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DETAIL DE L'ARTICLE

Décembre 1947 – Janvier 1948 (suite 2)

Cours d'eau:Bruche, Doller, Fecht, Giessen, Ill, Liepvrette, Meurthe, Moder, Moselle, Non classé, Sarre, Thur, Zorn
Date:Le 28 / 12 / 1947
Localités touchées:Albé, La Vancelle, Breitenbach, Bassemberg, Fouchy, Lalaye, Maisonsgoutte, Saint-Martin, Saint-Pierre-Bois, Triembach-au-Val, Urbeis, Villé, Châtenois, Ebermunster, Scherwiller, Sélestat, Muttersholtz, Reichsfeld, Neubois, Thanvillé, Dambach-la-Ville, Gertwiller, Hilsenheim, Bernardvillé, Steige, Ebersheim, Eichhoffen, Sarralbe, Wittring, Sarreguemines, Wilwisheim, Holtzheim, Eckbolsheim, Obernai, Wœrth, Dettwiller, Saverne, Stambach, Molsheim, Wisches, Schirmeck, Mutzig, Saales, Heiligenberg, Thann, Cernay, Guebwiller, Munster, Masevaux, Bollwiller, Wihr-au-Val, Turckheim, Munster, Wintzenheim, Ostheim, Strasbourg, Haguenau, Hochfelden, Weyersheim, Saarwerden, Bitschwiller, Illhaeusern, Metz, Nancy, Thionville, Soultz-sous-Forêt, Merkwiller-Pechelbronn,
Causes:Fonte des neiges / redoux - Fortes précipitations -
Conséquences:Dommages environnementaux - Dommages fonctionnels - Dommages humains - Dommages matériels -
Source 1:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 393 D 27.
 Lettre du Maire de Triembach-Au-Val au Sous-préfet de Sélestat, 23 janvier 1948, Triembach-au-Val : « je me permets de vous signaler que par suite de la nouvelle montee des eaux en ces jours derniers, un pont-passerelle situe sur le territoire de la commune vient d’etre gravement endommage par les eaux. Un agent du genie rural mande sur les lieux m’a conseille d’en interdire le passage, cet ouvrage pouvant s’ecrouler d-n moment a l’autre. Les degats resultant de la crue peuvent se chiffrer a environ 50.000 frs, je vous prie le cas echeant de faire ce qui est en votre pouvoir pour nous faire obtenir une subvention nous permettant d’operer la remise en etat le moment venu. J-ajoute que le pont en question, situe sur le giessen est un point de passage tres frequente ».
Source 2:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 393 D 27.
 Lettre du Maire de Triembach-au-Val au Sous-préfet de Sélestat, 15 janvier 1948, Triembach-au-Val : « Comme suite a ma visite du 15 courant j-ai l’honneur de vous confirmer que la commune a subi les degats suivants par suite des hautes eaux. 1.- La conduite d’eau a été coupee, privant ainsi tout le village d’eau potable. 2.- La conduite deau personnelle de la scierie Meyer Emile. Quelques pieces de bois sciees ont été emportees et le chemin detruit. Un are de terrain et quelques arbres ont ete emportes. 3.- La cave de la Maison (...) a été inondee causant des pertes diverses. 4.- Les familles (...) ont eu des degats dans leurs prairies sises pres du Giesssen. »
Source 3:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 393 D 27.
 Rapport du Maire de Triembach-Au-Val au Sous-préfet de Sélestat relatif aux dégâts d’inondation, Triembach-Au-Val : « 1. – Degâts communaux. a.- La conduite d’eau communale traversant le Giessen a la hauteur de la scierie de M. Meyer Emile a ete emportee par les flots le 28 decembre privant ainsi les agglomerations de Triembach et de St Maurice de toute eau potable. Il est urgent de porter remede a ces dommages etant donne que Triembach dispose d’une unique fontaine donnant une eau qui n’est meme pas potable. b.- Un pont passerelle situe sur le Giessen a ete mis hors d’usage par la deuxième crue. 2.- Degats prives. La conduite d’eau personnelle de M. (...) a ete également emportee par le Giessen. 3.- D’une manière generale des degats parfois assez importants ont ete occasionnes sur les prairies riveraines du Giessen. Quelques caves ont ete inondees. »
Source 4:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 393 D 27.
 Rapport du Maire de Triembach-Au-Val relatif aux inondations du Giessen dans la commune, Triembach-Au-Val : « 1.- Surface inondee. Elle peut se chiffrer approximativement a 3 kilometres carres. 2.- Nombre des sinistres. Néant (voir rapport special concernant les sinistres agricoles). 3.- Nombre de maisons partiellement ou totalement detruites : neant. 4.- Nature et quantite des materiaux de construction necessaires. Il s’agit avant tout de travaux de deblaiement sur les pres. Il est impossioble presentement de determiner la longueur exacte des tuyaux necessaires au remplacement de la conduite d’eau sinistree. Un chiffre approximatif de 50m. peut être avance. »
Source 5:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 393 D 27.
 Liste des sinistres par inondation ayant fait une déclaration individuelle, dressée par le Maire de Triembach-au-Val, 30 janvier 1948, Triembach-au-Val : 26 personnes ont fait une déclaration individuelle pour un total de 319 800.
Source 6:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 393 D 27.
 Liste des bénéficiaires de bons de charbon à la suite des inondations de Décembre-Janvier, dressée par le Maire de Triembach-au-Val pour le Sous-préfet de Sélestat, 10 février 1948, Triembach-au-Val : la commune compte 10 bénéficiaires.
Source 7:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 393 D 27.
 Récapitulatif des sommes versées par la commune de Triembach-au-Val pour la remise en état des chemins ruraux sinistrés par les inondations de décembre 1947, dressé et certifié exact par le Maire de Triembach-au-Val, 5 mars 1948, Triembach-au-Val : 9 ouvrier ont reçu une somme totale de 26.006 frs.
Source 8:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 393 D 27.
 Liste des caves remplies d’eau à la suite des inondations, dressée par le Maire de Villé pour le Sous-préfet du Bas-Rhin, 16 janvier 1948, Villé : 76 personnes ont eu leur cave inondée à Villé.
Source 9:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 393 D 27.
 Rapport du Service du Génie Rural Subdivision Sélestat Campagne, copie dans une lettre du Maire de Villé au Sous-préfet de Sélestat, relatif aux dommages occasionnés par les crues 1947 (décembre – janvier), Subdivision de Sélestat – campagne, 9 janvier 1948, Villé : « Villé : « Giessen de Steige » directement en amont de la localité, en bordure d’un chemin rural 80M.L. de berge ont été enlevés m3 300 240.000,-. Un mur de soutènement a été détruit au même endroit sur une longueur de 20M. béton m3 30 100.000,-. Au tournant du cours d’eau « Giessen de Steige » environ 200 m. en amont du village un mur de soutènement très important protégeant la rive droite, a été endommagé. Par suite des affouillements le mur menace de s’effondrer. Il devra être remplacé à la base d’un nouvel alignement 250.000,-. Ponts : A Villé un pont en béton sur le « Giessen d’Urbeis » a été détruit dans une rue locale à proximité de l’abattoir municipal 250.000,- ».
Source 10:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 393 D 27.
 Rapport du Maire de Villé pour le Sous-préfet de Sélestat, relatif aux inondations, 28 janvier 1948, Villé : « Surface inondée : ca 30 ha prés, ca 1 ha champ et jardin. Nombre de sinistrés : 9 déclarations individuelles (sinistrés partiels) dont 2 décl. pour collectivités et 7 décl. pour particuliers. Caves remplies d’eau : 76. Nombre de maisons sinistrés : néant. Nature et quantité des matériaux de construction nécessaires : 200 m3 gravier et sable pour béton, 40 000 kg. ciment Portland, Fer en I longueur 8 m. hauteur 30 cm., 50 m3 gravier gros pour combler les chemins communaux, balustrade tuyaux 20 m. 1 ½ cm. »
Source 11:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 393 D 27.
 Lettre du Maire de Villé au Sous-préfet de Sélestat, 29 janvier 1948, Villé : « Ci-joint j’ai l’honneur de faire parvenir à Monsieur le Sous-Préfet une déclaration de dommages occasionnés par les inondations, conc. L’Association Sportive de Villé ».
Source 12:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 456 D 38.
 Retranscription des interventions lors de la réunion d’information relative aux crues de février 1958, 26 février 1958 à 11h30, l’hôtel de la Préfecture à Strasbourg : « (…) Le miracle, c’est qu’au-delà de Sarrebourg, la crue n’a pas eu le même amplitude et ne s’est pas propagée de la même manière qu’en 1947. Cela tient en grande partie au fait que le sol n’était pas gelé, tandis qu’en 1947, il l’était et a laissé passer la crue. Cette fois-ci, le sol a absorbé une bonne partie de l’eau. La crue à Sarralhe est passée 14 cm plus bas que celle de 1947 ; à Wittring, 6m,30 au lieu de 6m ; à Sarreguemines, 6m au lieu de 9m,35 ; à la limite du département, la crue était moins importante. (...) »
Source 13:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 29 décembre 1947
 LES INONDATIONS PRENNENT LES PROPORTIONS D’UNE CATASTROPHE Ce n’est pas sans une angoisse pleinement justifiée que les autorités et la population des départements de l’Est attendent d’heure en heure des nouvelles de l’inquiétante et rapide évolution de la situation inattendue, amenée par la brusque crue de nos rivières. Il est futile de minimiser la gravité d’un tel état de choses car les faits, dans leur brutal réalisme, sont là qui rendent vaine toute littérature. Les pluies et la neige qui depuis trois jours durant s’abattent sur notre région et donc rien, hormis un espoir problématique, ne permet d’envisager une fin prochaine, sont en passe de créer une situation difficile, voire tragique. Les rivières qui sortent de leur lit, les rues inondées, les chemins détrempés et impraticables, les champs saturés d’eau, sont devenus, hélas!, en l’espace de 24 heures, des sujets d’une brûlante actualité. Sans vouloir semer la panique parmi les autochtones régionalistes, nous donnons ici les derniers détails de la situation générale, telle qu’elle se présente au moment où nous mettons sous presse. PAS DE DANGER PRESSANT À STRASBOURG À Strasbourg même, on ne signale aucun danger imminent. Mais il y a lieu de craindre que si l’Ill continue de grossir comme durant les dernières 24 heures, une partie du quai des Pêcheurs et du Finkwiller risquerait d’être inondée. Le niveau du Rhin a considérablement monté et le courant qui charrie des choses de toutes sortes, est d’une grande violence.
Dans les faubourgs, seul le chemin de l’Unterelsau, à la Montagne Verte, est recouvert par les eaux. Pour permettre une circulation restreinte, des pontons ont été installés le long du chemin. À TRAVERS LA RÉGION Bien plus inquiétante est la situation dans l’ensemble de la région, au Sud et au Nord de Strasbourg. De toutes parts, on signale des inondations, dont l’ampleur ne cesse de s’accroître.
De nombreuses routes ont été coupées à Wilwisheim, Entzheim, Holtzheim et Eckbolsheim. Obernai et Wœrth commencent à être envahies par les eaux. À Dettwiller, la fabrique de chaussures à dû cesser tout travail par la suite de la progression rapide de l’eau. Aux environs de Hochfelden, les étangs réservés à la pisciculture, ont débordé et les carpes qui s’y trouvaient ont pris, si l’on peut dire… la clé des champs. Sarreverden se trouve sous l’eau et le grand pont a été complètement détruit. La ville est, par ce fait, entièrement isolée. À Saverne, le fléau a jusqu’à présent, causé un dommage considérable et il est à craindre que d’autres dégâts ne soient à envisager. La Zorn, qui a quitté son lit, hier matin, a provoqué la rupture de digues du canal de la Marne-au-Rhin, près de Stambach, où les salles de restaurants sont inondées. Dans les quartiers bas de la ville, la rivière charrie des cadavres de moutons et de vaches; la Roseraie est transformée en piscine. Toute communication entre Dettwiller et Saverne est impossible. DANS LA VALLÉE DE LA BRUCHE La vallée de la Bruche, qui depuis 1919 n’avait plus connu une telle catastrophe, a été durement éprouvée par les inondations. À Molsheim, l’eau inonde les quartiers avoisinant la gare, les parages de la Bruche et le canal. Plusieurs piliers du pont sont déjà arrachés et toute la circulation a dû être interrompue. À Wisches, les caves et certaines pièces d’habitation sont envahies par les eaux. Un grand nombre de bêtes du cheptel local ont été évacuées. À Schirmeck, la Grand’rue est inondée sur une distance de 150 à 200 mètres. 11 tonnes de braisettes ont été emportées par le courant qui a également arraché une partie du pont de bois à Labroque. Mutzig est entourée d’eau et complètement isolée. Tandis que tout Saales est sous l’eau à qu’à Heiligenberg il ne reste plus trace du pont, le principal danger semble se concentrer sur Lutzelhouse qui, par suite de la position qu’elle occupe dans le rétrécissement de la vallée, se trouve particulièrement en péril. Aucune usine n’a pu travailler depuis lundi, tous les ateliers étant sous l’eau. Dans toute la région, les municipalités et les pompiers ont pris les dispositions nécessaires pour éviter que le fléau ne fasse de victimes parmi les populations. DANS LE HAUT-RHIN Dans le Haut-Rhin, la situation est tout aussi grave. Thann, Cernay, Guebwiller et Munster sont isolées. La troupe a été alertée et assure le ravitaillement de la population. À cette fin, on a dû faire emploi de barques, car sur certaines routes, il y a jusqu’à 40 com d’eau et de nombreux ponts sont détruits. La circulation ferroviaire a également été coupée. Entre Mulhouse et Thann, tous les ponts ont été emportés par la violence des eaux. Dans la vallée de Masevaux où l’eau monte toujours, on déplore un mort. Au barrage d’Alfeld, l’eau a dépassé la hauteur du barrage et inonde les environs. Aux mines domaniales de potasse de Bollwiller, l’eau a envahi les usines et les cités ouvrières. On ne signale pas pour l’instant de dégâts importants, toutes les précautions ayant été prises. Mais la persistance de la pluie cause de très graves inquiétudes.
 À Wihr-au-Val, les canaux d’alimentation de l’usine Hartmann sont débordés, quelques ateliers ont été envahis par les eaux, ainsi que l’usine à gaz. La situation, à l’heure où nous écrivons ces lignes, n’est cependant pas encore alarmante. De Wihr-au-Val à Turckheim, les ponts sont en danger, surtout celui de Turckheim; la rivière a quitté son lit; la circulation est interdite. À Munster, l’usine Hartmann, sortie à l’Est de Munster, est inondée; le pont de la Fecht, entrée Est, semble devoir être emporté d’un moment à l’autre. La circulation de la route 47 entre Colmar et Munster est interrompue. Les ponts de Wihr-au-Val, Mittlach et Sondernach sont emportés. Celui proche de la gare de Metzeral se trouve dans une situation critique.
À Wintzenheim, le hameau de la Forge est inondé.
À Ostheim, le pont est en danger. La circulation sur l’axe Strasbourg-Colmar a été déviée par le pont de Bennwihr.
En certains endroits, l’eau atteindrait un niveau inquiétant et toutes mesures sont prises pour lutter contre l’envahissement, grâce à des tranchées, sacs de sable et autres moyens de défense.
M. Bernys, préfet du Haut-Rhin, s’est rendu immédiatement sur les lieux inondés, afin de se rendre compte de par lui-même des mesures à prendre.
En dernière heure, au cours d’une conférence de presse, M. le préfet a dressé l’état de ces mesures prises, état qu’en raison de l’heure tardive nous communiquerons dans notre édition de demain. Si les prochaines 24 heures n’apportent pas d’améliorations sensibles les autorités se verront sans doute contraintes de faire évacuer les villes et villages les plus gravement menacés. La réalisation d’une telle hypothèse ne semble toutefois pas devoir intervenir, car en dernière minute, on signale de différents côtés un relâchement de l’inondation et une légère amélioration de la situation générale.
Source 14:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 31 décembre 1947
 PREMIER BILAN DES INONDATIONS DANS L’EST DES MILLIARDS DE DÉGÂTS ET DES MILLIERS DE SINISTRÉS DANS LES RÉGIONS DRAINÉES PAR L’ILL, LA MOSELLE, LA MEURTHE ET LA SARRE À l’heure où nous écrivons ces lignes, le niveau des eaux dans les différents secteurs inondés semble être en nette baisse, sauf en Moselle, mais le bilan de ces dernières journées n’en montre pas moins les proportions catastrophiques du fléau qui est venu éprouver les régions l’Est de la France pourtant déjà suffisamment touchées par les guerres successives.
À titre de premier secours pour les sinistrés de Haut-Rhin le gouvernement vient d’accorder la somme de 1 million de francs. La générosité du gouvernement se manifestera également pour les autres départements partiellement dévastés par l’inondation mais les dégâts se chiffrent par milliards. Des équipes de sécurité veillent et essaient par des travaux d’écoulement de provoquer une décrue dans les régions particulièrement éprouvées. DANS LE BAS-RHIN La température étant en baisse depuis la nuit dernière et les pluies ayant complètement cessé, on enregistrait hier une amélioration sérieuse en ce qui concerne les inondations dans le Bas-Rhin, surtout dans les petites vallées des Vosges où l’eau se retire lentement des champs et des villages. Par contre, l’Ill est toujours en forte crue, car elle absorbe la masse énorme des eaux qui lui apportent les petites rivières descendant des Vosges. Aux portes de Strasbourg, l’Ill déborde toujours et de nombreuses caves sont inondées, notamment dans le quartier de la Montagne Verte où, pour permettre une circulation restreinte, des pontons ont été installés le long de chemin. L’eau a également pénétré dans les caves du Palais de Justice, où elles ont étouffé les foyers du chauffage central. Entre Pfaffenhoffen et Obergmodern, la circulation des trains a été interrompue pendant la journée d’hier. La route entre La Walck et Ueberrach est entièrement submergée. La circulation est déviée vers Bitschoffen. À Haguenau, seul le quartier du Château Fiat dans sa partie basse a été envahi par les eaux de la Moder, mais la situation ne présente pas un caractère inquiétant pour les habitants. À Bischwilller, seules les parties basses sont menacées.
À Hochfelden pendant la dernière nuit, l’eau a régressé de quelque 50 centimètres. Tout danger semble définitivement écarté. À Weyersheim, le niveau de la Zorn reste stationnaire aux environs de 2 m 70, des récoltes encavées ont été mouillées et des maisons envahies par 1 mètre d’eau. On espère rétablir bientôt la circulation. À Saverne, l’usine électrique a repris le travail, les eaux s’étant retirées de la salle des machines. Les eaux de l’Ill ont submergé les routes du Ried dans la région de Sélestat ; par contre, dans cette même région le niveau du Giessen est déjà en baisse de 49 centimètres.
On signale partout de graves dégâts par les inondations. À Dollwiller, près de Saverne, dans une fabrique de chaussures, des stocks entiers ont été emportés par les flots. Dans une imprimerie de Saverne, les réserves de papier ont été gravement endommagées. Dans le moulin de Hermingen, on évalue les dégâts à 800.000 francs. La situation est encore assez grave dans la région de Diemeringen et de Saarwerden, où le grand pont a été complètement détruit. Saarwerden est toujours isolé.

DANS LE HAUT-RHIN Dans l’arrondissement de Thann, très éprouvé par les inondations, on constatait hier matin une très nette amélioration. Les eaux baissent. À Thann, à Cernay et à Bitschwiller, trois sections du génie ont participé aux travaux de sauvetage et au ravitaillement des populations. Il est impossible, à l’heure actuelle, d’évaluer les dégâts. On pense qu’ils seront très importants. Toutes les usines des vallées de la Thur et de la Doller ont été inondées et ont beaucoup souffert. Les fermes n’ont pas été moins touchées. Il est probable que les dommages causés à l’agriculture seront très sérieux.
Dans l’arrondissement de Mulhouse, les quelques routes qui avaient été coupées sont maintenant ouvertes à la circulation. On ne signale pas de dégâts très importants dans l’arrondissement. Le village d’Illhaeusern est entouré d’un lac de près d’un mètres cinquante de profondeur, plusieurs maisons ont dû être évacuées.
La ville de Munster a été beaucoup durement touchée qu’on ne l’avait supposé. Le bassin d’alimentation Solberg est détruit. Tout le quartier Leymel est inondé. Il a dû être évacué en raison du danger d’écroulement de certains immeubles. Le pont de chemin de fer, dont un pilier a été emporté, est inutilisable. La distribution d’eau potable ne peut plus se fait qu’une heure le matin et une heure le soir. L’usine à gaz a repris le travail, mais l’usine électrique ne fonctionne plus. plusieurs établissements industriels ont énormément souffert. L’usine Hartmann est également arrêtée.
À Turckheim, deux ponts ont été disloqués.
Les trains ne circulent plus sur la ligne Colmar-Épinal en raison des éboulements qui se sont produits dans la région de Gérardmer. EN MOSELLE La situation était hier des plus inquiétantes à Metz.. L’eau recouvrait plus de 100 kms carrés dans les environs immédiats mais d’après les services des Pont-et-Chaussées, en raison des pluies et chutes de neige qui continuent par intermittence, la crue n’attendra son point culminant que dans une trentaine d’heures. Les eaux de la Moselle risquent ainsi de monter encore de 5 mètres. Actuellement, elles atteignent près de 8 m 50. De nombreuses rues qui, a midi encore se trouvaient à sec, étaient inondées à 14 heures et les habitants étaient obligés de gagner les étages supérieurs. Les archives de la Préfecture ont été inondées. Des incendies causés par les court-circuits se sont déclarés dans les bâtiments isolés. Les pompiers alertés furent mis dans l’impossibilité de se rendre sur les lieux en raison de la force du courant. Les équipes de secours, formées par les compagnies du 2e Génie, s’efforcent d’évacuer ou de ravitailler les nombreuses personnes en péril qui sont isolées quand l’Ile Saint-Symphorien où l’eau atteint 2 mètres de hauteur. Les prisonniers de guerre qui tentaient de fuir devant l’inondation ont été emportés par les [PARAGRAPHE ILLISIBLE]. Les communications entre Metz et Nancy étant coupées, la liaison postale entre ces deux villes se fait par avion. Le téléphone ne fonctionne plus.
Aux environs de Forbach et de Sarreguemines la situation s’améliore et les eaux tendant à refluer vers le lit des cours d’eau. Il semble que la région comprise entre Sarreguemines et Forbach pourra bientôt être rendue à la circulation. On enregistre une baisse de niveau de la Sarre d’environ 6 centimètres à l’heure. Les autorité pensent pouvoir rendre certains ponts à la circulation. ENTRE MEURTHE-ET-MOSELLE ET DANS LES VOSGES En ce qui concerne Nancy, ce n’est que hier matin à 6 h. que la décrue s’est manifestée lentement. Le maximum atteint avait dépassé toutes les prévisions les plus pessimistes, car la cathédrale s’est trouvée encerclée totalement par l’eau boueuse pendant huit heures. Un tel fait n’est pas relaté, aussi loin que l’on puisse remonter, dans les annales de la ville, qui pourtant a déjà subi de fortes inondations.
Par la suite de la destruction des ponts et la submersion des itinéraires ferrés et routiers, la ville se trouve isolée de tous grands centres, sauf en direction de l’ouest, par la voie ferrée, et, très difficilement, par la route. Le téléphone ne fonctionne plus et al ville est plongée dans l’obscurité. Toute la nuit, sans relâche, la troupe, la police, le corps de sapeurs-pompiers et des sauveteurs bénévoles se sont efforcés d’évacuer les sinistrés en péril. Le sort de beaucoup inspire de cites inquiétudes. Il faudra attendre le retrait de l’eau pour que l’on soit fixé.
Dans la partie de la ville submergée, sont situées la plupart des grandes usines, les abattoirs, la minoterie, la gare de marchandises, et surtout les castes stocks et entrepôts des grandes maisons d’alimentation à succursales multiples. D’énormes quantités de marchandises, et particulièrement des denrées ont été anéanties, ce qui pose la question du [PARAGRAPHE ILLISIBLE] seulement les dégâts s’élèveraient à plusieurs centaines de millions de francs.
Dans la région de St-Dixier, la Marne a quitté son lit en plusieurs endroits et a envahi les caves de nombreux immeubles.
Source 15:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 31 décembre 1947
 RÉGRESSION NOTABLE DES INONDATIONS Les flots dévastateurs se sont enfin apaisés. On espère qu’ils regagneront bientôt le lit des cours d’eau et s’écouleront comme si rien ne s’était passé. Les hommes reconnaitront alors seulement toute l’étendue de cette catastrophe. Les dégâts se chiffreront par milliards et les personnes nouées atteindront la cinquantaine.
Nous pensons que le gouvernement saura trouver les mesures salutaires ou les tendances politiques feront place à des sentiment purement humanitaires qui permettront de venir en aide le plus rapidement possible aux nombreux sinistrés. Les nouvelles que nous recevons des différents endroits touchés par l’inondation sont dans l’ensemble assez rassurantes. À Thionville cependant, au cours de la nuit dernière, les eaux de la Moselle s’était infiltrées dans les égouts, les principaux quartiers de Thionville ont été transformés en marécages. Hier matin à 10 heures, l’eau portable a commencé à manquer. L’électricité et le gaz sont également coupés.
Les secours sont organisés par les sapeurs-pompiers qui assurent le ravitaillement des enfants en lait.
De très importants dégâts sont également signalés dans la région de Sierk et dans tout le bassin industriel.
À Kerking, où l’eau atteint 1 mètre 50, on constatait à midi une légère hausse.
La Moselle est en décrue à Metz, mais les quartiers inondés de Ban-Saint-Martin et Longeville sont encore sous deux mètres d’eau. Les sinistrés sont ravitaillés par les initiatives privées. Contrairement à ce qui a été annoncé par certains journaux, on ne déplore aucun mort, mais il est possible qu’il y ait des victimes, une dizaine de baraquements de sinistrés construits en bois ayant été emportés par les flots.
À Metz, privé de gaz et partiellement d’électricité, l’eau potable fait défaut et est distribuée dans les rues par camions-citernes.
Les communications téléphoniques et ferroviaires avec le Luxembourg sont interrompues.
Les trains entre Paris et Strasbourg continuent de circuler sur la seule voie restée praticable.
Source 16:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 3 janvier 1948
 Le niveau des eaux se stabilise en Alsace mais remonte quelque peu à Metz et dans les environs On signale une régression sensible et régulière des eaux dans les secteurs inondés de l’Est ce qui permet d’évaluer progressivement des dégâts occasionnés par le récent désastre dont le montant s’avère déjà très important. Le chiffre de quelques milliards qui avait été avancé par des services chargés des constatations générales se trouve de jour en jour. Pour les seules villes de Metz et de Nancy les dégâts se montent à 1 milliard 500 millions. Les grands centres qui restent encore sous la menace de la catastrophe sont Metz et Nancy et la crue, en descendant le cours de la Moselle, a gagné maintenant Thionville. EN MEURTHE-ET-MOSELLE Les inondations ont fait quelques victimes. On a aperçu deux corps emportés par le courant de la Moselle.
À Saulxures sur Moselotte, une ferme sapée par les eaux s’est écroulée, causant la mort d’une femme et de deux enfants. Le canal de la Marne au Rhin est à sec sur plusieurs kilomètres, car, pour limiter la montée des eaux dans l’agglomération de Nancy, le service des Ponts et Chaussées a pris l’initiative de faire sauter la berge en remblai de ce canal en un point situé en aval de la ville. À Nancy même, on ne constate aucune victime mais plus de 2.000 immeubles sont sinistrés laissant 18.000 personnes sans abri. La ville est toujours privée de gaz et plusieurs quartiers sont sans électricité et sans eau potable. Bien que les grands moulins Vilgrain aient été noyés la distribution de farine pourra être assurée.
À Toul les dégâts sont également considérables. De nombreuses maisons ont été évacuées. L’usine de tissage de Gondreville a été sérieusement endommagée.
Une somme de 10 millions a été voté par le Conseil Municipal de Nancy pour venir en aide aux sinistrés. EN MOSELLE Le Préfet de la Moselle, le Général gouverneur et le député-maire de Metz, ont visité en bateau amphibie du génie, la région ira ondée de Metz pour évaluer approximativement les dégâts et organiser les secours. L’eau s’étant retirée assez rapidement il ne reste plus que des ilots isolés à Metz nord et Devant-les-Ponts. Contrairement à certaines informations, il n’y a eu qu’un seul mort jusqu’à présent. Il s’agit de M. Royer, estimable septuagénaire. Les Services municipaux s’affèrent [sic] pour rétablir les conduites d’eau et les lignes électriques endommagées. Privé d’eau portable depuis 3 jours Metz est à nouveau approvisionné sauf à la hauteur de Quelque. La station de pompage qui avait été isolée pendant un certain temps vient d’être remise en fonction. Cependant, l’amélioration est-elle définitive ? En effet, le niveau des eaux vient à nouveau de s’élever de quelques 30 centimètres dans ce secteur.
Aux entrepôts de Devant-les-Ponts, 60 tonnes de sucre et 40 tonnes de pâtes alimentaires ont été perdues.
L’usine électrique a fait l’impossible pour rétablir à la lumière de l’Île-St-Symphorien et à l’Hôpital Belle-Île.
Les quelques 300 sinistrés ont trouvé asile dans les centres d’hébergement.
À Thionville, atteint par la crue, le niveau des eaux dépasse de plus de 1 mètre 50 celui de la Place du Marché. Le Conseil général votera, lundi 5 janvier, en session extraordinaire, les crédits de secours pour les victimes des inondations.
Les services de l’Entr’aide française ravitaillent dans la mesure de leurs moyens les sinistrés.

DANS LA PLAINE D’ALSACE Les dégâts sont très importants dans le Haut-Rhin et dépassent les dévastations de la dernière guerre. La ville de Munster a été durement touchée. Le bassin d’alimentation Solberg est détruit. Certains immeubles menacent d’écroulement. L’usine électrique ne fonctionne plus, le pont de chemin de fer est inutilisable.
Quelques villages sont encore isolés dans la région de Colmar. À Rethel, les dégâts sont importants, les bas quartiers étant inondés. Le Conseil général réuni en cession extraordinaire a voté un crédit de 50 millions représentant l’aide du département du Haut-Rhin en faveur des sinistrés mais on craint que les dommages ne soient de beaucoup supérieurs. On prononce dans certains milieux bien informés des chiffres dépassant le milliard.
Dans le Bas-Rhin où le niveau des eaux est presque redevenu normal, les dégâts paraissent également très importants. La Chambre des Députés a voté un crédit de 100 millions destiné à secourir les sinistrés des inondations de l’Est.
Source 17:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 3 janvier 1948
 VERS UN NOUVEAU DÉSASTRE ? La Meurthe, la Moselle, la Meuse, le Doubs montent encore En raison de la température qui favorise la fonte des neiges et du temps pluvieux qui règne sur la région vosgienne, on signale, dans le cours supérieur de la Meurthe et de la Moselle un montée moyenne de 1 m 40 depuis vendredi matin. Cependant les services compétents déclarent que ces crues ne semblent pas devoir atteindre l’ampleur des précédentes et en effet, à la fin de la journée d’hier, le niveau de ces rivières avait tendance à se stabiliser. Les services compétents évaluent à plusieurs milliards les dégâts occasionnés par les inondations dans le département de la Moselle.
En Allemagne la navigation sur le Rhin est toujours interrompue près de Cologne. Les travaux destinés à relever le pont Freeman qui s’est écroulé il y a quelques jours dans le fleuve à Düsseldorf n’ont pas encore commencé.
Le niveau de l’eau a baissé en amont de Cologne, mais la crue persiste en aval.
Les denrées alimentaires qui étaient entreposées à proximité du Rhin à Cologne, sont perdues par suite des inondations. LE PRÉSIDENT SCHUMAN DANS LES RÉGIONS SINISTRÉES Le président Schuman quittera Paris ce matin à 5 h. 26 par autorail, pour visiter les régions sinistrées de l’Est à la suite des récentes inondations.
Il se rendra notamment à Toul, Thionville et Metz.
Le président Schuman sera de retour à Paris dans la nuit de dimanche à lundi. D’autre part, on nous communique que la municipalité du XIe arrondissement a pris l’initiative d’organiser une collecte dans l’arrondissement pour les victimes des récentes inondations de l’Est. Des comités doivent se créer dans tous les arrondissements de Paris pour organiser des collectes.
Source 18:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 4 janvier 1948
 WISSMEBOURG Si le Seltzbach avait été curé l’inondation aurait été moins grave SOULTZ-s.-F. - Quoique les dommages causés dans notre arrondissement par les fortes pluies avant et pendant les jours de fête ne sont que peu importants par rapport à ceux de certaines régions limitrophes, la vallée du Seltzbach a connu, au début de la semaine des heures alarmantes. La dite rivière avait sérieusement débardé de son lit à Kutzenhausen, Merkwiller et surtout dans notre petite ville ou un nombre de maisons riveraines ont du être évacuées. L’imprimerie de M. Sutter était en danger immédiat tandis que, outre des maisons d’habitation, les entreprises de MM. Sturm (matériel de construction) et Mannheimer (stocks de vieux matériels) avaient été inondées. Tout le cours du Seltzbach depuis Merkwiller, en passant par Kutzenhausen et Soultz, ne formait plus qu’un grand lac sur une longueur de plusieurs kilomètres. Les eaux, parcourant la région pétrolifère de Pechelbronn, étaient couvertes d’une épaisse couche d’huile. Depuis la régression des eaux, cette dernière couvre les prairies et les jardins, ressemblant ainsi à un tapis multicolore. Malheureusement ce « graissage » un peu extraordinaire n’est guère favorable aux cultures, le bétail refusant les produits provenant de ces prés. Voilà donc à nouveau de considérables dommages après ceux qui, fin printemps 1947, se sont fait sentir aux mêmes endroits et au détriment des mêmes cultivateurs riverains; ceux-ci ayant déjà été atteints par la pénurie en fourrage due à la sécheresse de l’été.
L’inondation n’aurait certainement pas pris cette extension alarmante si le curage du Seltzbach avait été effectué. Maintes fois déjà, la question de ce curage était à l’ordre du jour des conseils municipaux des communes intéressées. Le fait que le lit de la rivière reste rempli de pierres et de décombres provenant des destructions causées à Merkwiller par les bombardements de 1944 et 45, a soulevé la question de savoir qui est redevables des frais du curage qui s’impose. On se demande si c’est le M.R.U. ou si ce sont les communes le long du Seltzbach auxquelles incombent la charge. Et pendant que la situation reste menaçante et que l’eau monte à nouveau, l’encre coule dans certains bureaux afin de régler le litige. Arrivera-t-on à se mettre d’accord avant d’une nouvelle crue ne se produise? Avant la fin de l’année, M. Hug, sous-préfet de l’arrondissement, a visité les communes en question pour se rendre compte sur place des suites de l’inondation.
Source 19:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 4 janvier 1948
 M. Robert Schuman visite en Moselle les régions sinistrées sinistrées par les inondations. METZ - (De notre cor. perm.). M. Robert Schuman, président du Conseil, accompagné de M. Jules Moch, ministre de l’Intérieur, a visité dimanche les régions sinistrées de l’Est.
Arrivé à Toul à 8 h. 30, le président du Conseil a gagné Nancy en traversant les localités éprouvées par le fléau. À Nancy, il a parcouru à pied le quartier de Malzéville dont les rues sont encore recouvertes de limon. L’ensemble des dégâts dans la Meurthe-et-Moselle s’élève, estime-t-on, au moins à un milliard de francs. Après être passé à Pont-à-Mousson et à Cormy, village sinistré à 80 p. c., le président du conseil et sa suite sont arrivés à Metz à 13 heures.
MM. Périller, préfet de la Moselle, le gouverneur général Gilliot, commandant de la 6e région militaire; M. Raymond Mondon, député maire de Metz, M. Sérot; président du Conseil Général et vice-président du Conseil de la république , M. Schaff, député maire de Montigny-les-Metz, M. Hocquard, ancien maire de Metz, conseiller de la République, Mgr. Heintz, évêque de Metz; M. Marchand, sous-préfet de Metz-Campagne, avaient été accueillir les ministres à la limite du département. Après avoir salué le drapeau du 146e R.I., ils ont passé en revue la compagnie d’honneur.
MM. Schuman et Moch déjeunèrent ensuite à la Préfecture, qu’ils quittèrent à 14 h. 30 pour visiter la région sinistrée.
La zone, encore inondée, de Devant-les-Ponts dut traversée en bateau amphibie de l’armée. Puis ce fut Ban-Saint-Martin, qui a deux millions de dégâts et ou le maire, monsieur Barthélémy demanda au président du Conseil de haranguer par T.S.F. la population rassemblée.
M. Schuman déclara: « Comme Lorrain je suis fier de mes compatriotes et de leur courage. J’étais venu pour souhaiter courage aux sinistrés et eux-mêmes me l’ont souhaité. C’est une leçon et un exemple que je suis venu prendre ici. La France entière réunira ses ressources pour venir en aide à ceux qui ont souffert ». À propose l’aide de 100 millions accordée aux sinistrés, le président précisa que cette somme constituait un acompte. « On fera l’inventaire des dommages, dit-il et cela sera suivi d’une action plus complète ». À Longeville-les-Metz, les ministres félicitèrent les pompiers qui se sont particulièrement distingués. Ils visitèrent ensuite le boulevard de St-Symphorien om les dégâts sont considérables et rentrèrent accueillir en gare de Metz le « train de l’Amitié ». Sur les quais pavoisés de drapeaux américains et français, se trouvaient déjà de nombreux enfants des écoles de Metz, une délégation de la Croix-Rouge, du Corps enseignant et diverses personnalités locales.
Quelques minutes plus tard, le train, tiré par une locomotive pavoisée, entra en gare. Le président de Conseil, accueillit Mrs. Adams et Bellen, accompagnatrices américaines du convoi, qui remirent à deux Lorrains en costume régional un paquet symbolique, tandis que la musique de 2e Génie joue l’hymne américain et la Marseillaise. Les ministres gagnèrent ensuite Metz-Nord ou ils visitèrent la voie effondrée. Puis ils furent reçus à Mondelange par le Conseil Municipal et le sous-préfet de Thionville, Monsieur Schwab. Nouvel arrêt à Richemont, où l’eau atteignit 2 m 20 en plein centre du village et à Uckange, où les ministres visitèrent les immeubles particulièrement sinistrés, puis par Eckange, ils gagnèrent Thionville, où une réception eu lieu à la salle du Beffroi, où des discours furent prononcés par M. le maire Schwartz, le président Sérot et M. Schuman. Le 25e R.I. avec drapeau et musique rendait les honneurs.
De retour à Metz, MM. Schuman et Moch groupèrent les chefs des grands services, députés, conseillers et conseillers généraux en une conférence pour étudier l’étendu des dégâts et prévenir le retour possible de semblables désastres. Au cours de cette conférence, le préfet de la Moselle a précisé que 9500 foyers avaient été sinistrés et que 20.000 ouvriers étaient réduits au chômage. On apprend d’autre part que M. Robert Schuman se propose de se rendre dans le courant de cette semaine à Épinal et dans la région de Colmar.
Les ministres ont quitté Metz à 19 h. 45 pour regagner Paris.
Source 20:Presse, "Le Journal d'Alsace-Lorraine", 4 janvier 1948
 Le Conseil Général vote un crédit d’urgence de 10 millions de francs. Le Conseil Général de la Moselle a tenu lundi matin une session extraordinaire pour étudier l’aide aux sinistrés.
Tout d’abord, le Président, Robert Schuman, Vice-Président du Conseil de la République, a demandé une minute de silence en mémoire des victimes de l’inondation. Il félicita tous ceux qui se sont dévoués pour combattre de fléau.
M. le Préfet Perillier a donné ensuite connaissance du rapport qu’il a adressé au gouvernement sur les dégâts. Il note que la première évacuation se chiffre à environ 2 milliards. Il y a eu 10.000 foyers sinistrés, dans 82 communes et 2.500 habitants évacués. À l’aide officielle, s’ajouteront environ 30 millions de souscriptions publiques.
Après un large échange de vue, un rapport fut présenté par l’Ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées; puis diverses interventions furent entendues. Celles du DR. Muller de Thionville, de M. Ditche de Sterck, le Dr. Burger de Metz, de M. Vantory de Moyeuvre.
Après quoi le Président de la Commission des Finances, M. Lunard proposa un crédit d’urgence de 10 millions, qui fut adopté.

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