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DETAIL DE L'ARTICLE

Juin 1910

Cours d'eau:Rhin
Date:
Localités touchées:Huningue, Neuenburg-am-Rhein, Munchhausen, Schoenau, Rhinau, Strasbourg, Sundhouse, Diebolsheim, Huningue, Waldshut, Blodelsheim, Issenheim, Dingolsheim, Chalampé, Saint-Louis, Istein, Bellingen,Markolsheim, Kehl, Robertsau, Sélestat,
Causes:Fortes précipitations - Orages -
Conséquences:Dommages environnementaux - Dommages fonctionnels - Dommages humains - Dommages matériels -
Source 1:Presse, "Freiburger Zeitung", 16 juin 1910.
 Hüningen : Schiffsbrücke weggerissen. Neuenburg/Rh. : Schiffsbrücke weggerissen.
Source 2:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 414 D 2454.
 Lettre du Ministerialdirektor au Kreisdirektor à Wissembourg, 20 juillet 1911, Strasbourg : « Auf den Bricht vom 4. Mai ds.Js.N°2529, betreffend Gesuch der Gemeinde Münchhausen um eine Staatsbeihülfe für die Wiederinstandsetzung des durch das Thein-Hochwasser im Juni 1910 beschädigten Wörth-Schutzdammes, teile ich Ihnen ergebenst mit, dass ich den Herrn Wasserbauinspektor für den Rhein hier beauftragt habe, der Gemeinde Münchhausen zu dem genannten Zwecke eine Beihilfe von 600 M (Sechshundert Mark) auf Kapitel 48 Titel 20a der fortdauernden Ausgaben der Wasserbauerwaltung für das Rechnungsjahr 1911 anzuweisen. Hierbei betone ich, dass die Wasserbauverwaltung durch die Gewährung der beihilfe keine Verantwortung für die Standsicherheit des fraglichen Dammes und keine Verpflichtung zu weiteren Beihilfen übernimmt. ».
Source 3:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 414 D 2828.
 Telegramme, 16 juin 1910, Muelhausenels : « hochwasser heute morgen 7 pontons hueninger schiffbruecke weggerissen. Durch diese schiffbruecke eichwald vollstaendig abgerissen. 30 personen die auf der bruecke bei blodelsheim saemtlich durch nachgesandte kaehne gerettet. »
Source 4:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 414 D 2828.
 Lettre du Ministerialdirektor au Kaiserlichen Satthalter in Elsass-Lothringen, 17 juin 1910, Strasbourg : « Die letzten abgetriebenen Brückenteile der Schiffbrücken von Hüningen und Eichwald sind oberhalb der Strassenbrücke bei Kehl aufgefangen worden. Der Scheitel der Hochwasserwelle war 8 Uhr morgens in Schönau. Das Wasser hat daselbst einen Stand von 5,89 m erreicht. Der höchste Wasserstand war daselbst in den Jahren 1881 und 1882 6,01 m. In Rheinau ist der höchstbekannte Wasserstand, der sich im Jahre 1881 mit 6,07 am Pegel eingestellt hatte um 15 cm überschritten worden. In Strassburg ist der höchste Wasserstand in der Nacht von heute auf morgen zu erwarten. »
Source 5:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 414 D 2828.
 Lettre du Ministerialdirektor à Herrn Statthalter, 17 juin 1910, Strasbourg : « nach telephonischer Mitteilung der diesigen Rheinbauinspektion ist der Rheindamm 8 km oberhalb Rheinau bei km 20 an der Gemarkungsgrenze Sundhausen Diebolsheim gebrochen. Es ist sofort eine Kompanie Pioniere requiriert worden, die zur Hilfeleistung an Ort und Stelle befördert wird. Nähere Nachrichten fehlen noch. Ich erwarte sie aber in kürzester Zeit. »
Source 6:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 414 D 2828.
 Lettre du Ministerialdirektor à Herrn Statthalter, 18 juin 1910, Strasbourg : « Von Baurat Schmitt sind aux Rheinau folgende Meldungen eingegangen: „Vorbereitungen zur Wiederherstellung der Hüninger Schiffbrücke sind im Gange, die Verkehrssperre über die Brücke wird jedenfalls etwa 14 Tage dauern. Personenverkehr findet über die Eisenbahnbrücke statt.“ „Die Schliessungsarbeiten an dem gestern nachmittag 2 ½ Uhr im Haupt-Rheindamm Gruppe II km 20,3 auf 25 m Länge entstandenen Durchbruch werden fortgesetzt. Das Durchbruchwasser hat sich hauptsächlich auf Flächen der Gemarkung Sundhausen ausgebreitet. Der Hauptrheindamm musste zur Abwendung der Gefahr für Diebolsheim, Friesenheim und Rheinau gestern abend ungefähr 100 m oberhalb der Metzgerbrücke durchstochen werden. Der Rückstaudamm der Ischert unterhalb der Metzgerbrücke wurde nicht überflutet. Weitere militärische Hilfe nicht erforderlich. Derselbe berichtet mit Telephon an das Ministerium weiter : das Durchbruchwasser steht zur Zeit am Ischertquerdamm etwa 60 cm unter der Krone, und ist im Stillstand. Die Wassermenge, die durch die Metzgerbrücke und durch die im Hauptrheindamm oberhalb dieser Brücke hergestellt Bresche aus dem überschwemmten Gebiet in den Rhein zurückfliesst, ist also annährend ebenso gross als die durch die Durchbruchstelle zufliessende Wassermenge. Bei weiteren Fallen des Rheins muss sich also das Wasser aus dem überschwemmten gebiet allmählig nach dem Rheine entleeren. Die Zeitungsnachricht, dass im Ischertdamm Sickerungen aufgetreten seien, sei richtig, der Damm werde durch Militär bewacht und werde nach seiner Ansicht Stand halten, also eine Überschwemmung von Diebolsheim, Friesenheim und Rheinau verhindern. Es werde nicht möglich sein die Durchbruchstelle im Hauptrheindamm zu schliessen, es könne nur verhindert werden, dass sie sich erweitert. Die Pioniere werden noch etwa bis Montag an der Stelle sein müssen. Das Wasser fällt langsam, da die Seen in der Schweiz gefüllt sind und nur langsam abfliessen. »
Source 7:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 398 D 901.
 Télégramme, Telegraphie zur Wasserbauverwaltung, 15 juin 1910 : « Rheinstand Waldshut gestern Mittag 379 cm, früh vormittags 8 Uhr 490 cm und stark steigend. Hüningen gestern Mittag 328 cm, früh vormittag 8 Uhr 426 cm (…) ».
Source 8:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 398 D 901.
 Telegraphie zur Wasserbauverwaltung, 16 juin 1910 : « (…) Rheinstand Hüningen 8 Uhr virmittags 563 cm, Rheinstand Rheinau 8 Uhr vormittags 538 cm: (…) steigend (…) ».
Source 9:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 17 juin 1910 : « La crue du Rhin. »
 La crue du Rhin. - À la suite des pluies torrentielles qui sont tombées dans les journées de mardi et mercredi dernier en Suisse et sur les bords du lac de Constance, le Rhin a subi, depuis mercredi soir une crue formidable, et des mesures ont été prises aussi vite pour parer à toute éventualité de rupture de digues et d’inondation. À Huningue l’étiage était monté était monté, ce matin, de 4 m. 11 à 5 m. 59. La navigation fluviale a été suspendue sur tout le Rhin supérieur. À Waldshut on a constaté dans la matinée 6 m. 04. Cette hauteur se rapproche de très près de celles constatées aux fortes crues de 1852 (6,31), 1876 (6,67) et 1881 (6,30). La crue de 1882 avait atteint, au pont de Kehl, 6 m. 47; à la façon dont les eaux montent depuis hier soir il faut s’attendre à un étiage à peu près aussi dangereux.
Deux remorqueurs sont sous presse, en cas d’accident.
Le pont de bateaux près de Huningue a été rompu, jeudi matin, par le choc des troncs d’arbre entraînés par la violence du courant. On s’attend à une inondation de tous les terrains riverains du fleuve, qui sont actuellement en pleine culture. Il en résultera, évidemment, d’énormes préjudices pour l’agriculture.
D’autre part, l’inondation des forets riveraines amènera fatalement la destruction d’une grande quantité de gibier, poils et plumes, notamment de jeunes couvées de faisans encore incapables de percher.
Il est à craindre aussi que cette crue subite et violente ne cause de graves préjudices aux travaux de régularisation du Rhin actuellement en cours d’exécution. Espérons que ces travaux résisteront au choc comme ils ont résisté à la crue de janvier dernier.
Dans l’après-midi d’hier les eaux du Rhin ont inondé la forêt qui se trouve derrière la « Rheinlust » formant par-ci par-là des petits lacs de la surface desquels émergent, ironiques, des poteaux sur lesquels on peut lire « Verboten ». Un pont qui s’écoule La violence du courant a poussé, ce matin, des masses d’arbres et de débris enchevêtrés contre le pont de Neuenburg - sur la ligne de Mulhouse-Mulheim - occasionnant l’écroulement du pont. Une trentaine de personnes qui s’y trouvaient regardant la crue. Toutes, fort heureusement, ont pu se raccrocher aux débris; elles ont été sauvées à Blodelsheim, ainsi que l’annonce une dépêche de Mulhouse.
Source 10:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 18 juin 1910 : « La crue du Rhin. »
 La crue du Rhin. - La crue prévue dès hier s’est produite pendant la nuit; les eaux sont montées d’environ 50 centimètres jusque vers 8 heures du matin, à ce moment l’étiage atteignant 5,20; d’après les dépêches reçues du Rhin supérieur la crue doit encore augmenter dans l’après-midi. Actuellement les eaux ont envahi les chaussées des deux côtés du Rhin, en amont du pont, et se sont répandue sur tout le terrain scruté au niveau des bords du fleuve. Le « Rheinlust » se trouve sur une véritable presqu’île, reliée seulement par le chemin d’accès vers la route de Kehl.
Dans la soirée d’hier les eaux ont rejeté sur la rive badoise, un peu en aval du pont un cadavre qui parait avoir séjourné depuis un certain temps dans l’eau et qui aura été arraché de son lit funèbre par la violence des tourbillons.
De nombreux paquets d’herbes et des arbres continuent à descendre le courant à une rapidité vertigineuse. Les deux vapeurs remorqueurs restent sous pression. Un piquet de pionniers a été placé de garde à la « Rheinlust ».
Source 11:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 18 juin 1910 : « Dernières nouvelles départementales »
 Dernières nouvelles départementales - Un terrible orage se déchaîne au-dessus d’Issenheim et cause de nombreux dégâts. La foudre tombe sur le bâtiment de la fabrique Hartmann; les moteurs sont arrêtés
Source 12:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 19 juin 1910 : « La crue du Rhin. »
  La crue du Rhin. - Les eaux ont continué à monter, dans la soirée d’hier et dans la nuit, d’une façon inquiétante, quoi qu’attendue. À 8 heures du soir l’étiage marquait 5,80; dans la nuit le niveau des eaux s’est élevé jusqu’à 6 mètres. Par moments, l’écume des vagues qui venaient se briser contre les arches du pont de Kehl rejaillissaient jusque contre le tablier du pont dont elles n’étaient plus guère qu’à 1 mètre 60 environ.
Depuis ce matin un mouvement de baisse assez accentué s’est prononcé; à 8 heures l’étiage n’était plus qu’à 5,70. Grâce au beau temps persistant une recrudescence n’est plus à craindre et tout danger ultérieur peut être considéré comme écarté.
Le courant des eaux limoneuses - couleur café au lait - est beaucoup moins impétueux qu’hier; il semble même calme, malgré sa violence, à côté des bouillonnements fantastiques d’hier soir. Des débris de toutes sortes continuent à descendre le courant; de pauvres lapins et des faisans ont été constatés en assez grand nombre parmi ces épaves.
La forêt du Neuhof est sous eau jusqu’à la digue; les bas fonds, de ce côté de la digue, sont également submergés. D’énormes quantités de gibier ont trouvé la mort dans les flots; il en résultera une grosse perte pour les locataires de la chasse : pas contre le locataire de la pêche trouvera certainement son compte par suite des poissons que la crue aura amené dans les cours d’eau de la forêt. Une éclosion de moustiques pareille à celle der l’an dernier est également à craindre après le retrait des grandes eaux.
Les dégâts causés par l’inondation des terrains riverains et ceux occasionnés par la rupture d’une digue près de Dingolsheim sont énormes. On n’en connaîtra le chiffre approximatif que plus tard.
Source 13:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 21 juin 1910 : « La crue du Rhin. »
 La crue du Rhin. - La baisse des eaux du Rhin suit son cours, mais avec une désespérante lenteur. Les énormes masses liquides qui sont encore descendues des hauteurs suisses dans la journée de samedi laissent même probable une légère recrudescence, de courte durée. L’étiage au pont de Kehl est à 5,22 lundi à midi.
La foule des curieux qui ont voulu voir le spectacle du fleuve torrentueux et jaune a été énorme dimanche. Autant qu’on peut en juger jusqu’à présent, les dégâts agricoles et forestiers occasionnés dans les environs immédiats de Strasbourg se chiffrent à environ 3 millions de marcs.
Source 14:Presse, "L'Express de Mulhouse", 17 juin 1910
 Le Rhin emporte ses ponts. Celui de Huningue. Hier matin nous parvenait une première dépêche de Saint-Louis, annonçant que le Rhin, démesurément grossi par les abondantes chutes d’eau de ces derniers jours et la fonte des neiges sur les Alpes, fonte favorisée et accélérée des par les pluies douces, débordait à Waldshut, Istein, Bellingen, et que les caves et les jardins étaient sous l’eau à Huningue, où le fleuve marquait 5 m 80 à l’étiage. Tôt après, une seconde dépêche apportait la nouvelle d’une catastrophe : le pont de Huningue avait été détruit à 7h. du matin : 7 bateaux de ce pont, emportés par le courant formidable du Rhin, charriés par le fleuve, descendaient à la dérive, menaçant les autres ponts construits en aval. Celui de Neuenbourg. Au moment où nous mettions sous presse, troisième télégramme, annonciateur d’une nouvelle plus mauvaise encore : le pont de Neuenbourg venait à son tour d’être détruit en partie. Vers 9 ½ h., les débris du pont de Huningue, violemment projetés par les eaux, au courant impétueux, contre le pont de Neuenbourg-Chalampé, l’avaient disloqué pour se frayer un passage, en avaient emporté une partie dans leur course, et entraînaient avec eux une trentaine d’homme, ouvriers du Rhin, à la suite desquels on s’était lancé avec l’espoir de les sauver à l’aide d’autres bateaux. Nous avons fait aussitôt afficher en ville ces graves nouvelles, ainsi qu’une dépêche ultérieure, parvenue dans nos bureaux à 11 h. 45 et annonçant que les ouvriers en péril avaient été heureusement sauvés près de Blodelsheim. Sur les lieux de l’accident À la réception des deux premières dépêches dont nous venons de parler, nous avons pris nos mesures pour nous rendre immédiatement sur les lieux de l’accident. La troisième dépêche était rassurante quant au sort des ouvriers entrainés dans la déroute du pont, mais nous n’en désirions pas moins être en état de renseigner nos lecteurs sur cet accident d’après des informations prises sur place, et nous partîmes quand même. En moins de 25 minutes, l’auto de M. Carlos Baumert-Risler, gracieusement mise à la disposition de l’ « Express » et habilement pilotée par son propriétaire, nous conduit au bord du Rhin. Le spectacle est moins terrifiant que nous ne nous y attendions, mais il est impressionnant et ne manque pas de grandeur sauvage. Le fleuve, large comme nous ne l’avons jamais vu, monte à une hauteur qu’il n’avait pas atteinte depuis 1876. Il passe librement entre Chalampé et Neuenbourg, charriant dans ses eaux jaunâtres des débris de toute nature : arbres déracinés, branches d’arbres, poteaux télégraphiques, épaves diverses… Le pont n’existe plus. Un des tronçons, celui du côté badois, a totalement disparu : une dizaine de ses bateaux, emportés dans la collision avec les pontons de Huningue, sont partis à la dérive. Par contre les dix bateaux du tronçon alsacien, pour disloqués et désemparés qu’ils soient, sont là, garés le long de la rive alsacienne. Tous les brise-glaces, sauf deux, ont été détruits et enlevés. Au milieu du fleuve, un seul bateau reste retenu à ces deux brise-glaces par des câbles. Et il est le jouet incessant des flots qui lui font danser une valse éperdue : résistera-t-il à tant d’assauts ? Il faut l’espérer. À l’étiage Après avoir interrogé quelques-uns des riverains que nous rencontrons au passage, nous nous rendons à l’échelle d’étiage. Le niveau du fleuve marque 5 m 60. On espère qu’il ne montera pas davantage, car il est stationnaire depuis midi. Nous poursuivons notre route pour nous rendre à la hauteur de deux vapeurs du Rhin, qui font le service Mannheim-Bâle, et qui sont garés à l’ancrage, le long de la rive badoise, car ils ne peuvent, pour le moment, remonter le courant qui est trop fort. Peine perdue : nous sommes bientôt arrêtés dans notre marche par le fleuve dont les eaux ont envahi le sentier qui disparaît complètement à cent mètres environ de l’échelle d’étiage. Les versions de l’accident Nous recommençons à interroger les riverains sur les causes exactes de l’accident et sur les circonstances qui l’ont accompagné. Mais les versions sont aussi nombreuses que contradictoires. Ce qui est certain, c’est que la catastrophe n’a pas manqué de spectateurs : en effet, des deux côtés de la rive, un grand nombre de curieux attendaient l’arrivée des pontons de Huningue que le télégraphe et le téléphone avaient signalée dès 8 h. du matin, de sorte qu’on avait pu ouvrir à temps le pont de Neuenbourg-Chalampé. Ils sont assisté, en même temps, au départ de leur propre pont, mais sans trop se rendre compte, semble-t-il, de la façon dont la rupture s’est produite et comment elle a pu se produire, malgré l’ouverture du pont. Les uns affirment que 24 bateaux du pont de Neuenbourg-Chalampé ont été emportés, en même temps qu’une trentaine d’hommes. D’autres prétendent que la plupart des hommes qui étaient dans les bateaux ont pu, au passage, être recueillis par les deux vapeurs qui stationnent sur la rive badoise et dont nous avons parlé plus haut. Ces deux vapeurs auraient également été endommagés par les débris des deux ponts. Un autre témoin nous dit qu’une douzaine d’ouvriers qui se trouvaient sur un ponton badois n’ont pas été entrainés par le courant, comme par miracle, et ont pu aborder tout de suite… Sur ces entrefaites arriva le train de Mulhouse qui amène nombre de curieux. De la gare de Neuenbourg, ils gagnent la rive alsacienne par le pont du chemin de fer. D’autres Mulhousiens, en assez grand nombre, sont arrivés en auto, en voiture, en bicyclette. M. Fritz, commandant des pompiers de Mulhouse est là, avec son fils. Un ingénieur des Ponts et Chaussées arrive également. Rencontré encore plusieurs de nos confrères de la presse locale. Tandis que des ouvriers, sans direction apparente, s’occupent à consolider, par des filins d’acier, l’amarrage du seul bateau resté adhérent au tronçon alsacien du pont, - désespérant de trouver des renseignements exacts sur les lieux mêmes de l’accident, nous nous rendons. Chez le maire de Chalampé M. Lucas nous reçoit, est-il besoin de le dire, avec un bon sourire – et un bon café-kirsch. Conclusion. Nous remercions le maire de Chalampé des intéressants détails qu’il vient de nous donner. Et étant dès lors en mesure de renseigner nos lecteurs aussi exactement que possible nous ne songeons plus qu’à rentrer au plus tôt, désir que réalise immédiatement l’auto de notre aimable voisin et abonné M. Baumert. Combien de temps faudra-il pour rétablir le pont ? Et comment se feront en attendant, les communications entre les deux rives pour les voitures qui ne peuvent pas, comme les piétons, utiliser le pont du chemin de fer. – c’est ce que nous ne savons pas encore à l’heure où nous écrivons ces lignes. Mais les nouvelles que nous recevrons ce matin ou dans la journée nous renseigneront sans doute sur ce point et nous ne manquerons pas de tenir nos lecteurs au courant de ce que nous pourrons apprendre d’intéressant à ce sujet.
Source 15:Presse, "L'Express de Mulhouse", 17 juin 1910
 Strasbourg, 16 juin La crue du Rhin reste à peu près stationnaire depuis 4 heures de l’après-midi. Toutefois on craint une nouvelle montée des eaux dans la nuit. Le fleuve charrie d’innombrables débris, herbes, fagots, troncs d’arbres, branchages, etc. Deux chalands chargés de fascines sont prêts, en amont du pont de Kehl, en cas de nécessité. Le pont du Rhin, ainsi que le Rheinlust et la rive badoise, sont noirs de monde, qui viennent contempler le tableau. On annonce Schlestadt la rupture d’une digue à Diuebolsheim et à Rhinau. Les ponts de ces deux localités ont été menacés par le choc de bois flottants et d’un ponton du pont de bateaux de Huningue que le courant entraîne à la dérive. On a vu deux cadavres humains près du pont de Marcolsheim.
Source 16:Presse, "L'Express de Mulhouse", 18 juin 1910
 Strasbourg, 17 juin Des milliers de personnes se sont portées hier et aujourd’hui sur le pont de Kehl, et à l’entrée du port près de la forêt de Robertsau, pour assister à la crue du Rhin, qui semble avoir atteint aujourd’hui vers 6 heures son point culminant, sans avoir heureusement causé aucune des catastrophes que nous étions en droit de redouter. Par contre le fleuve charrie des pièces de bois, des arbres tout entiers et d’immenses quantités de fagots et de fascines appartenant à l’administration fluviale. Cette dernière semble parfaitement rassurée sur les travaux de canalisation, la crue du printemps dernier les ayant laissés absolument indemnes. Par contre elle subira une perte sensible du fait de l’entraînement de ces fascines. La navigation en aval de Strasbourg s’est continuée d’une manière très intense jusqu’à hier soir, mais elle va se trouver arrêtée forcément pour quelque temps, aucun remorqueur ne pouvant plus passer sous les ponts. Tandis que l’entente s’est faite à peu près partout entre patrons et ouvriers du bâtiment, les négociations ont échoué à Strasbourg. Cet après-midi, entre 5 et 6 heures, une colonne interminable de sans-travail a traversé la ville sur quatre de front se dirigeant vers le bureau de placement municipal, place du Château, pour y demander du travail. Dans le cortège, dont l’attitude était calme et résignée au logis, des hommes portaient de tout petits enfants, d’autres poussaient devant eux des voitures à bébés, des femmes avaient leurs nourrissons dans les bras. Le spectacle était impressionnant. Il servait grandement à désirer que la mairie intervint pour amener une entente entre patrons et ouvriers qu’on leur offre pour cette année, sans quoi il ne faudrait pas s’étonner qu’un matin nous eussions de regrettables conflits qui pourraient bien dégénérer en excès, car la misère est mauvaise conseillère de cette situation tendue à l’excès ne saurait se prolonger. D’ailleurs, l’industrie et le commerce non moins que les patrons eux-mêmes en subissent des préjudices qui deviennent de jour en jour plus sensibles.
Source 17:Presse, "L'Express de Mulhouse", 20 juin 1910
 Strasbourg, 19 juin Le Rhin a baissé d’hier à 5 heures du soir à aujourd’hui même heure de 60 centimètres. Ses eaux sont redevenues plus limpides et il a cessé de charrier des épaves. Dégâts nuls ou à peu près, tant à Kehl qu’à Strasbourg.
Source 18:Presse, "L'Express de Mulhouse", 21 juin 1910
 Markolsheim, 18 juin. La rupture de la digue transversale, bientôt suivie de celle de la digue principale, près de Diebolsheim, a eu pour conséquence l’inondation d’une grande étendue de bois, de prés et de terres cultivées. Les chasseurs ne se plaignent pas moins, à cause du nombreux gibier qui a péri, que les cultivateurs, qui avaient précisément commencé la fenaison. Le niveau de l’eau a dépassé de 15 centimètres le maximum qui avait été atteint en 1881 et 1882. On a retiré du fleuve le cadavre d’un homme d’une soixantaine d’années, qui paraît avoir séjourné plusieurs semaines dans l’eau.
Source 19:Presse, "L'Express de Mulhouse", 22 juin 1910
 Markolsheim, 20 juin. Le Rhin a rejeté à la rive, dimanche, le cadavre d’une jeune fille de 17 à 18 ans, élégamment mise d’une jupe claire et d’une blouse de soie. Le linge porte les initiales W. S. Le corps d’un homme d’une soixantaine d’années a également été jeté sur la rive par le courant.

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