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DETAIL DE L'ARTICLE

Décembre 1919 (Suite)

Cours d'eau:Bruche, Doller, Fecht, Giessen, Ill, Ill Moder, Kinzig, Largue, Lauch, Liepvrette, Meurthe, Moder, Moselle, Murg, Non classé, Rhin, Sauer, Thalbach, Thur, Zorn
Date:Le 21 / 12 / 1919
Localités touchées:Spechbach-le-Haut, Mousson, Ars-sur-Moselle, Schwarzbach, Hersbach, Orbey, Ribeauvillé, Nancy, Wihr-au-Val, Stosswihr, Sainte-Marie-aux-Mines, Oberentzen, Sainte-Croix-en-Plaine, Horbourg-Wihr, Lauw, Sentheim, Bourbach-le-Bas, Pulversheim, Bollwiller, Turckheim, Bennwihr, Sigolsheim, Munster, Lauterbourg, Neuhaeusel, Erstein, Andolsheim, Strasbourg, Wolxheim, Illhaeusern, Kogenheim, Sélestat, Ebersmunster, Sundhouse, Heidolsheim, Müttersholz, Artolsheim, Ingersheim, Sondernach, Mittlach, Soultzbach-les-bains, Luttenbach-prés-Munster, Metzeral, Breitenbach-Haut-Rhin, Schirmeck, Urmatt, Villé, Wisches, Staffelfelden, Waltenheim-sur-Zorn, Molsheim, La Broque, Holtzheim, Gunsbach, Manom, Thionville, Cattenom, Basse-Ham, Gavisse, Rettel, Malling, Contz-les-Bains, Sierck-les-Bains, Ancy-sur-Moselle, Marly, Magny, Dieuze, Mulcey, Marsal, Moyenvic, Vic-sur-Seille, Russ, Heiligenberg, Dinsheim-sur-Bruche, Dachsein, Fouchy, Urbeis, Triembach-au-Val, Neuve-Eglise, Netzenbach, Rathsamhausen, Grandfontaine, Lalaye, Noirceaux, Sainte-Croix-aux-Mines, Rothau, Mutzig, Ergersheim, Ernolsheim-Bruche, Fegersheim, Ostwald, Osthouse, Gerstheim, Plobsheim, Jebsheim, Ingersheim, Ostheim, Scherwiller, Huningue, Mommenheim, Lièpvre, Kirchberg, Wegscheid, Metz, Roupeldange, Eblange, Freistroff, Rémelfang, Bettange, Gomelange, Sarralbe, Viberswiller, Altwiller, Schalbach, Colmar,
Causes:Fonte des neiges / redoux - Fortes précipitations -
Conséquences:Dommages environnementaux - Dommages fonctionnels - Dommages humains - Dommages matériels -
Source 1:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Télégramme, Fernverkehr der Wasserbauverwaltung, 24 décembre 1919 : « Direction générale des eaux et forêts Strasbourg. Huningue, Rhin hier 221 cm aujourd’hui 426 cm monte rapidement ».
Source 2:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Télégramme, Fernverkehr der Wasserbauverwaltung, 28 décembre 1919 : « Huningue, Rhin maximum 457 cm aujourd’hui 266 cm baisse ».
Source 3:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Lettre de l’Ingénieur des Améliorations à l’Ingénieur en Chef des Améliorations à Strasbourg, 28 décembre 1919, Colmar : « Comme suite à ma lettre du 26 crt. Concernant les grandes crues occasionnées par la fonte subite de la neige dans les Vosges, j’ai l’honneur de vous rapporter que j’ai constaté hier l’écroulement du pont sur la Thur sur la route départementale entre Pulversheim et Bollwiller ainsi que du pont sur la Doller dans le chemin rural entre Sentheim et Bourbach-le-Bas. La culée gauche d’un pont en bois sur la Doller entre Kirchberg et Wegscheid s’est écroulé également. Les grandes crues de la Lauch, Thur et Doller ont causé beaucoup de dégâts aux prés. Le lit des cours d’eau s’est déplacé à différentes places. Dans les vallées de l’Ill et de la Largue il n’y a pas à constater de dégâts importants jusqu’à présent. »
Source 4:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Tableau de relevé des hauteurs d’eau lors des inondations de mars-avril 1895, mars 1896, février 1897, janvier 1899, février 1904, janvier 1910, décembre 1919, janvier 1920, 9 février 1920 : Cf. Tableau 9 ci-dessus.
Source 5:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Rapport du Directeur de la Navigation relatif aux dégâts causés par les crues sur le domaine public fluvial, 29 décembre 1919, Strasbourg : « Les crues, actuellement en voie de décroissance, sont dûes principalement à la brusque fusion des neiges dans les Vosges et la Forêt-Noire. La crue de l’Ill a été exceptionnelle ; la crue du Rhin, moyenne en amont de Strasbourg, s’est renforcée en aval de l’apport des affluents (Kinsig, Ill, Moder, Sauer, Murg), et a atteint un niveau exceptionnel à Lauterbourg. (La cote atteinte le 26 Décembre à Lauterbourg, soit +7m,75, n’avait pas été observée depuis 1882). Dans l’ensemble, les digues ont bien tenu ; le service de la « Garde des Hautes-eaux », (Hochwasserwehr) (Cette garde est constituée par les villages riverains, dont les habitants sont groupés à l’avance en sections, sous le commandement d’un Chef de section. La garde est alertée par l’Ingénieur) a partout bien fonctionné. En un seul point, à Neuhausel, (4 km Nord de Fort-Louis, 40 km Nord de Strasbourg), la digue a commencé à s’ébouler par suite d’infiltration sous la direction du Conducteur, la Garde a maintenu la digue au moyen des approvisionnements de pierres et de fascines constitués à cet effet. Bien entendu, il va falloir reconstituer la digue, en renforçant son profil a cet endroit. (C’est un point critique, où la digue traverse un ancien bras du Rhin). D’un autre côté, près de Krafft, (17km Sud de Strasbourg), la digue du canal du Rhône-au-Rhin a été rompue par les flots de l’Ill, débordant hors du canal de décharge. Pour rétablir la navigation, il faudra simultanément rétablir la digue et draguer le canal. Il semble que le travail pourra être achevé en une semaine. Il est difficile de préciser dès maintenant le montant de ces deux réparations (digue du Rhin à Neuhausel et digue du canal de Krafft). L’ordre de grandeur sera d’environ 50.000 fcs pour l’ensemble. L’objet du présent rapport est de rendre compte de la situation. Les travaux vont être poursuivis sans désemparer. La question des crédits fera l’objet d’un examen ultérieur. »
Source 6:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Minute sur les inondations de décembre 1919 émanant de la Direction générale des Eaux et Forêts et de l’Agriculture, Service des améliorations agricoles : « La brusque fonte des neiges, survenue du 20 au 23 décembre dernier et coincidant avec une période de pluies abondantes, a provoqué dans l’Est de la France des inondations d’une exceptionnelle gravité. Pour l’Ill et pour la plupart de ses affluents venant des Vosges, le niveau atteint par les eaux a été sensiblement supérieur à tous ceux qui avaient été enregistrés, depuis l’époque où des observations précises sont effectuées. La crue de 1919 dépasse notamment en importance celle de 1910 qui dépassait elle-même celles de 1899 et de 1896. C’est ainsi que le niveau de la Bruche s’élevait, le 25 décembre dernier, à l’échelle de Wolxheim, à 3m28, au lieu de 3m seulement en 1910. Le Giessen, grossi de la Liépvrette, atteignait à la même date, au pont de Schlestadt, une cote qui n’avait pas été enregistrée depuis un siècle. Pour l’Ill, l’échelle installée à Illhäusern, immédiatement en aval du confluent de la Fecht, indiquait, le 25 décembre, 2m95, contre 2m83 seulement en 1910. A l’échelle principale de l’Ill, à Kogenheim, on constatait une hauteur de 2m 67 tandis qu’en 1910 le maximum était de 2m 63. Ces différences pourraient paraître peu importantes ; mais il importe de bien faire observer que, pour les cotes indiquées ci-dessus, les rivières ayant quitté leur lit couvrent des étendues de terrains considérables et que, par suite, à une montée de l’eau de quelques centimètres correspond une augmentation énorme du débit. En amont d’Erstein, le débit de l’Ill pouvait être évalué, dans la nuit du 25 au 26 décembre, à 550 mètres cubes à la seconde. Pour donner une idée de ce que représente cette masse d’eau il suffit de rappeler que le débit moyen du Rhin, à Strasbourg, est d’environ 1 000 mètres cubes. Aux basses eaux, le débit de ce fleuve est de 400 mètres cubes et descend même, pour de courtes durées, à 300 mètres cubes à la seconde. La région de Strasbourg a été heureusement protégée contre les crues de l’Ill grâce à la construction d’un canal de décharge dont le projt avait été dressé avant 1870 par les soins de l’administration française et qui fut exécuté seulement en 1891. Ce canal a son origine sur l’Ill, à 1 kilomètre en amont d’Erstein ; il aboutit au Rhin dans la région de Plobsheim. Lors de la dernière crue, on a pû dévier vers le Rhin par ce canal de décharge une quantité d’eau atteignant aux heures les plus critiques 520 mètres cubes à la seconde, soit environ 94%, du débit total de l’Ill à l’époque considérée. Cette quantité, légèrement supérieure à celle qui fut évacuée en 1910, correspond à la capacité maximum du canal. Pendant toute la durée de la crue, il fut possible de ne diriger vers la portion de l’Ill située en aval d’Erstein, c’est-à-dire vers Strasbourg, que 30 mètres cubes à la seconde, (80mc en 1910). En conséquence, les hautes eaux qui ont été constatées à Strasbourg à partir du 24 décembre sont presque exclusivement le fait de la Bruche, car l’Ill en aval d’Erstein ne reçoit comme affluents notables que l’Ehn et l’Andlau dont le débit est relativement très faible. On peut imaginer facilement les conséquences désastreuses qu’auraient eues les dernières inondation si aux eaux de la bruche était venus s’ajouter, comme autrefois, la presque totalité des eaux de l’Ill, au lieu d’une fraction de celle-ci inférieure à 6 % Il n’est pas douteux que le niveau constaté en 1882 aurait été considérablement dépassé ; des quartiers entiers de la ville et des localités voisines auraient été complètement submergées et les dégâts auraient représenté des sommes incomparablement supérieures aux pertes actuellement signalées. (...) ). L’Administration française se propose d’entreprendre ce travail dans le plus bref délai. Les digues et les différentes ouvrages du canal de décharge ont très bien résisté. Il y a lieu de noter d’ailleurs qu’à la suite des observations et des expériences faites lors de la crue de Janvier 1910, les digues avaient été surélevées et renforcées ; en outre, pour faciliter l’écoulement des eaux, un nouveau débouché avait été créé dans la digue principale du Rhin, près du barrage de Plobsheim. Par mesure de précaution et bien qu’une crue plus importante que celle de 1919 soit extrèmement peu probable, le canal d’Erstein sera encore prochainement amélioré par l’exhaussement et le renforcement des digues en plusieurs points. En ce qui concerne le Rhin, la crue, moyenne en amont de Strasbourg, s’est renforcées, en aval, de l’apport des affluents : Kinzig, Ill, Moder, Sauer, Murg, et a atteint un niveau exceptionnel à Lauterbourg. La cote atteinte le 26 décembre au voisinage (...) localité, soit 7m.75 ni avait pas été observée depuis 1882. Dans l’ensemble les digues ont bien tenu. Par un seul point, à Neuhausel (4km Nord de Fort-Louis, 40 km Nord de Strasbourg) la digue a commencé à s’ébouler par suite d’infiltrations ; sous la direction du Conducteur, la « Garde des Hautes-Eaux » (Hochwasserwehr) a maintenu la digue au moyen des approvisionnements en pierres et en fascines constitués à cet effet. Les travaux de réparation seront entrepris incessamment ».
Source 7:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Rapport de l’Ingénieur des Améliorations au Préfet du Haut-Rhin relatif à la réparation des dégâts causés par les grandes crues, 6 janvier 1920 (?), Colmar : « (...) ad chiffre 1° : Comme il a été constaté les bords et les digues de l’Ill sont fortement endommagés à quelques places entre Oberentzen et Horbourg de sorte que la réfection des dégâts est de première urgence. Entre autre j’ai à noter l’endommagement de la rive droite près d’Andolsheim et des deux rives entre le pont en fer près de Horbourg et l’affluent du canal de la Lauch. Ad chiffre 2° Pour l’exécution des travaux susmentionnés je pourrais employer 30 ouvrier chômeurs. Ad chiffre 3° Pour l’achat du bois de fascinage, de fil de fer galvanisé et pour le transport des matériaux un crédit de 15 000 frcs. est jugé nécessaire. Les ouvriers chômeurs peuvent être occupés en attendant 2 mois. En ce qui concerne la réparation des dégâts causés par les grandes crues de la Fecht entre Türckheim et Bennwihr un rapport détaillé va suivre. A titre d’information comme suite à mon rapport du 2 crt. N°7 A. En ce qui concerne l’endommagement de la rive droite de l’Ill près d’Andolsheim j’ai à remarquer que le projet spécial pour l’exécution de ces travaux était joint à mon rapport du 12 Septembre 1919 N° 3378 à Monsieur le Préfet du Haut-Rhin. Ce rapport avait pour objet le budget du Syndicat fluvial de l’Ill, IIIième Section, pour l’exercice 1919. Le dossier ne m’est pas encore parvenu jusqu’à présent. »
Source 8:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Rapport de l’Ingénieur des Améliorations au Préfet du Haut-Rhin relatif à la réparation des dégâts causés par les grandes crues, 6 janvier 1920 (?), Colmar : « (...) ad chiffre 1° : Comme il a été constaté les bords et les digues de l’Ill sont fortement endommagés à quelques places entre Oberentzen et Horbourg de sorte que la réfection des dégâts est de première urgence. Entre autre j’ai à noter l’endommagement de la rive droite près d’Andolsheim et des deux rives entre le pont en fer près de Horbourg et l’affluent du canal de la Lauch. (...) En ce qui concerne la réparation des dégâts causés par les grandes crues de la Fecht entre Türckheim et Bennwihr un rapport détaillé va suivre. A titre d’information comme suite à mon rapport du 2 crt. N°7 A. En ce qui concerne l’endommagement de la rive droite de l’Ill près d’Andolsheim j’ai à remarquer que le projet spécial pour l’exécution de ces travaux était joint à mon rapport du 12 Septembre 1919 N° 3378 à Monsieur le Préfet du Haut-Rhin. (...) »
Source 9:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Lettre de l’Ingénieur des Améliorations à Sarreguemines à l’Ingénieur en chef des Améliorations à Strasbourg, relative aux crues de décembre 1919, 5 janvier 1920 : « Ordre du 27 décembre 1919. Par rapport aux crues des derniers jours, j’ai l’honneur de vous communiquer que d’après les renseignements, que j’ai pu avoir, les crues ont atteint à peu près la hauteur comme en 1882. Depuis cette année l’eau n’a plus atteint cette hauteur. La crue arrêta généralement son ascension au cours du 24 décembre 1919. Dans les lieux riverains des cours d’eau de ma circonscription des maisons et des rues entières ont été inondées. Le bassin de la Sarre dont les affluents, dont les affluents sont les cours d’eau les plus importants de ma circonscription a, comme il parait, le plus souffert ? le refoulement des eaux près de l’embouchure de ces affluents dans la Sarre gonflée a été bien nuisible. Sarralbe et son annexe Salzbronn à l’embouchure de la Rose dans l’Albe et de l’Albe dans la Sarre ont été bien éprouvés. Quant à la Rose régularisée, il est à remarquer qu’en amont du passage de la partie régularisée à la partie non régularisée s’était formé un grand lac entre Wibersviller et Altviller à cause de l’étroitesse de cette dernière partie. On m’annonce la crue du ruisseau du Ellerbach, qui a causé des inondations nuisibles à Schalbach. Dans le bassin de la Seille la crue était extraordinairement forte, ce qui a été causé en partie des décombres des installations militaires, surtout (?) des ponts détruits restés dans le lit du ruisseau. Parmi les ouvrages de protection, (...) antérieurement et encore à exécuter, je cite deux (...) concernent l’annexe de Salzbronn, dont le territoire situé sur des gisements de sel, s’enfonce à cause de l’exploitation de ces gisements par les salins (...) l’achèvement de la régularisation de la Rose ent(...) Altviller et l’embouchure dans l’Albe et la régularisation de l’Ellerbach à Schalbach. La nécessité du curage de la Grande Se(...) dans le district dévasté a été démontré pendant (...) crue des eaux : momentanement je ne connais pas d’autres mesures de protection dont la nécessité (...) été demandée dernièrement. Quoique des lieux habités et des villa(...) ont été inondés par l’eau débordée, des dommages plus importants n’ont pas été annoncés. »
Source 10:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Lettre de l’Ingénieur des Améliorations au Préfet du Haut-Rhin, 9 janvier 1920, Colmar : « Comme suite à mon rapport du 6 crt.N°52 A, dernier alinéa, j’ai l’honneur de vous signaler que je pourrais aussi employer des ouvriers chômeurs sur la Fecht entre le pont d’Ingersheim et la ligne Colmar-Schlestadt pour construire un chenal d’appel dans l’atterrissement du lit du fleuve qui est complètement comblé à quelques places. De cette façon l’eau n’inonderait plus les chams avoisinants qui ont beaucoup souffert lors des grandes crues dernières. Il est à craindre qu’à la prochaine crue cet état ne reprenne. De même quelques brêches de la digue protectrice sur la rive droite de la Fecht sont à réparer. Comme j’ai rapporté ailleurs le pont en béton armé sur le chemin de la gare de Bennwihr à Sigolsheim s’est écroulé. Pour éviter des dégâts plus considérables il faut absolument enlever les débris du fleuve. (...) ».
Source 11:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Lettre de l’Ingénieur en chef du Génie rural au Directeur du Consortium des Canaux d’Alsace et Lorraine à Paris, 29 septembre 1922 : « Renseignements concernant les crues de l’Ill. La comparaison des crues de l’Ill et de ses affluents d’Illfurth à Strasbourg survenues depuis l’achèvement du canal de décharge d’Erstein en 1891 a fait ressortir que lors des crues du mois de décembre 1919 les hauteurs d’eau observées jusqu’à présent aux échelles sises en aval de Colmar ont été dépassées, tandis qu’en amont les niveaux des crues de 1910 n’ont pas été atteints. S’ils avaient été, la situation en aval d’Illhäusern aurait sans doute été plus critique encore. En ce cas, une partie assez considérable, environ 100 m.cb., des eaux de crue arrivant près d’Erstein aurait dû être dirigée vers la partie inférieure de l’Ill, c’est-à-dire vers Strasbourg ; le canal de décharge ayant atteint le 26 décembre en aval de Krafft la limite de sa capacité. Le canal évacuait ce jour 530 à 550 m.cb/s. Les eaux fournies à l’Ill près du « Steinaudich » comportaient environ 35 m.cb/s, le total des eaux de crue de l’Ill au-dessus d’Erstein était de 570 à 580 m.cb/s. A cette occasion, on a constaté l’effet avantageux des travaux d’améliorations exécutés à la suite des constatations faites lors des crues en 1910. Notamment le déversoir au barrage de Plobsheim a, le 26 décembre, évacué environ 130 m.cb./s. de ce fait, un abaissement notable du niveau d’eau dans le bassin d’inondation en amont du dit barrage a été atteinte et a été perceptible jusqu’à Krafft. La crue des 13 et 14 janvier 1920 a atteint en aval de Colmar presque les mêmes niveaux qu’en 1910, tandis que l’afflux en amont d’Illhäusern a été moindre et correspondait à peu près à celui du mois de décembre dernier. En ce qui concerne la Bruche, la hauteur d’eau 3,28 m constatée le 24 décembre 1919 à l’échelle principale à Wolxheim n’avait pas encore été atteinte. Le débit correspondant y compris l’appoint de l’Ehn et de l’Andlau peut être évalué à 210 mètres cubes par seconde. La quantité des eaux qui a traversé Strasbourg le 24 et 25 décembre 1919 peut être estimée à 250 m.cb/s dont 40 mc provenait de l’Ill et du Rhin tortu. Avant la construction du canal de décharge de l’Ill, on pouvait diriger par la Krafft vers le Rhin 90 m.cb./s du total des eaux de crue de l’Ill arrivant près d’Erstein, tandis que le reste s’écoulait dans le bassin de l’Ill vers Strasbourg. En ce cas, les eaux de crue de l’Ill et de la Bruche en décembre dernier auraient comporté au total à Strasbourg 250 + (540-90) = 700 m.cb. par seconde »
Source 12:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 529 D 16.
 Rapport de l’Ingénieur des Améliorations à l’Ingénieur en chef des Améliorations à Strasbourg, relatif aux crues de décembre 1919 et de janvier 1920, 28 janvier 1920, Strasbourg : « J’ai l’honneur de transmettre le rapport ci-dessous, relatif aux crues du 23, 25 et 26 décembre dernier ainsi que du 13 et 14 janvier 1920. Une comparaison des plus grandes crues de l’Ill et de ses affluents à partir d’Illfurth jusqu’à Strasbourg depuis l’achèvement du canal de décharge d’Erstein en 1891 – voir annexe 1 – a permis de constater que lors des crues du mois de décembre dernier les hauteurs d’eau observées jusqu’à présent aux stations d’échelles en aval de Colmar ont été dépassées, tandis qu’au Haut-Rhin les hauteurs d’échelles des crues de 1910 n’ont pas été atteintes. Si elles l’eussent été, la situation en aval d’Illhäusern eut sans doute été plus critique encore. En ce cas une part assez considérable, environ 100 m.cb., des eaux de crue arrivant près d’Erstein aurait du être dirigée vers la partie inférieure de l’Ill, c’est-à-dire vers Strasbourg, le canal de décharge ayant le 26 en aval de Krafft la limite de sa capacité. D’après les annexes 2, 3, 3a et 4 le canal évacuait ce jour 530 à 550 m.cb/s. Les eaux fournies à l’Ill près du « Steinaudlich » ayant comporté environ 35 m.cb/s. le total des eaux de crue de l’Ill au-dessus d’Erstein se calcule pour la date désignée ci-dessus de 570 à 580 m.cb. par seconde. A cette occasion s’est montré l’effet avantageux des travaux d’améliorations exécutés en raison des constatations et expériences recueillies lors des crues en 1910. Est à mentionner particulièrement le déversoir au barrage de Plobsheim qui, le 26 décembre, a évacué environ 130 m.cb./s (voir annexe 4) par suite de quoi une baisse considérable du niveau d’eau dans le bassin d’inondation en amont du dit barrage a été atteinte et à été perceptible jusqu’à Krafft. (voir annexe 5). La crue du 14 et 15 janvier a atteint en aval de Colmar presque les mêmes niveaux qu’en 1910, tandis que l’afflux du territoire en amont d’Illhausern a été moindre et correspondait à peu près à celui du mois de décembre dernier. En ce qui concerne la Bruche, la hauteur d’eau de 3,28 m marquée le 24 décembre 1919 à l’échelle principale à Wolxheim n’avait pas été atteinte les dernières dizaines d’années. Il est regrettable de ce qu’il existe point d’indications sur le débit de la Bruche conformes à ce niveau. Selon la brochure « Der Strassburger Ill – Hochwasserkanal » par H. Fecht, la crue de la Bruche, y compris l’afflux de l’Andlau et de l’Ehn peut à Strasbourg s’accentuer jusqu’au-delà de 160 m.cb./s. La hauteur de 3,28 m mentionnée ci-dessus ayant été de nature extraordinaire, la quantité des eaux dirigée par Strasbourg le 24 et 25 décembre 1919 peut être admise à 250 m.cb./s. en considérant un afflux de l’Ill et du Rhin tortu d’environ 40 m.cb./s. D’après la brochure précitée on pouvait, avant la construction du canal de décharge de l’Ill diriger par la Krafft vers le Rhin 90 m.cb./s. du total des eaux de crue de l’Ill arrivant près d’Erstein, tandis que le reste s’écoulait dans le bassin de l’Ill vers Strasbourg. En ce cas les eaux de crue de l’Ill et de la Bruche en décembre dernier auraient comporté en total à Strasbourg 250 + (540-90) = 700 m.cb. par seconde. En ce qui concerne les dommages causés par les crues et les travaux d’améliorations à exécuter au canal de décharge de l’Ill, je vous ferai parvenir un rapport spécial. »
Source 13:Presse, "L'Express de Mulhouse", 27 décembre 1919.
 La crue de l’Ill submergeant le soir de Noël les prés et les forêts situés à l’Est de Colmar a un certain temps menacé notre petit bourg : au lieu de fêter la veillée de Noël dans l’intimité de la famille, la population alarmée a dû travailler toute la nuit aux fins d’ériger une digue contre les flots.
Source 14:Presse, "L'Express de Mulhouse", 27 décembre 1919.
 En amont de Strasbourg, l’Ill déborde, submergeant les vallées des Vosges, notamment dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, la circulation est interrompue
Source 15:Presse, "L'Express de Mulhouse", 27 décembre 1919.
 Jamais, depuis les inondations causées par la Fecht en 1878, la vallée de Munster n’a été le théâtre d’une désolation semblable. Nous commencions à peine à réparer les dommages effrayants de la guerre, quand un nouveau fléau est venu frapper notre vallée. La Fecht grossie des eaux tumultueuses de ses affluents est à l’heure actuelle un torrent, magnifique certes, mais terrible, dont les ondes bondissantes dévalent en vagues boueuses atteignant un mètre de hauteur, à travers la vallée que l’inondation a transformée en un vaste lac. Au-dessus de Munster, le Gross-Talbach ravage la contrée de Metzeral : les passerelles ont été emportées par le flot, les baraques habitées par les familles des réfugiés ont été envahies, disloquées et entrainées, et il a fallu procéder au sauvetage des habitants que ce nouveau fléau frappe aussi impitoyablement que celui de la guerre. À Stosswihr, le second bras principal de la Fecht, le Klein-Tal-Bach, a sévi avec une violence encore plus grande. Tous les matériaux accumulés à Stosswihr pour la construction de nouvelles baraques ont été emportés par la rivière et disséminés à travers les prairies inondées. Les habitants durent se réfugier sur les hauteurs et les équipes d’ouvriers destinés à travailler à la reconstruction se voient obligés d’organiser le sauvetage de ces nouveaux rescapés. Voilà des populations qui sont bien à plaindre vraiment : ayant souvent échappé miraculeusement aux dangers de la guerre, après avoir été pauvrement logées dans des habitations de fortune obligées de ne compter (par ces temps de disette en matière de combustible) que sur un chauffage précaire au moyen des restes de bois recueillis à travers les ruines de la guerre, ces populations se trouvent de nouveau dans le dénuement le plus complet.
Source 16:Presse, "L'Express de Mulhouse", 27 décembre 1919.
 Le 23 décembre, à 11 heures du soir, l’inondation avait atteint son maximum d’étendue ; le lit de la Fecht, torrent effrayant et tumultueux menaçait sérieusement d’emporter le pont de pierre qui relie Wihr-au-Val à sa gare ; les prés sont dévastés et toute la bonne terre a été entrainée, laissant la contrée sillonnée d’un nouveau genre de tranchées dont la vue désole le spectateur.
Source 17:Presse, "L'Express de Mulhouse", 30 décembre 1919.
 Nancy, 27 décembre. La crue de la Meurthe continue. Le niveau de la rivière dépasse la hauteur atteinte en novembre 1910. Les pompiers et les soldats sont restés toute la nuit sur les lieux menacés pour assurer le sauvetage. De nombreuses familles sont sans abri. On signale quelques accidents. Un cavalier notamment a été emporté par le courant et une femme qui refusait de quitter sa maison s’est noyée. Dans les rues voisines de la Meurthe, des barques assurent la circulation et le transbordement des voyageurs des tramways dont les lignes sont occupées par les eaux. Des usines importantes et les abattoirs sont envahis par la crue. Nancy, 27 décembre. Deux victimes de l’inondation. Voici les noms des deux victimes des inondations : Le soldat George Savignard, noyé en procédant au sauvetage de Mme Catherine Keppel qui avait refusé de quitter son domicile envahi par les eaux. En outre, on signale parmi les blessés M. Léon Hilmer, dont l’état est très grave. La crue reste stationnaire. Les trains pour l’Alsace sont arrêtés aux environs de Lunéville. Nancy, 27 décembre. Les journaux cesseront de paraître à Nancy. En raison des inondations qui prennent des proportions inquiétantes, il est vraisemblable que les journaux ne pourront plus paraître, la ville manquant de lumière et de force motrice.
Source 18:Presse, "L'Express de Mulhouse", 30 décembre 1919.
 La Thur et la Lauch ont tellement augmenté que leurs eaux jaunâtres ont inondé toutes les voies de communication et pénétré dans le rez-de-chaussée de quelques maisons. Il fallait sauver le bétail encore dans la nuit de jeudi à vendredi. Les rivières charrient des troncs d’arbres, des fagots, des caisses et toutes sortes d’objets. Quelques ponts de chemin de fer ont cédé à la violence des eaux. Les inondations ont fait quelques victimes à Orbey et à Ribeauvillé.
Source 19:Presse, "L'Express de Mulhouse", 30 décembre 1919.
 À Schirmeck et à Wisches les eaux pénétraient dans les caves, dans les magasins en y causant de grands dommages. Le lit de la Bruche ne suffisant plus à contenir les masses d’eaux, celles-ci se frayaient le chemin dans les rues de Schirmeck et de Wisches. Entre Hersbach et Russ, le pont reliant ces deux villages était ébranlé. Mercredi, le 24 décembre une femme de Schwarzbach voulant traverser le pont, sentait subitement céder la terre sous ses pieds, enfonçait et disparu.
Source 20:Presse, "L'Express de Mulhouse", 30 décembre 1919.
 Il en est de même des eaux de la Zorn et du Giessen. La circulation sur la grande ligne Strasbourg-Paris a été interrompue pendant quelques heures. À Molsheim, aucune voiture, ni véhicule, ne pouvait aller dans la direction de Strasbourg et de Schlestadt.
Source 21:Presse, "L'Express de Mulhouse", 30 décembre 1919.
 À Metz, la Moselle est sortie de son lit. Plusieurs quartiers, notamment celui de l’Arsenal sont inondés. La voie ferrée est envahie par l’eau depuis son lit à Mousson jusqu’à Ars-sur-Moselle. La circulation des trains entre Nancy et Metz a cessé jeudi à 16 heures. Les mêmes nouvelles nous parviennent des départements avoisinants, de la Suisse et de l’Allemagne du Sud.
Source 22:Presse, "L'Express de Mulhouse", 3 janvier 1920.
 Pour l’Ill et pour la plupart de ses affluents venant des Vosges, le niveau atteint par les eaux a été sensiblement supérieur à tous ceux qui avaient été enregistrés depuis l’époque ou des observations précises sont effectuées. La crise de 1919 dépasse notamment en importance celle de 1910 qui dépassait celles de 1899 et de 1896. C’est ainsi que le niveau de la Bruche s’élevait le 25 décembre dernier à l’échelle de Welxheim à 3,28 mètres au lieu de 3 mètres seulement en 1910. Le Giessen grossi de la Liépvrette atteignait à la même date au pont de Schlestadt une cote qui n’avait pas été enregistrée depuis un siècle. Pour l’Ill, l’échelle installée à Illhäussern, immédiatement en aval du confluent de la Fecht indiquait le 25 décembre 2,95 mètres contre 2,83 seulement en 1910. À l’échelle principale de l’Ill à Kogenheim on constatait une hauteur 2,67 mètres tandis qu’en 1910 le maximum était de 2,63 mètres. [...] En amont d’Erstein, le débit de l’Ill pouvait être évalué dans la nuit du 25 au 26 décembre à 550 mètres cubes à la seconde. [...] La région de Strasbourg a été heureusement protégée contre les crues de l’Ill grâce à la construction d’un canal de décharge dont le projet avait été dressé avant 1870 par les soins de l’administration française et qui fut exécuté seulement en 1891. Ce canal a son origine sur l’Ill à 1 kilomètre en amont d’Erstein ; il aboutit au Rhin dans la région de Plobsheim. [...] En ce qui concerne le Rhin, la crue moyenne en amont de Strasbourg, s’est renforcée, en aval de l’apport des affluents : Kinzig, Ill Moder, Sauer, Murg, et a atteint un niveau exceptionnel à Lauterbourg. La cote atteinte le 26 décembre au voisinage de cette localité soit 7,75 mètres n’avait pas été observée depuis 1882.
Source 23:Presse, "L'Express de Mulhouse", 3 janvier 1920.
 Les inondations ont causé dans notre région des dégâts considérables. Beaucoup de baraquement qui avaient été élevés à la place des anciennes habitations ont été emportés par les eaux boueuses de la Largue. C’est ainsi que la grange de M. Th. Meyer, bâtiment solide et construit en pierres, qui avait beaucoup souffert de la guerre mais qui était encore réparable, s’est complètement effondrée sous les rafales de la tempête.
Source 24:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 25 décembre 1919, « Les miettes de l’histoire »
 Les miettes de l’histoire Le temps à Noël, il y a 100 ans « Depuis quelques jours, écrit le « Courrier du département du Département du Bas-Rhin », le 25 décembre 1819, notre ville a pris l’aspect d’une île; à quelques centaines de pas hors des portes qui communiquent aux parties basses de notre entours, nous sommes arrêtés par les eaux débordées de l’Ill et de la Bruche réunies, auxquelles est venu se joindre un bras du Rhin, après s’être fait passage par dessus une digue destinée à en maîtriser le cours. Une partie des glacis sont submergés et par les pluies continuelles qui mettent en défaut nos baromètres, il n’y a guère d’espoir de voir baisser les eaux. L’alarme est grande dans nos campagnes et les dégâts de l’inondation sont d’autant plus à craindre que l’impétuosité du vent augmente la pression et le mouvement dans les flots qui couvrent nos champs et routes. L’interruption des communications entre la ville et la campagne a été sensible à notre commerce et particulièrement à cette classe de nos habitants, accoutumée depuis un temps immémorial, à recueillir le fruit de son industrie dans cette partie de la foire de Noël que nous appellerons par préférence la foire des étrennes. Grâces aux utiles travaux que notre administration municipale a fait achever cette année, par le rehaussement du pavé de plusieurs rues approchant le bassin de la rivière, les quartiers de la ville, autrefois les plus exposés aux inondations, n’ont pas souffert la moindre atteinte. »
Source 25:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 28 décembre 1919, « Les inondations »
 Les inondations En Alsace comme dans d’autres régions de l’est de la France, les inondations ont également fait de grands ravages. À Strasbourg seul, on évalue les dégâts à plusieurs millions. C’est particulièrement la Bruche, petit affluent de l’Ill qui a causé la crue subite des eaux, qui inondaient presque toutes les caves, en détériorant les stocks de vin et de marchandises qui s’y trouvaient. La circulation des trains dans presque toutes les vallées des Vosges est interrompue. La plaine d’Alsace entre Strasbourg et Colmar, n’est plus qu’un grand lac dont les eaux se confondent à l’Est avec celle du Rhin.
Source 26:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 28 décembre 1919, « HORBOURG - inondations »
 HORBOURG - Inondations - On nous écrit: Hier soir, tandis que la population s’apprêtait à se rendre à la messe de minuit, des appels d’alarme se firent entendre. À la suite des pluies persistantes de ces derniers jours, l’Ill avait débordé et le flot déferlait sur la campagne et menaçait les habitations. La population se mit hardiment à la tâche pour parer au danger; pendant plusieurs heures il fallut se livrer à un travail acharné pour éviter une catastrophe en assurant l’écoulement rapide des eaux. Tout comme l’Ill ses tributaires charient [sic] de grandes masses liquides. Le pont de la Thur a été emporté et la canal du Rhône au Rhin a, lui-même, débordé. Du côté de Munster on signale aussi de grands dégâts et il y aurait même eu mort d’homme.
Source 27:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 28 décembre 1919, « ISSENHEIM - inondations »
 ISSENHEIM - Inondations - La nuit passée, la Lauch a tellement augmenté que ses eaux jaunâtres ont inondé plusieurs chemins et pénétré dans le rez-de-chaussée de quelques maisons. Il fallait sauver le bétail encore dans la nuit. La rivière charrie des troncs d’arbre, des fagots, des caisses et toutes sortes d’objets, ce qui amuse bien la jeunesse et les badauds accourus en grand nombre.
Source 28:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 28 décembre 1919, « MUNSTER - inondations »
 MUNSTER - Inondations - Un nouveau malheur vient frapper les habitants de notre vallée de Munster déjà si éprouvée. La neige abondamment tombée ces derniers temps a, par un brusque changement de température fondu ces nuits, les eaux des hauteurs et la Fecht ont monté rapidement et se jettent en torrent furieux dans la vallée. Les habitants de Soulzern surpris dans la nuit, étaient les premiers éprouvés. Ceux qui, pour revenir sur le sol natal, logent tant bien que mal dans les caves, des baraques, des maisons, encore moitié en ruine, ont dû fuir au milieu de la nuit avec leur lit pour chercher un abri, un refuge contre l’intempérie. La pluie tombait en torrents et l’eau se précipitait dans les rues, les caves, partout où elle pouvait pénétrer, déracinant les arbres sur son passage, semant ainsi un désastre et une vraie panique parmi les habitants. Stoswihr et Munster ne restèrent pas épargnés. La rivière débordait, emportant tous les ponts encore plus ou moins primitifs. Près de l’hôpital de Munster l’eau entraîna dans son cours toute la scierie de M. Gauser et occasionna ainsi une perte d’au moins 50.000 fr. La Fecht aussi sortit de son lit, emportant le pont au Leymel, celui du Fesseneck, tout enfin ce qui se trouve sur son passage, le canal déborda de même inondant la route de Munster à Colmar depuis la propriété de Mme Aimée Hartmann jusque vers la filature. Les habitants des baraques sont vraiment à plaindre; l’eau pénètre par toutes les fentes de leur fragiles demeures et la pluie et le vent continuent leur œuvre désastreuse, la situation de ces pauvres fugitifs d’hier n’est pas vraiment enviable et malheureusement il y a peu de moyens à y remédier, car ceux qui jusqu’à présent habitaient les ruines, ont dû déménager pour loger dans des baraques, jusqu’à la restauration de leurs demeures.
Source 29:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 28 décembre 1919, « La crue de l’Ill »
 La crue de l’Ill - Depuis plusieurs jours, l’Ill et ses affluents débordent par suite des pluies abondantes. De tous côtés on nous signale des inondations. Une grande partie de la contrée, couverte d’une large nappe d’eau, ne forme plus qu’un grand lac. En ville, l’Ill a monté dans deux jours de 1 m 60. Les chemins de halage le long de la rivière et des canaux, sont sous l’eau. Sur les ponts les passants s’alertent pour regarder les flots jaunâtres. Les lavoirs, le long des quais, sont à niveau des rues. Plusieurs caves sont inondées, surtout celles des maisons à proximité de l’Ill. Depuis hier la crue a diminué d’au moins 80 cm.
Source 30:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 29 décembre 1919, « Inondations »
 WALK - Les inondations. - Par suite de fortes pluies, la Moder a débordé, inondant toute la vallée. Notre commune est presque complément sous l’eau. Notre commune est presque complètement sous l’eau. De mémoire d’homme on ne se souvient pas d’avoir vu pareille chose. La contrée traversée par la Moder ressemble à la un grand torrent avec ses rapides. Les riverains ont toutes les peines à se garantir contre l’envahissement de leurs demeures par le fléau. Les dégâts sont énormes. WISCHES-HERSBACH - Inondation. - Les plus vieilles gens ne peuvent sure rappeler une catastrophe plus grande que celle-ci qui s’est déroulée les derniers jours dans notre vallée. Le changement subit de la température faisait fondre les grandes masses de neige sur les montagnes. Les masses de pluie s’entremêlaient aux masses de neige fondantes. De tous les côtés des Vosges les eaux se précipitaient vers la Bruche. En peu de temps la Bruche avait dépassé les bords et la vallée ressemblait à un lac. La force de l’élément furieux n’avait pas de limites. Les vagues emportaient des tonneaux, des voitures même, des bois de tout ghenre, des pommes de terre, des cadavres. À Schirmerck et à Wisches les eaux pénétraient dans les caves, dans les magasins en y causant de grands dommages. Le lit de la Bruche ne suffisant plus à contenir les masses d’eaux, celles-ci se frayaient le chemin dans les rues de Schirmerck et de Wisches. Entre Herbach et Russ, le pont reliant ces deux villages était ébranlé. Mercredi, le 24 décembre, une femme de Schwarzbach voulant traverser le pont, sentait subitement céder la terre sous ses pieds, enfonçait et disparut. Le commerce sur la ligne Saales-Molsheim devait être interrompu à cause des ponts minés. Le 25 décembre vers 7 heures du soir les eaux commencent à se retirer. Partout on voit des traces de l’inondation. des champs fouillés, des prés couverts de terre et de pierres.
Source 31:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 29 décembre 1919, « Chronique locale »
 Chronique locale. Les méfaits de la crue. - La crue de l’Ill avait presque atteint le niveau d’eau de l’année 1882. Jeudi soit elle était à 55 centimètres de la raie marquée en cette année et à 80 centimètres de celle de l’année 1878. À une heure du matin, l’eau entrait par les lucarnes dans les cannes des habitants aux endurons de la place du Corbeau. À Neudorf l’eau atteignait 35 centimètres dans les rues. De nombreux commerçants ont subi de grands dégâts, par la suite de l’inondation des caves et des remises, contenant des réserves de marchandises. L’hôpital dut alarmer les pompiers à 1 heure du matin. L’esplanade ne formait plus qu’un lac. L’eau s’écoulait par dessus les Ponts-Couverts. Un cheval tomba dans une excavation près de la fabrique de Job, et ne fut sauvé qu’après bien des peines. Sur la route de Colmar, un remous creusa un trou profond. Le Rhin se mit également de la partie. Du côté badois, une vaste contrée est sous l’eau. Le tramway de Kork a dû interrompre sa circulation. De nombreux villages sont envahis par l’eau.
Source 32:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 29 décembre 1919, « Les pompiers alarmés »
 Les pompiers alarmés. - À la suite de la forte crue, une inondation s’était produite 8, rue Paul Javet. Jeudi dernier, vers 11 h 30, les pompiers ont dû être alarmés par les propriétaires de la boulangerie Junde Herr, dont le rez-de-chaussée avait été envahi par les eaux.
Source 33:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 30 décembre 1919, « Les Inondations en Allemagne »
 Les Inondations en Allemagne. Berlin - La « Gazette de Francfort » annonce que de tous les points de l’Empire on signale des crues et des menaces d’inondations. Dans l’Allemagne du Sud le Rhin a débordé sur plusieurs points. Près d’Offenbourg le pont de la Kinzig recouvert d’eau est inutilisable. Sur le Neckar, un pont de bateau est rompu près de Cannstadt. Edelberg [Heiderlberg] est très éprouvé par la crue de l’Eizens qui a causé de grands ravages. En aval de Worms les rives basses du Rhin sont sous l’eau et la voie ferrée Worms-Mayence est menacée. Le pont de Mayence est entièrement inondé et la navigation a dû être suspendue. La situation cause la plus vive inquiétude, car on signale une nouvelle crue de tous les affluents du Rhin.
Source 34:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 30 décembre 1919, « BOURG-BRUCHE »
 BOURG-BRUCHE. - Inondation. - Une pluie torrentielle ayant causé la fonte subite des neiges, la rivière a atteint une hauteur telle qu’on ne l’avait plus remarquée depuis 1889. Toute la vallée de la Bruche est couverte d’une eau profonde et ressemble à un fleuve menaçant. La voie du chemin de fer et la route de Saales sont inondées près de la gare de Bruche, où la profondeur d’eau atteignant le 23 cf. vers la nuit environ 80 cm. La circulation des trains est interrompue depuis, par la suite du danger existant sur la voie minée par les flots. Comme la pluie persiste à tomber, la crue des eaux s’accentue encore et cause des éboulements de collines.
Source 35:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 31 décembre 1919, « Nouvelles régionales »
 Nouvelles régionales RUSS (près Schirmeck) - Les méfaits de la crue - Une dame de notre endroit voulu traverser le pont de la Bruche, dont une partie avait été fortement endommagée par la crue. Quoique plusieurs habitants cherchassent à l’en empêcher, elle s’entêta. À peine eut-elle fait quelques pas, que le pont s’écroula, entraînant la malheureuse qui disparu dans les flots. URMATT - Les inondations. - La Bruche débordée a inondé toute la contrée qui ne dorme plus qu’un grand lac. La voie de chemin de fer est impraticable, de sorte que les communications sur la ligne de Molsheim-Schimerk sont interrompues. La propriété de M. Muller-Couleaux est entourée d’eau. Avec peine, quelques courageux habitants d’Urmatt purent sauver le bétail, qui risquait d’être entraîné par les flots. Les dégâts sont considérables.
Source 36:Presse, "Le journal de Mulhouse", 27 décembre 1919
 Les Inondations en Alsace. Strasbourg. - On annonce dans toute l’Alsace de grandes inondations. En amont de Strasbourg, l’Ill déborde, submergeant les champs et les prés; dans les vallées des Vosges, notamment dans la vallée de Sainte Marie-aux-Mines, la circulation est interrompue.
Source 37:Presse, "Le journal de Mulhouse", 27 décembre 1919
 La Meurthe déborde. Nancy. - La crue de la Meurthe continue. Le niveau de la rivière dépasse la hauteur atteinte en Novembre 1910. Les pompiers et les soldats sont restés toute la nuit sur les lieux menacés pour assurer le sauvetage. De nombreuses familles sont sans abri. On signale quelques accidents. Un cavalier notamment a été emporté par le courant et une femme qui refusait de quitter sa maison s’est noyée. Dans les rues voisines de la Meurthe, des barques assurent la circulation et le transbordement des voyageurs des tramways dont les lignes sont occupées par les eaux. Des usines importantes et les abattoirs sont envahis par la crue. Nancy, 27 décembre. Deux victimes de l’inondation. Voici les noms des deux victimes des inondations : le soldat George Savignard, noyé en procédant au sauvetage de Mme Catherine Keppel qui avait refusé de quitter son domicile envahi par les eaux. En outre, on signale parmi les blessés M. Léon Hilmer, dont l’état est très grave. La crue reste stationnaire. Les trains pour l’Alsace sont arrêtés aux environs de Lunéville. En raison des inondations qui prennent des proportions inquiétantes, il est vraisemblable que les journaux ne pourront plus paraître, la ville manquant de lumière et de force motrice.
Source 38:Presse, "Le journal de Mulhouse", 29 décembre 1919
 La crue du Rhin. En Allemagne la situation n’est pas meilleure. De tous les points de l’Empire on signale des crues et des inondations. Dans l’Allemagne du Sud le Rhin a débordé sur plusieurs points. Près d’Offenbourg, le pont de Kintzig est recouvert d’eau et est inutilisable. Heidelberg est très éprouvé. La voie ferrée Worms-Mayence est menacée. Le pont de Mayence est entièrement inondé et la navigation a du être suspendue. […] La situation cause la plus vive inquiétude. On signale une nouvelle crue de tous les affluents du Rhin.
Source 39:Presse, "Le journal de Mulhouse", 29 décembre 1919
 Belfort. - La tempête. - Depuis trois jours la pluie et le vent font rage. Le niveau de l’eau monte à une hauteur que nous n’avons plus constatée depuis 50 ans. L’eau passe par-dessus les ponts. Metz. - Les inondations. - La Moselle est sortie de son lit. Plusieurs quartiers, notamment celui de l’Arsenal, sont inondés. La voie ferrée est envahie par l’eau depuis Pont-à-Mousson jusqu’à Ars-sur-Moselle. La circulation des trains entre Nancy et Metz a cessé jeudi, à 16 heures.
Source 40:Presse, "Le journal de Mulhouse", 30 décembre 1919
 Masevaux. - La crue de la Doller. - La Doller furieuse sort de son lit et est à chaque instant plus menaçante. Elle a attaqué fortement le talus et la voie du chemin de fer, et des affaissements de terrain étant à craindre, la circulation a du être interrompue. On procède par transbordement. Les travaux doivent être entrepris d’urgence, et il sera prudent de faire un travail résistant et plus soigné. Horbourg. - Les méfaits de l’Ill. - L’Ill passant subitement par dessus bords la nuit de Noël en envahi en quelques heures toute la vallée, inondant les prés, les champs et les caves des habitations. Les dégâts sont très graves, et bien que la crue soit en décroissance, la situation reste grave. Schlestadt. - Les inondations. - Le « Giessen » a atteint dimanche au pont Nord la hauteur de 4 m. 89, ce qui ne s’était pas vu depuis le 23 décembre 1819, c. à. d. depuis 100 ans ! - L’inondation va toujours en s’amplifiant, et les eaux occupent les caves de nombreuses maisons riveraines, et de la filature. Sapeurs-pompiers et militaires rivalisent d’efforts pour venir en aide aux sinistrés. Les dégâts : vin, pommes de terre, légumes, animaux de basse-cour, sont considérables. L’Ill monte aussi, mais moins rapidement. Les communications par voie ferrée entre Ste. Marie-aux-Mines et Weiler sont interrompues, plusieurs ponts étant menacés, et la voie recouverte par les eaux en maints endroits. Dans la Vallée de St. Amarin, la Thur a également fait des siennes. Démesurément grossie, elle s’étale en plus d’un endroit, coupant les communications qui depuis mercredi sont ou suspendues ou très irrégulières. 
Bollwiller. - Les inondations. - Par suite de la crue subite, l’eau a envahi quelques rues du village, coupant les communications et inondant les caves. 
Ste. Marie-aux-Mines. - Les inondations ont causé dans notre vallée une véritable catastrophe. Jamais de mémoire d’homme on ne vit les eau monter aussi vite et aussi haut ! Les routes sont couvertes par l’eau et la ligne de chemin de fer a également beaucoup souffert. Sur une distance de plus de 200 mètres la voie fut complètement détruite. 
Ste Croix-aux-Mines a également eu beaucoup à souffrir de l’inondation. Une maison a été jeté bas par le fléau. Plusieurs autres sont gravement menacées et ont dû être évacuées. Un jeune homme de 17 ans a été entraîné par les eaux. Son cadavre n’a pu jusqu’à présent être retrouvé. Les dégâts se montent à plus d’un million. Markolsheim. - Que d’eau… Que d’eau ! - Toute la plaine environnante est sous l’eau et on croirait être au milieu d’un lac, d’une petit mer ! Depuis 2880 [1880 ?], on n’avait plus vu chose pareille. Les dégâts sont importants. 
Duppigheim. - L’eau a envahi de nombreuses caves, causant partout des dégâts et des pertes considérables. La désolation règne dans la contrée. 
Strasbourg. - Importants dégâts - Les flots boueux de l’Ill ont envahi les quais et les caves de maisons riveraines. Les dégâts sont énormes, de grandes quantités de marchandises sont détériorées et les pertes évaluées à plusieurs millions. 
Le Ried, par suite des inondations est transformé en un vaste étang ! Les cantons de Schlettstadt, Sundhausen, Heidolsheim, Mutterholz, Artolsheim et Ebersmunster sont en majeure partie sous l’eau. Les dégâts sont très importants. Sarreguemines. - Les inondations - À la suite des très fortes pluies de ces derniers temps, la Sarre est gonflée et l’eau a pénétré dans quelques maisons situées à proximité. Les eaux de la Sarre et de la Blies sont sorties de leur lit. 
Remiremont. - La crue de la Moselle. - La Moselle est heureusement en baisse, et on considère tout danger comme conjuré. Les dégâts furent considérables. De nombreuses usines furent complètement inondées et le chiffre des pertes se monte à plusieurs millions. 
Epinal. - La Moselle déborde. - Les pluies incessantes et la rapide fonte des neiges ont provoqué des inondations comme on n’en avait pas vues depuis longtemps. La Moselle a monté de près de 5 mètres. L’eau passe par dessus les ponts et les quais sur le petit bras, tandis que sur le grand bras les ponts arrivent à peine à suffire à l’écoulement des eaux qui, refluant ça et là sur les quais, inondent de nombreuses caves et de rez-de-chaussées dans plusieurs rues. Des voitures ayant de l’eau jusqu’aux essieux font le transbordement des passants entre les 2 bras de la rivière. Les journaux sont arrêtés pour plusieurs jours. La ville est privée d’électricité et la plupart des usines ne fonctionnent pas. un jeune homme s’est noyé en voulant attraper une bûche flottante.
Source 41:Presse, "Le journal de Mulhouse", 2 janvier 1920
 EN ALSACE ET EN LORRAINE. LA LIGNE MULHOUSE-WESSERLING-KRUTH avait été interrompue par les inondations entre WIller et Moosch et l’on craignait l’effondrement d’un pont. Ceci a pu être évité et la ligne a repris son trafic normal à la grande satisfaction des voyageurs, des commerçants et des industriels. Un bon point, cette fois, à la compagnie, qui a fait diligence.
Source 42:Presse, "Le journal de Mulhouse", 2 janvier 1920
 Les inondations de décembre 1919. La brusque fonte des neiges, survenue du 20 au 21 décembre dernier et coïncidant avec une période de pluies abondantes, a provoqué dans l’Est de la France des inondations d’une exceptionnelle gravité. Pour l’Ill et pour la plupart de ses affluents venant des Vosges, le niveau atteint par les eaux a été sensiblement supérieur à tous ceux qui avaient été enregistrés, depuis l’époque où les observations précises sont effectuées. La crue de 1919 dépasse notamment en importance celle de 1910, qui dépassait elle-même celles de 1899 et de 1896. C’est ainsi que le niveau de la Bruche s’élevait le 25 décembre dernier, à l’échelle de Wolxheim, à 3,28 mètres, au lieu de 3 mètres seulement en 1910. La Giessen, grossie de la Liépvrette, atteignant à la même date, au pont de Schlestadt, une cote qui n’avait pas été enregistrée depuis un siècle. Pour l’Ill, l’échelle installée à Illhäusern, immédiatement en aval du confluent de la Fecht, indiquait le 23 décembre 2,95 mètres contre 2,83 seulement en 1910. À l’échelle principale de l’Ill, à Kogenheim, on constatait une hauteur de 2,67 mètres, tandis qu’en 1910 le maximum était de 2,63 mètres. Ces différences pourraient paraître peu importantes; mais il importe de bien faire observer que, pour les cotes indiquées ci-dessus, les rivières ayant quittées leur lit couvrent des étendues de terrain considérables et que, par suite, à une montée de l’eau de quelques centimètres correspond une augmentation énorme du débit. En amont d’Erstein, le débit de l’Ill pouvait être évalué, dans la nuit du 25 au 26 décembre, à 550 mètres cubes à la seconde. La région de Strasbourg a été heureusement protégée contre les crues de l’Ill grâce à la construction d’un canal de décharge, dont le projet avait été dressé avant 1870 par les soins de l’administration française et qui fut exécuté seulement en 1891. Ce canal a son origine sur l’Ill à 1 kilomètres en amont d’Erstein; il aboutit au Rhin dans la région de Plobsheim. Lors de la dernière crue, on a pu dévier vers le Rhin par ce canal de décharge une quantité d’eau atteignant aux heures les plus critiques 520 mètres cubes à la seconde, soit environ 94 pour cent du débit total de l’Ill à l’époque considérée. Cette quantité, légèrement supérieure à celle qui fut évacuée en 1910, correspond à la capacité maximale du canal. Pendant toute la durée de la crue, il fut possible de ne diriger vers la portion de l’Ill située en aval d’Erstein, c'est-à-dire vers Strasbourg, que 30 mètres cubes à la seconde (80 mètres en 1910). En conséquence, les hautes eaux qui ont été constatées à Strasbourg à partir du 24 décembre sont presque exclusivement le fait de la Bruche, car l’Ill en aval d’Erstein ne reçoit comme affluents notables que l’En et l’Andlau, dont le débit est relativement très faible. On peut imaginer facilement les conséquences désastreuses qu’auraient eues les dernières inondations, si aux eaux de la Bruche était venue s’ajouter, comme autrefois, la presque totalité des eaux de l’Ill, au lieu d’une fraction de celles-ci inférieur à 6 pour cent. Il n’est pas douteux que le niveau constaté en 1882 aurait été considérablement dépassé. Le service d’annonce des crues, organisé pour l’Ill, a fonctionné dans de très bonnes conditions. Par suite, les mesures de défense ont pu être prises en temps utile partout où une action était possible. Les agents de l’administration ont d’ailleurs été secondés par des équipes de travailleurs, à effectif nombreux, fournies par les localités voisines et qui ont exercé sur les digues une surveillance constante, de jour et de nuit, intervenant dès que des infiltrations dangereuses se manifestaient en un point. Il convient toutefois de perfectionner encore le système actuel; il est nécessaire en particulier d’installer de nouvelles stations de prévision et de compléter les études hydrologiques concernant certains affluents de l’Ill dont le régime est encore actuellement trop peu connu (la Bruche notamment). L’administration française se propose d’entreprendre ce travail dans le plus bref délai. Les digues et différents ouvrages du canal de décharge ont très bien résisté. Il y a lieu de noter d’ailleurs qu’à la suite des observations et des expériences faites lors de la crue de janvier 1910, les digues avaient été surélevées et renforcées; en outre, pour faciliter l’écoulement des eaux, un nouveau débouché avait été créé dans la digue principale du Rhin, près du barrage de Plobsheim. Par mesure de précaution et bien qu’une crue plus importante que celle de 1919 soit extrêmement peu probable, le canal d’Erstein sera encore prochainement amélioré par l’exhaussement et le renforcement des digues en plusieurs points. En ce qui concerne le Rhin, la crue moyenne en amont de Strasbourg s’est renforcée en aval de l’apport des affluents : Kinzig, l’Ill, Moder, Sauer, Murg, et a atteint un niveau exceptionnel à Lauterbourg. La cote atteinte le 26 décembre au voisinage de cette localité, soit 7,75 mètres, n’avait pas été observée depuis 1882. Dans l’ensemble, les digues ont bien tenu. En un seul point, à Neuhaeusel (4 kilomètres nord de Fort t. Louis, 40 kilomètres nord de Strasbourg); la digue a commencé à s’ébouler par suite d’infiltrations; sous la direction du Conducteur, la « Garde des Haut-Eaux » (Hochwasserwehr) a maintenu la digue au moyen des approvisionnements de pierres et de fascines constitués à cet effet. Les travaux de réparation définitive seront entrepris incessamment.

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