été telle, que « l’état de Catastrophe Naturelle » a été reconnu par l’arrêté interministériel pour plus de 200 communes alsaciennes. Les dégâts dus aux inondations sont chiffrés par centaines de millions de francs, quelques jours après les évènements, le Conseil Général du Haut-Rhin débloque une première somme de 80 millions de francs. En France, les inondations ont fait 80 morts dont 6 en Alsace (mais pas dans la vallée de la Largue).
Source 24:DIREN, "Rapport de la crue des 15 et 16 février 1990", non daté, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 La crue de février 1990 en Alsace est comparable à celle d’avril 1983 puisque de même origine « vosgienne ». Tous les débits observés sur les affluents vosgiens de l’Ill ont atteint et souvent largement dépassé la valeur centennale en février 1990. La crue d’avril 1983 apparaît plus complexe dans sa phase de montée avec un temps d’environ le double de celui de février 1990. La crue d’avril 1983 a été générée par le cumul de fortes pluies en 5 jours consécutifs, alors qu’il n’en a fallu que 2 ou 3 tout au plus à celle de février 1990. Cette crue est donc exceptionnelle, c’est la plus forte observée depuis 30 ans pour bon nombre de rivières alsaciennes. Aux extrémités Nord et Sud de l’Alsace, toutes les autres rivières ont eu comparativement des pointes de crue beaucoup moins marquées, pouvant presque être qualifiées « d’habituelles » dans des secteurs comme celui de l’Ill en amont de Mulhouse ou encore celui de la Largue
Source 25:DIREN, Documents de travail (compilation de relevés de débits), non publiés, 2002, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Crue de période de retour inférieure ou égale à 2 ans avec une pointe de crue de 24,2 m3/s, à Dannemarie, le 15 février.

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