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Mars 2006

Cours d'eau:Bruche, Giessen, Ill, Largue, Mossig, Non classé
Date:Le 9 / 3 / 2006
Localités touchées:Altenach, Altkirch, Balschwiller, Bisel, Buethwiller, Dannemarie, Friesen, Gommersdorf, Hagenbach, Heidwiller, Hindlingen, Holtzheim, Illfurth, Manspach, Mertzen, Saint-Bernard, Saint-Ulrich, Sélestat, Seppois-le-haut, Seppois-le-Bas, Soppe-le-Bas, Soultz-les-Bains, Spechbach-le-Bas, Strueth, Ueberstrass, Wisches, Wolfersdorf
Causes:Fonte des neiges / redoux - Précipitations continues - Saturation des sols -
Conséquences:Dommages environnementaux - Dommages fonctionnels - Dommages matériels -
Source 1:DIREN Alsace, "Hauteurs et débits des rivières d'Alsace concernant la crue du 9-10 mars 2006", 2006.
 A Selestat amont, le Giessen atteint la hauteur de 2.08 m et un débit de 61.4 m3/s pour une période de retour de 3 ans. A Wisches, la Bruche atteint la hauteur de 1.44 m et un débit de 63.4 m3/s pour une période de retour de 2 ans. A Holtzheim, la Bruche atteint la hauteur de 2.45 m et un débit de 78.3 m3/s pour une période de retour comprise entre 1 et 2 ans. A Soultz-les-Bains, la Mossig atteint la hauteur de 0.81 m un débit de 5.4 m3/s pour une péretiode de retour infétieure à 1 an.
Source 2:Observation directe, WITH Lauriane, mars 2006, communes du Sundgau.
 Des inondations sont survenues dans des conditions très particulières. En effet, durant le premier week-end du mois de mars, il est tombé pas loin de 60 cm, voire même 70 cm, de neige dans le Sundgau. Aux abondantes chutes de neige succéda un redoux pluvieux qui provoqua la fonte excessivement rapide du manteau neigeux. Les eaux pluviales ainsi que celles issues de la fonte des neiges ont convergé en direction du lit de la Largue, étant donné que celui-ci se trouve dans le fond de vallée (talweg) augmentant ainsi le niveau de la rivière. L’essentiel de l’eau, il faut le signaler, provenait des réseaux d’écoulement (fossés, canalisations,…). Dans les villages et les prés, la neige fondue représentait une quantité importante d’eau et s’additionnant à celle des pluies, formaient un peu partout des petits étangs car le sol saturé ne pouvait plus rien absorber. D’ordinaire, ce sont les eaux de la Largue en crue qui gagnent les prés mais dans ce cas précis, ce sont les eaux qui se trouvaient déjà dans les prés qui ont rejoint celles de la Largue. En clair, ce n’est pas une crue exceptionnelle de la Largue qui est responsable des ces inondations. Certes la Largue était en crue, mais elle n’est pas la seule responsable des évènements qui se sont produits. L’eau est montée dans des endroits où elle ne va jamais en temps normal et c’est justement pour les raisons que je viens d’évoquer plus haut et non pas parce que la Largue a connu une crue supérieure à celle de mai 1983, loin de là. J’ai pu constater des inondations dans des endroits où il n’y a pas de cours d’eau. Cela prouve bien que ce sont les eaux issues de la fonte des neiges et qui n’ont pu pénétrer les sols des prés. Tous les réseaux d’évacuations d’eaux étaient saturés et ont convergé vers celui de la Largue pour finir par le saturer également. J’ai parcouru la vallée de la Largue de Seppois-Le-Haut à Illfurth, le 9 mars, jour où les inondations étaient plus que spectaculaires et j’ai pris de nombreuses photographies. A Seppois-Le-Haut, à la sortie du village en direction de Mooslargue, la rivière était hors de son lit mais rien de très grave n’était à déplorer. A Seppois-Le-Bas, près de l’entreprise Waterair, des sacs de sable avaient été placés sur la digue en prévision d’une éventuelle montée des eaux. L’eau était encore à un mètre de la digue. J’ai rencontré le patron de l’entreprise vers 15h et selon lui, « le pic de crue n’était pas encore là ». L’entreprise Janoplast non loin située n’avait pas l’air trop inquiète. La situation n’était pas alarmante, il fallait juste surveiller au cas où. A Ueberstrass, il y avait de l’eau dans les prés de part et d’autre de la Largue, c’est-à-dire dans la zone inondable mais aucun incident n’a été signalé. A Friesen, la banque affichait 10 degrés, pas étonnant que la neige ait fondu. Au carrefour des routes menant à Largitzen (RD 17) et Ueberstrass (RD 7b), l’eau ruisselait sur la route, les pompiers locaux faisaient la circulation. Il y avait une vingtaine de centimètres d’eau sur la chaussée à cause du débordement des bassins piscicoles situés en amont et des ruissellements venus des prés. L’eau traversait la route pour rejoindre celles de la Largue qui formaient déjà un petit lac. La Largue était impressionnante, l’eau était proche du tablier du pont, la cité Oser avait les pieds dans l’eau, des planches avaient été disposées à l’entrée d’un garage d’une maison située le long de la RD 7b (batardeau afin que les eaux ne s’y infiltrent pas). Plusieurs caves ont été inondées, certains habitants avaient même fait des barrages en neige pour empêcher l’eau d’entrer dans leur cour. A Hindlingen, il y avait quelques centimètres d’eau sur le chemin menant au parc à cigognes mais rien d’inquiétant. La Rigole du Canal du Rhône au Rhin était bien pleine, c’est pourquoi le déversoir était actif dans la traversée du village, déviant l’eau dans les prés pour éviter que la Rigole ne déborde dans d’autres communes plus à l’aval. A Strueth, les prés étaient submergés. A Mertzen, les prés étaient aussi sous les eaux de même que le terrain de football. Le niveau de l’eau sous le pont atteignait presque, avec les remous, la marque laissée par la crue de mai 1983. A Saint Ulrich, la route était recouverte par les eaux devant la scierie Ackermann et après le pont de la Largue. Les prés ressemblaient à un lac. A Altenach, la route abaissée allant à la Maison de la Nature était inondée, elle jouait pleinement son rôle : permettre à l’eau de la traverser pour être stockée dans les prés afin de réduire les risques à l’aval. L’eau est montée très loin dans la zone inondable, jusqu’au pied de la forêt et derrière les maisons de la rue Sainte Barbe. Personnellement, je n’avais jamais vu l’eau aller aussi loin. Des caves ont été inondées rue de la Largue et rue Sainte Barbe, plusieurs personnes ont du procéder à des pompages car l’eau est remontée par capillarité, d’autres maisons de la rue de la Largue ont failli avoir les pieds dans l’eau. Heureusement que le déversoir a été mis en place en 2000 sinon ces maisons, déjà surélevées, auraient également du pomper leurs garages et leurs caves. Le niveau de l’eau est environ à 40 cm en dessous de celui atteint par la crue de mai 1983, cela est dû à l’optimisation de la zone inondable. A Manspach, l’ancien bras de la Largue était à nouveau en activité, le débit était important mais sans grande crainte à avoir. A Dannemarie, le magasin de pêche avait les pieds dans l’eau. A Wolfersdorf et Gommersdorf, la zone inondable était occupée, le ruisseau (Roesbach) entre Hagenbach et Gommersdorf était saturé et inondait les prés. Entre Hagenbach et Buethwiller, les prés retenaient autant d’eau qu’ils pouvaient, sans aucun danger pour les populations. A Balschwiller, la RD 103 était inondée et même fermée à la circulation dans la matinée à cause des eaux du Soultzbach. A 16h, le trafic avait été rétabli. Les prés habituellement recouverts par les eaux l’étaient une fois de plus. Les eaux avaient dissimulé la route allant à Eglingen, et s’étaient concentrées dans le secteur du vieux moulin. Entre Balschwiller et Saint Bernard, il n’y avait que de l’eau. A Saint Bernard, inondations traditionnelles, l’eau était proche du tablier du pont. La digue ne présentait aucune anomalie, il y avait cependant une étendue d’eau à l’arrière de celle-ci. Cette eau provenait de la fonte des neiges, de la pluie et sans doute d’une remontée de nappe. A Heidwiller, il n’y avait plus d’espace entre la rivière et le pont. Partout, les prés n’étaient plus que des étendues d’eau. La route reliant Spechbach-Le-Bas à Heidwiller était sous les eaux, celle qui mène à Illfurth était fermée (RD 18) dès 9h du matin. Beaucoup d’eau (de l’Ill) s’était accumulée en aval de la scierie Nollinger. A Spechbach-Le-Bas, les prés étaient sous les eaux, la route allant à Illfurth (RD 18-I) était barrée depuis le lever du jour, le groupe de maisons situées le long de cette route était entouré par les eaux de la Largue, le hangar des Hell avait une fois de plus les pieds dans l’eau. Un petit lac s’était formé entre la déchetterie et le rond-point du collège d’Illfurth. A Illfurth, l’Ill débordait au niveau de la scierie Nollinger, la route était coupée, il y avait beaucoup de courant, la scierie et la villa avaient les pieds dans l’eau. Le patron a confirmé que « le pic (de l’Ill) a été atteint vers 17h30 ». Le pré en face de la gendarmerie (en amont de Nollinger) ressemblait à un lac. La digue qui avait lâché en mai 1983 se portait bien. Au niveau de la confluence, le spectacle était impressionnant, les eaux de la Largue, de l’Ill et du Canal du Rhône au Rhin s’étaient mélangées. Le personnel des Voies Navigables de France (VNF) en charge de la surveillance du Canal, l’avait volontairement fait déborder en fermant l’écluse afin que les eaux aillent dans les prés. Ainsi, les communes d’Hochstatt et de Zillisheim situées à l’aval n’étaient plus menacées par les débordements. La force de l’eau était telle qu’une petite digue avait été mise en place entre le Canal et le village d’Illfurth, dont le centre était menacé. La maison située non loin de l’écluse était cernée par les eaux. Six camions de déchets charriés par les eaux tumultueuses ont été évacués près de l’écluse. Partout, les champs n’étaient que de vastes étendues d’eau s’étalant à perte de vue. L’eau touchait quasiment le tablier du pont. La route reliant le rond-point du collège au centre du village passe sur plusieurs petits ponts qui engouffraient puis rejetaient des masses d’eau surprenantes à une vitesse effrayante, le courant était très fort. La salle polyvalente et le terrain de football étaient inondés. La route dans le rond-point était couverte des eaux de la Largue. Dans l’ensemble, la zone inondable de la Largue a une fois de plus montré son efficacité, la pointe de crue est arrivée à Illfurth avec un retard de 4 à 6 heures, ce qui a permis d’échelonner l’évacuation des eaux à la confluence (l’engorgement aurait pu avoir des conséquences catastrophiques).
Source 3:Presse, "Dernières Nouvelles d'Alsace", 10 mars 2006, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Les rivières vosgiennes se sont montrées moins impétueuses que l’Ill et la Largue. L’Ill aurait même dépassé le niveau de mai 1983 à Altkirch atteignant 3,10 m. Les 50 mm d’eau issus de la fonte des neiges en plaine et sur les collines sundgauviennes additionnées aux 10 mm de pluie ont représenté un total équivalent à deux fois la moyenne d’un mois de mars normal, provoquant des inondations un peu partout dans les vallées de l’Ill et de la Largue. Le manteau neigeux a, de ce fait, presque entièrement fondu en plaine. Les premières inondations d’eau brunâtre ont été signalées dès 9h du matin le 9 mars 2006. Au total, une trentaine de routes départementales a été fermée dans le Sundgau en raison du danger trop important (RD 103, 18, 18-I, chemin vicinal entre Heidwiller et Spechbach-Le-Bas). D’autres routes ont été submergées sans être coupées (RD 17 et 7b à Friesen et 463 à Seppois-Le-Bas). Le Soultzbach avait également atteint sa cote d’alerte dans la matinée, l’eau tutoyait le tablier du pont à Soppe-Le-Bas. Dans l’après-midi, le Soultzbach avait pratiquement regagné son lit. A Bisel, 26 caves ont été inondées dans la matinée, rues Principale et de Moernach, suite au débordement du ruisseau Largitzenbach, affluent de la Largue. Les pompiers sont intervenus de suite mais les pompes n’ont été efficaces que l’après-midi, au moment de la décrue. Le SMARL devrait y construire une digue en terre l’an prochain. Ce projet a connu de nombreuses péripéties, dont la démission du conseil municipal.
Source 4:Presse, "L'Alsace", 10 mars 2006, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 Le pic de crue de la Largue s’est stabilisé vers 15h à Dannemarie mais à Illfurth, on craint encore une augmentation du niveau des eaux. Les autorités ont décidé de maintenir la surveillance durant la nuit du 9 au 10 mars. De Balschwiller à Illfurth, une vaste étendue d’eau argileuse recouvrait la campagne. A Saint Bernard, la scierie avait les pieds dans l’eau. « On a déjà vu plus d’eau, une fois toute la cour était inondée », m’a confié le patron. A 7h30, le niveau augmentait toujours alors que le stock de bois baignait dans l’eau. Les pompiers ont du intervenir un peu partout.
Source 5:Presse, "L'Alsace", 11 mars 2006, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 La décrue s’est amorcée vers 2h30 dans la nuit du 9 au 10 mars, ce qui a permis de lever la plupart des dispositifs d’urgence vendredi 10 mars, dans la matinée. Les champs étaient encore sous les eaux mais le niveau avait déjà nettement baissé. Un automobiliste imprudent a emprunté la RD 18, reliant Heidwiller à Illfurth, pourtant interdite d’accès en raison de la montée des eaux de l’Ill. Comme il fallait s’y attendre, son véhicule, arrivé à hauteur de la scierie Nollinger, a calé et est resté bloqué au milieu de l’eau. Les pompiers d’Illfurth, épaulés par leurs collègues d’Altkirch, ont bataillé pendant près d’une heure pour le sortir de ce mauvais pas. Une équipe subaquatique de Mulhouse était également sur place. Il aura fallu finalement l’aide d’un camion pour tracter la voiture hors de son piège. L’opération aura mobilisé en tout une vingtaine de pompiers. Le lendemain, les dégâts étaient bien visibles au niveau de la scierie Nollinger, des pans entiers de trottoirs et de revêtement ainsi qu’une glissière de sécurité avaient été arrachés par les eaux. Selon le maire d’Illfurth, le niveau aurait atteint celui de mai 1983 (crue centennale de l’Ill) mais les dégâts ont été beaucoup moins importants en raison des travaux réalisés ces dernières années. La route menant de Illfurth à Spechbach-Le-Bas (RD 18-I) est restée fermée partiellement durant la journée du 10 mars car l’une des voies était encore inondée.

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