EVENEMENTS

DETAIL DE L'ARTICLE

15 novembre 2002

Cours d'eau:Ill, Largue
Date:Le 15 / 11 / 2002
Localités touchées:Balschwiller - Ballersdorf - Illfurth - Hindlingen - Largitzen - Seppois-Le-Bas - Bisel - Spechbach-Le-Bas - Heidwiller - Dannemarie - Friesen - Ueberstrass - Wolfersdorf - Gommersdorf
Causes:Fonte des neiges / redoux - Fortes précipitations - Saturation des sols -
Conséquences:Dommages environnementaux - Dommages fonctionnels - Dommages matériels -
Source 1:Presse, "Dernières Nouvelles d'Alsace", 16 novembre 2002, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Les pluies ininterrompues qui se sont abattues sur le Sundgau ont provoqué des inondations. De l’avis des sapeurs pompiers et de plusieurs Sundgauviens, il s’agit d’une des plus importantes crues de la Largue depuis 20 ans (hormis mai 1994 et février 1999). Mais, fort heureusement, on ne déplore ni blessé, ni disparu. Le Sundgau a été le secteur le plus sinistré par la montée des eaux. L’Ill et la Largue sortaient de leur lit dans plusieurs communes. Un phénomène récurrent, qui trouve cette fois son origine dans une conjonction d’évènements résultants d’éléments climatiques survenus tout au long des mois d’octobre et de novembre. « Le mois d’octobre a été particulièrement pluvieux, explique Météo France Colmar. Nous sommes, de plus, dans une saison où les lits des rivières sont très chargés, la fonte des neiges en montagne, il y a quelques jours, aggravant ce phénomène. » Le déluge de la nuit du 14 au 15 novembre ajouté aux précipitations des jours derniers qui ont gorgé d’eau les sols, ont provoqué un ruissellement généralisé entraînant de graves inondations dans le Sundgau. Selon Météo France, ce type de phénomène n’est pas exceptionnel pour la région et revient régulièrement entre 2 et 5 ans. « Le Sundgau est un peu un "spécialiste" des inondations, c’est le secteur le plus arrosé du Haut-Rhin, hormis la montagne, car il ne bénéficie pas en temps normal d’un effet de fœhn ». Pays d’étangs et de rivières, le Sundgau est presque « habitué » aux inondations. Souvent, elles ne se soldent que par quelques caves inondées et routes secondaires fermées. Mais le matin du 15 novembre, les crues de l’Ill, de la Largue et de leurs affluents étaient d’une ampleur telle, qu’elles avaient métamorphosé l’apparence du paysage. Les premiers coups de fil sont parvenus au standard des centres de secours vers 3h du matin puis se sont multipliés au fur et à mesure que gonflaient les cours d’eau. Dans le canton de Dannemarie, la situation était très critique dès 5h du matin, les inondations ont touché l’ensemble des communes (exceptées celles du haut vallon de Traubach). Tous les pompiers du canton étaient mobilisés, on comptabilise plus d’une trentaine d’interventions par commune notamment à Balschwiller, Ballersdorf, Traubach, Illfurth, Hindlingen, Largitzen, Seppois-Le-Bas, Bisel,... Dans les communes touchées, les dégâts matériels sont considérables. « 1,20 m d’eau dans la maison, incroyable. C’est pire que le 8 mai 2000 lorsque nous avions déjà été inondés. A 5h, l’eau recouvrait la chaussée », raconte un habitant de Balschwiller où l’eau a envahi une douzaine d’habitations, privées du coup d’électricité. L’eau a parfois envahi jusqu’au rez-de-chaussée des maisons endommageant les cuisines ou les salons. Des habitants de la rue des Primevères étaient en colère car ce n’est pas la première fois que leurs caves sont inondées à cause d’une canalisation de capacité insuffisante. Ballersdorf est la commune la plus sinistrée du bassin versant. La crue du Roesbach, un ancien affluent de la Largue (il se jette aujourd’hui dans le Canal du Rhône au Rhin), a provoqué l’inondation de 31 caves dans la rue du Ruisseau. Il y avait 40 cm d’eau sur la chaussée, dans les jardins et les hangars. Déjà en février 1999, en 2000 et maintenant en 2002, le centre du village de Bisel s’est retrouvé les pieds dans l’eau suite à 48h de pluies diluviennes, provoquant la crue du Largitzenbach, affluent de la Largue, qui fait l’objet d’une polémique concernant l’opportunité d’aménager un bassin de rétention censé justement prévenir les crues. Six maisons de la rue de Moernach ont été endommagées. La circulation était évidemment très difficile, certaines routes ont été complètement fermées à la circulation tandis que sur d’autres axes, la prudence était fortement recommandée, les chaussées étant en partie inondées. Comme à l’accoutumée, la RD 18-I reliant Illfurth à Spechbach-Le-Bas, la RD 18 reliant Illfurth à Heidwiller, la RD 103 à Balschwiller ainsi que le chemin vicinal reliant Heidwiller à Spechbach-Le-Bas étaient infranchissables. A Illfurth, un automobiliste est même resté prisonnier des eaux de l’Ill à hauteur de la scierie Nollinger. Mais moins fréquent, ce fut également le cas de la RD 419 à Dannemarie et de la RD 7b entre Friesen et Ueberstrass. La chaussée inondée est aussi à l’origine d’un accident à Largitzen. Les travaux de rénovation du Canal du Rhône au Rhin, actuellement en cours dans le Sundgau à hauteur de Hagenbach, Eglingen et Illfurth ont du être interrompus. Le 15 novembre, à Wolfersdorf, vers 5h du matin, deux chevaux dont l’écurie avait été totalement inondée, ont été sauvés in extremis. Dans le même village, le propriétaire d’une trentaine de moutons a dû évacuer ses bêtes en pleine nuit, leur pâturage étant devenu un vaste étang. Même scénario à Gommersdorf, cinq moutons se sont retrouvés cernés par les eaux et ont attendu la décrue sur une lamelle de terre qui avait été épargnée. Le 15 novembre au soir, la décrue s’est amorcée mais c’est dans la vallée de la Largue qu’elle est la plus lente. « S’il se remet à pleuvoir, on va à la catastrophe », redoutait le chef des pompiers de Dannemarie. Une perspective d’autant plus inquiétante que de nouvelles perturbations sont attendues. Les services de secours restaient toutefois extrêmement prudents. Les sols étant gorgés d’eau, de nouvelles précipitations pourraient causer en quelques heures une nouvelle onde de crue. Au final, hormis le Jura Alsacien qui a été épargné, c’est tout le Sundgau qui pompait, balayait et nettoyait. Les pompiers ont effectué plus de 400 interventions. 70 communes du département ont été touchées par cette montée des eaux dont 25 pour le seul canton de Dannemarie parmi lesquelles 12 ont subi de gros dommages.
Source 2:Presse, "L'Alsace", 14 janvier 2005, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Le maire : « Nous avons eu jusqu’à 50 cm d’eau et un important courant. C’est impressionnant quand on ramasse ensuite les troncs dans les cours des maisons mais il ne faudrait pas que quelqu’un soit blessé » Le maire souhaite en finir une fois pour toute avec les inondations car à chaque pluie, l’eau du Largitzenbach bute contre les ponts et sort du lit du ruisseau. La seule solution est la régulation. Au lieu de laisser monter le débit du ruisseau jusqu’à 20 m3/s, alors qu’il ne peut supporter que 5 m3/s, le surplus en eaux de ruissellement serait stocké quelques jours dans un bassin de rétention.
Source 3:Presse, "L'Alsace", 17 novembre 2002, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Après les inondations, la situation était redevenue normale dans le Haut-Rhin, mais des inquiétudes subsistaient encore dans la vallée de la Largue. Le 16 novembre au soir, l’Ill avait retrouvé son niveau habituel, mais la Largue remontait à nouveau car les pluies tombaient toujours sur son bassin versant. Au plus fort de la crue, le 15 novembre, le niveau de la Largue avait atteint 2,40 m à Dannemarie pour revenir à 1,20 m le soir. Le 16 novembre, à 16h, il atteignait 1,80 m. « Encore 20 cm et la Largue ressort de son lit », constatait le capitaine des pompiers de Dannemarie où l’état d’alerte était encore de vigueur.
Source 4:WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Les inondations des 15-17 novembre ont endommagé plusieurs maisons de la commune de Balschwiller, obligeant la mairie à formuler une demande de reconnaissance de l’état de Catastrophe Naturelle. Ces évènements ont été identifiés comme étant des inondations par crue torrentielle et par ruissellement en secteur urbain (phénomènes liés). Pour ce qui est des dommages aux biens privés, 15 constructions ont été affectées. La mairie de Balschwiller a conservé trois déclarations de sinistres faisant suite aux inondations des 15-17 novembre : • Celle d’un habitant de la rue de Bernwiller (à la sortie du village en direction de Saint Bernard) qui déclare avoir été inondé du fait du débordement de l’étang de pêche (propriété de la commune). L’eau a traversé la route pour aller dans le fossé mais la canalisation a une capacité insuffisante. L’eau est alors entrée dans sa cour et dans sa cave, provoquant des dégâts importants (destruction de l’électroménager, de matériel informatique, du chauffe-eau, d’archives, de nourriture, …) Des évènements semblables s’étaient déjà produits en 1994 et en 1990 où deux véhicules avaient été endommagés. • Celles de deux habitants de la rue du 27 Novembre (rue principale qui traverse la commune depuis Ueberkumen en direction d’Ammertzwiller). Le premier déclare qu’une coulée de boue a gravement endommagé toute la cave de sa maison occasionnant des pertes considérables (électroménager, outillage électrique, tondeuse, …). L’eau boueuse provenait essentiellement de la route et s’est engouffrée dans sa cave. Cet habitant a pris des photographies pour son assurance. Il affirme que de nombreux riverains sont dans le même cas. Il mentionne que des faits similaires s’étaient déjà produits le 8 mai 2000. Le second riverain, habitant non loin, déclare avoir subi des dégâts dans sa cave : « l’eau est montée jusqu’à 40 cm et l’intervention des pompiers a été nécessaire pour l’évacuer ». Cependant, il ne précise pas la nature des pertes qu’il a subies. La mairie a rédigé un rapport d’inondations (daté du 13 janvier 2003) où il est mentionné que la commune a été particulièrement touchée par les pluies torrentielles de la mi-novembre 2002, notamment les trois secteurs suivants : • « Le premier, à la sortie de Balschwiller en direction de Saint Bernard où il s’agit d’inondations par ruissellement. Il est situé à l’intersection de 3 voies, en pente, bordé de champs et d’étangs, a été envahi par des eaux boueuses chargées de détritus végétaux (tiges de maïs, herbes, feuilles mortes, branches, …) qui ont saturé fossés et canalisations. Ce phénomène a été accentué par le débit exceptionnel des trop-pleins des étangs. Les eaux ont inondé les caves environnantes. Malgré l’intervention rapide des sapeurs pompiers et des bénévoles, des dégâts importants n’ont pu être évités. De nouveaux travaux d’évacuation des eaux pluviales sont envisagés pour améliorer la situation sans pour autant éliminer tous les risques d’inondation. • Le second est situé à la sortie de Balschwiller en direction d’Ammertzwiller, il s’agit également d’inondations par ruissellement. Ce secteur, longeant la RD 103, est particulièrement vulnérable à la montée brutale des eaux. Au débouché de deux bassins versants constitués principalement de champs, les eaux boueuses ont afflué dans cette zone, saturant les canalisations et débordant sur la route qui s’est transformée en torrent. Les eaux ont envahi les entrées de cour et atteint les habitations. Par ailleurs, les canalisations saturées ont refoulé l’eau dans les sous-sols. Là encore, l’intervention des sapeurs pompiers et des bénévoles a permis d’éviter le pire. Plusieurs pompes ont été mises en action mais le flux était trop important … Un premier bassin de rétention sera aménagé en 2003 dans ce secteur pour atténuer l’arrivée massive des eaux de ruissellement dans la zone concernée. (Ce bassin est actif aujourd’hui) • Le dernier secteur touché est celui qui fait la jonction entre les deux localités de Ueberkumen et Balschwiller, précisément à l’endroit où le Soultzbach croise la RD 103. La montée subite des eaux du Soultzbach engendre des inondations (par crue torrentielle). Ce secteur connaît périodiquement ce phénomène et quelques habitations sont touchées. Une fois de plus, la DDE a du intervenir pour barrer la route inondée et dévier la circulation ». La commune de Balschwiller n’a finalement pas bénéficié du classement en « zone sinistrée » pour les évènements des 15-17 novembre 2002. Aucun arrêté de Catastrophe Naturelle n’a été prononcé pour les communes de la vallée de la Largue.
Source 5:DIREN, Documents de travail (compilation de relevés de débits), non publiés, 2002, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Crue dont la période de retour est comprise entre 5 et 10 ans. Le débit de pointe enregistré à la station de Dannemarie est de 43,2 m3/s pour une hauteur d’eau de 1,47 m.

0