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DETAIL DE L'ARTICLE

Décembre 1801 – Janvier 1802

Cours d'eau:Bruche, Fecht, Ill, Largue, Lauch, Non classé, Rhin, Thur
Date:Le 31 / 12 / 1801
Localités touchées:Andolsheim, Ammerschwihr, Friesenheim, Strasbourg, Saasenheim, Mackenheim, Richtolsheim, Diebolsheim, Friesenheim, Rhinau, Altkirch, Marlen, Goldscheuer, Biesheim, Eschau, Artolsheim, Marckolsheim, Gerstheim, Boofzheim, Gambsheim, La Wantzenau, Drusenheim, Herrlisheim, Dalhunden, Ostwald, Illkirch-Graffenstaden, Bâle, Lautenbach, Lautenbach-Zell, Linthal, Guebwiller
Causes:Embâcles - Fonte des neiges / redoux - Fortes précipitations -
Conséquences:Dommages environnementaux - Dommages fonctionnels - Dommages matériels -
Source 1:LE MINOR Jean-Marie, "Repères de niveaux d'inondation à Strasbourg (XVIIe - XXe s)", dans Cahiers alsaciens d’archéologie d’art et d’histoire, n° 37, 1994.
 Une des crues les plus remarquables du Rhin, autant par la hauteur où s'élèvent les eaux et les dégâts qu'elles causent que par le froid intense qui survient dès le lendemain et qui convertit les eaux débordées en glace.
Source 2:Archives départementales du Haut-Rhin (ADHR), 7 S 11.
 Gendarmerie Nationale : Dommages : Andolsheim : 1 personne, 3 chevaux, 4 vaches, 8 peaux ?, 9 moutons, 3 chevres, 2 pores ? ; Ammerschwihr : 1 personne, 1 chevaux, 4 vaches, 3 peaux ?, 2 moutons, 9 chevres, 3 pores ; Friesenheim : 1 personne, 2 chevaux, 3 vaches, 2 peaux ?, 2 moutons, 3 chevres, 4 pores ?
Source 3:CHAMPION Maurice, "Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu’à nos jours", tome 4, Paris, Dunod Éditeur, 1862.
 "Ill et Bruche se jettent dans le Rhin près de Strasbourg. Dans la nuit du 10 au 11 nivôse, les eaux du Rhin ont crû avec une telle violence que, prenant une direction contraire, elles remontèrent les fossés d'une partie des fortifications et se réunirent à la rivière au-dessous de la ville. L'Ile du Rhin, la route de Kehl, celle de Colmar et de Bâle et plusieurs quartiers de la ville se trouvèrent inondés ; les eaux ne restèrent que de 2 pouces au-dessous du niveau de 1740, la plus forte inondation du siècle dernier. Dans la nuit suivante, le Rhin augmenta encore 4 pieds, de sorte que la plupart des cultivateurs qui demeurent hors des portes et les habitants de quelques rues de la ville, furent forcés d'évacuer, dans la nuit même, leurs habitations. Une partie du pont de bateaux établi sur le Rhin a été emportée. La crue des eaux extraordinaire dans cette saison, présente une circonstance peu commune, mais qui est toujours accompagnée de grands ravages : c'est le débordement simultané du Rhin et des rivières qui s'y jettent des deux côtés. La pluie et la neige tombées depuis huit jours n'ont pu produire un effet aussi promt et aussi considérable : le Rhin n'augmente d'ordinaire qu'au mois de messidor, à la fonte des neiges dans les Alpes ; le vent doux qui a régné ici pendant dix jours s'est sans doute étendu jusqu'en Suisse, et il aura avancé de six mois l'époque de cette fonte…"
Source 4:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 1 Ph 96.
 Poème de J.D. Pack: "Die Überschwemmung in Straßburg : inondation de Strasbourg du 10 nivôse an 10".
Source 5:CHAMPION Maurice, "Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu’à nos jours", tome 4, Paris, Dunod Éditeur, 1862.
 Toutes les rivières du Haut Rhin ont un niveau élevé de 2 à 3m de plus, toute la plaine est submergée. Le Rhin a débordé. Les habitants se réfugient dans le grenier avec leur bétail. Les habitations menacent de s'écrouler.
Source 6:BORNERT Réné, "La Révolution au jour le jour : Deux chroniques inédites sur la vie quotidienne des habitants, du clergé paroissial et des moines bénédictins d'Ebersmunster de 1786 à 1806", dans Archives de l'Église d'Alsace, n° 48, 1989.
 "1802 - Den 1. Jenner ist das Wasser in der Pfarrkirch 4 Zoll hoch gestanden. Also hat man den Gottesdienst in dem Schulhaus gehalten. Es haben auch hier alle Einwohner bis auf 15 (zoll) wasser in den Häusern gehabt. In meinem Haus: 4 zoll hoch. Seither ist man nicht mehr in die Pfarrkirch gangen. Man hat den Gottesdienst in der Klosterkirch gehalten.. Der Rhein hat bei Saasenheim ausgebrochen / und hat die nächste am Rhein gelegene ortschaften ganz überschwemmt bis nach Strassburg.. Makenheim, Rigoltsheim (=Richtolsheim), Diebotsheim, Saasheim (=Saasenheim), Frieheim, Rheinau haben ihr Vieh gross und klein fast durch das Wasser alles verloren, wie auch alles gemüs von Rüben, Erdapfel und früchten. Das wasser íst an etwelchen orten 5 bis 6 Schuhe in den Scheunen und Häusern gestanden, so dass auch viel Leut ertrucken seyen."
Source 7:CHAMPION Maurice, "Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu’à nos jours", tome 4, Paris, Dunod Éditeur, 1862.
 "Dès le 10 de ce mois, le maire d'Altkirch avait prévenu que son village allait être submergé, et en effet peu après, la communication fut interrompue. Des ordonnances ont été envoyées dans les villes de Rhinau, Krafft, Wauzeman, Dahlhunden, Mulhaussen et Werth, situées sur le Rhin, et que le mauvais état des digues peut exposer à de grands dangers. Des secours seront administrés à ceux qui ont été les victimes de ces événements. On va publier une instruction sur les moyens de prévenir l'insalubrité des habitations inondées. - Dans la nuit de 11 au 12 , l'eau s'est élevée à une hauteur prodigieuse et son courant était si violent qu'elle a répandu l'alarme générale. Elle avait crû subitement de 4 pieds et était plus haute qu'en 1778 et 1740. Tous les faubourgs étaient submergés. Les magasins de la douane furent vidés. Dans quelques maisons, le rez-de-chaussée était sous l'eau, et l'on entrait dans les chambres du premier étage par les fenêtres."
Source 8:KLEMM Max, "Heimatchronik der Dreiergemeinde", Marlen, Kittersburg, Verein für Heimatpflege Goldscheuer, 1964.
 Rheineinbruch und Überschwemmung von Marlen und Goldscheuer.
Source 9:CHAMPION Maurice, "Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu’à nos jours", tome 4, Paris, Dunod Éditeur, 1862.
 "Une grande pluie, amenée par un vent du midi, est tombée pendant quelques jours de suite la décade dernière, a fondu subitement les neiges qui étaient tombées depuis frimaire, et dans vingt quatre heures toutes les eaux des montagnes de L'Helvétie, du Mont-Terrible et des Vosges ont tellement grossi le Rhin, le lac de Bienne et les autres rivières et torrents qui parcourent le Haut-Rhin, qu'élevés à 2 et à 3m au-dessus de leur hauteur ordinaire, ils ont aussitôt débordé et submergé les vallées et cette belle plaine des départements du Rhin, au point que toute communication était interceptée. […] Nuit du 10 : L'Ill a tellement débordé et a été à une si grande hauteur, qu'elle s'est répandu à 20 kilomètres dans la plaine, en se jetant dans le Rhin par le village de Biesheim. L'Inondation a causé des maux incalculables. Les routes ont éprouvé les plus grandes dégradations ; elles ont été ébréchées dans des endroits à 8 et 10 m de profendeur."
Source 10:Archives départementales du Haut-Rhin (ADHR), 4 M 76.
 Mairie de la ville de Colmar : "Le Maire de la ville de Colmar considérant que le débordements des eaux dans le Département du haut Rhin à occasionné des pertes incalculables, que la plus part de ceux qui les ont souffert, sont reduits a la plus affreuse indigeme ; Considérant qu'en attendant que la bien faisance du gouvernement vienne à leur sécours, il est de l'humanité de leur proeurer quelque soulagement provisoire, et qu'il convient de faire à cet effet, un appel aux ames sensibles et charitables. Arrête qu'à commencer des demain il sera ouvert à la Mairie une souscription volontaire, dont il sera tenu régistre en forme, dans lequel on inscrira tous les jours, éxcepté les ecadi?, depuis dix heures du matin, jusqu'à une heure de rélevé, les dons volontaires et les noms des citoyens géneraux qui les auront fait. Le inondant de ces dont sera distribué ainsy qu'il sera reglé par le préfet. Le présent arreté sera consigué dans la feuille hebdomadaire et publié à son de Caisse avec invitation aux citoyens de se presenter à la Mairie pour y déposer cequel l'humanité souffrante attend de leur générosité."
Source 11:Archives départementales du Haut-Rhin (ADHR), 7 S 11.
 Rapport Gendarmerie nationale, (19. Légion, 38. escadron) : Dommages occasionnés par le débordement des eaux du Rhin et de l'Ill dans les communes : Andolsheim : 1 personne, 3 chevaux, Boefs ou vaches : 4, Veaux : 8, Moutons : 5, chèvres: 3, porcs : 2, un moulin écroulé.
Source 12:FRIESE Johannes, "Neue vaterländische Geschichte der Stadt Straßburg und des ehemaligen Elsasses, Von den ältesten bis auf das Jahr 1791", Vol. 5, Strasbourg, éditeur non connu, 1801.
 "Den 12. Nivos, 10 (2 Jan. 1802 ) : Es vergeht wohl kein Jahr, in welchem nicht die beiden Hauptflüsse, die unser Land bewässern und uns so manche Vortheile gewähren, auch aus ihren Ufern treten, die nahe liegenden Gegenden überschwemmen, und hier und da Schaden und Verheerungen anrichten. In den ältern Zeiten, da man die Kunst den wüthenden Strömen Dämme und Wälle entgegen zu setzen nicht verstand, wenigstens nicht übte, waren die Uiberschwemmungen so schröcklich, daß das ganze Land, dis- und jenseits des Rheins, von einem Gebirge an das andere, einem großen See glich, aus welchem hochliegende Gegenden mit ihren Gebäuden und Bäumen, wie Inseln hervorragten. Solche allgemeine Uiberschwemmungen sind freilich in unsern Zeiten nicht zu fürchten, so lange die verschiedenen Damme in gutem Stande erhalten, und immer mit neuen vermehrt werden: aber wahrend der Revolution sind sie sehr vernachläßiget worden, und diese Vernachläßigung vermehrte die Noth und das Elend, welche die letzte große Überschwemmung in verschiedenen Dorfschaften angerichtet hat, zu einem sehr hohen Grade. Im Sommer des Jahrs 1801 hatten die Feldmäuse in der Gegend um Straßburg großen Schaden gethan ; in der spätern Jahreszeit war lang anhallendes Regenwetter ; in den ersten Tagen des Nivos fiel ein tiefer Schnee ; den 10. dieses Monats, Morgens um 8 Uhr fühlte man ein Erdbeben, welches einige Tage hernach noch einmal empfunden wurde. Die Wasser stiegen zu einer beträchtlichen Höhe, aber man fürchtete noch nichts Außerordentliches, weil den eilften (am Neuenjahrstag 1802 alten Styls) die Kälte eintrat; aber in der darauf folgenden Nacht durchbrach die Wuth des Wassers an verschiedenen Orten die beschädigten Dämme und strömte landeinwärts ; Dorfschaften, die weit vom Rhein entfernt liegen, keine Gefahr ahndeten und daher auch keine Vorkehrungen trafen, wurden durch die Sturmglocke in der Mitternachtstunde aus dem Schlafe geweckt, aber ihre Wohnungen waren schon von tobenden Wellen umringt ; keine Rettung war möglich ; wohin man sahe, war nichts als Tod und Verderben ; das Zettergeschrei der Menschen – das Heulen und Brüllen sterbender Thiere – die in allen benachbarten Dörfern tönende Sturmglocke, welche ein trauriger Zeuge der allgemeinen Wassersnoth war, und alle Hoffnung nachbarlicher Hülfe entfernte, – mit dem schröcklichen Toben und Anschlagen der Wellen und Eisstücken – dem Krachen und Einstürzen der Häuser, Mühlen und Brücken – machten diese, ohnehin finstere und kalte Nacht, zu einer der Schröcklichsten. Folgende Gemeinden haben am meisten gelitten : Eschau, Sasenheim, Bozheim, Diebolsheim, Artolsheim, Richtolsheim, Friesenheim, Markolsheim, Mackenheim, Gerstheim, Bofzheim, Gambsheim, Wanzenau, Drusenheim, Werth bei Hagenbach, Herlisheim, Dalhunden, Ruprechtsau, Oswald, Illkirch , der Neuhof mit vielen Andern. Nur allein in vierzehn dieser Dörfer bestehet der Verlust in 7 ertrunkenen Menschen – 118 Pferden – 345 – Stück Rindvieh – 113 Kälber – 353 Schweinen – 721 Hammeln – 29 eingestürzten und etwa 200 stark beschädigten Häusern – mehr als 20 Brücken – sodann fast alle Lebensmittel, — die ganze Wintersaat verdorben, und was noch trauriger ist, auch das gute Erdreich weggeschwemmt und die Aecker mit Sand und Steinen bedeckt. Wäre unter diesen Umständen laues oder regnerisches Wetter eingetreten, so wären Hunderte von Menschen verschmachtet oder ertrunken, da aber die Kälte wuchs, so fiel der Rhein bis den 13 Nivos (3 Jan.) um 4 Schuhe. Freilich verursachte der Frost neue Uibel, und erweckte neue Besorgnisse ; das stehende Wasser in den Häusern gefror mit den Kästen, Betten, Tischen und anderm Haußgeräthe in eine Masse zusammen, und alle unsere Felder und Gärten waren mit einer dicken Eisrinde überzogen – man glaubte sich in einen der nördlichsten Erdstriche versetzt: aber unterdessen konnte doch den Nothleidenden Hülfe geschaft werden; und die Furcht einer neuen Überschwemmung verschwand, indem die gütige Vorsehung ein sehr langsam aufthauendes Wetter eintreten ließ, welches die ungeheuren Eismassen ganz unvermerkt verschwinden machte. Die Verunglückten wurden durch milde Beiträge von allen Seiten her unterstützt. Insonderheit nahm sich die hiesige Ackerbaugesellschaft der in der Nähe Wohnenden mit Nachdruck an; täglich schickte man Fässervoll Rumfordische Gemüßsuppen in die Ruprechtsau und auf den Neuhof – wie denn Überhaupt die Bemühungen dieser Gesellschaft für die Armuth der Stadt und für den bessern Anbau des Landes sehr wohlthätig sind."
Source 13:DESCOMBES René, "L’eau dans la ville, des métiers et des hommes", Strasbourg, Ed. Ronald Hirlé, 1995.
 C'est ainsi que le poète et chroniquer strasbourgeois Jean Daniel Pack présente le crue du 10 nivôse An X (31 déc. 1801), qui fut catastrophique en Alsace et en particulier à Strasbourg. La digue du fossé des inondations s'étant rompue, les eaux se précipitent par la Porte de l'Hôpital, submergeant les bas quartiers [de Strasbourg]. Il s’agissait d’une crue simultanée du Rhin, de l'Ill et de la Bruche. Une partie du Pont des bateaux du Rhin fut emportée. A la Krutenau, au Finkwiller, au Pflanzbad (Bains-aux-plantes), et dans une grande partie des Faubourgs de Pierre et de Wissembourg, tout est submergé par les eaux ; au Neuhof également. Les communications ne pouvaient se faire qu'en barque. La Robertsau fut cependant protégée des eaux par les digues construites peu avant cette inondation catastrophique. (...) Les sommes nécessaires pour réparer les dégâts dans le Bas-Rhin furent estimées à 468 000 francs ».
Source 14:PFISTER Christian, "Überschwemmungen und Niedrigwasser im Einzugsgebiet des Rheins 1500–2000", dans KLÖTZLI Frank (dir.), Neujahresblatt der Naturforschenden Gesellschaft in Zürich, Der Rhein – Lebensader einer Region, n° 208, Alpnach Dorf, KOPRINT AG, 2006.
 Extremes Ereignis in Basel.
Source 15:PFISTER Christian, LUTERBACHER Jürg, WANNER Heinz, "Wetternachhersage : 500 Jahre Klimavariationen und Naturkatastrophen (1496-1995)", Bern, P. Haupt, 1999.
 Am 31.12.1801 werreichte der Rhein bei Basel den höchsten je in den Wintermonaten dokumentierten Stand.
Source 16:MAGNET Henriette, "Les inondations de l'an 10", dans S'Lindeblätt – Les cahiers du patrimoine du Haut-Florival, n° 4, 1990.
 - 17 - LES INONDATIONS DE L'AN 10 par Henriette MAGNET Non vraiment, la LAUCH ne connait pas les mœurs de nous autres humains. Elle ignore tout de la « trêve des confiseurs ». Les 9, 10 et 11 nivôse de l'an 10 de la république, c-à-d les 30 et 31 décembre 1801 et le premier janvier 1802 ont été des journées bien difficiles pour les communes de la vallée. C'est le moment que la LAUCH a choisi pour faire des siennes et les habitants de nos villages, sur la brèche jour et nuit, étaient bien trop anxieux et épuisés pour songer aux réjouissances de l'année nouvelle. La population toute entière luttait contre cette eau qui n 'en finissait pas de déferler, transformant ces journées de joie, en journées de cauchemar. C'est par une lettre du maire de Lautenbach du 26 nivôse an 10 (16 janvier 1802) que nous avons connaissance d'un "goûter" organisé par la municipalité, offrant du pain, du vin et du fromage à ces gens qui se sont dépensés jusqu'à épuisement (AD Colmar 7S 375). Rassurez-vous : la réponse du préfet a été favorable, le maire a pu inscrire 105 francs dépensés dans les comptes de la commune - 19 - Lautenbach le 26 nivôse an 10 Le maire de la commune de Lautenbach au citoyen préfet du département du Haut-Rhin. Vu le débordement épouvantable et inopiné d'un torrent qui passe au milieu de notre vallée qui a eu lieu le 9°, 10°, 11° de nivôse toute notre commune aurait été ruinée par sa rapidité si on n' était pas prompt et diligent à pouvoir l'en sauver, à peine est-on venu à bout à lui détourner son cours, le voilà déjà dans un autre endroit surpasser et à rompre les bords et se jetter vers une couple de maisons qui tout à la foi ont été inondé d' aux vite 1 à perd de vie a donner du secour a ces pauvres gens qui y demeuraient sans quoi et par la rapidité du torrent toute auraient été submergé je vous observe citoyen préfet que pendant trois jours on ne pouvait pas prendre assé ses précautions, je fis donner l' alarme, je mis tout le monde en réquisition et malgré tout on ne pouvait pas parvenir à obviera sa impétuosité, finalement voyant la bravoure et le zèle que ces gens se sont efforcés à sauver ses dites maisons les membres du conseil municipal et moi se sont entre parle et estiment qu'il serait equitable de donner une gouté à ces gens épuisés de forces, consistant dans du vin, du pain et du fromage dont la dépense se monte à une somme de 105 francs. il vous plaise donc citoyen prefet m'authoriser de prélever la somme dépensée de 105 francs des deniers patrimoniaux et qu' elle passe en depenses des comptes communal Salut et respect Sirée Maire La pluie s'est arrêtée, l'eau s'est retirée mais les dégâts sont là, incommensurables. La solidarité dans le malheur que les élus de Lautenbach, Lautenbach-Zell et Linthal avaient vécu dans leurs communes, ils espéraient la trouver à l'extérieur. Cela leur semblait impensable de pouvoir s'en sortir seuls. C'est un véritable S.O.S qu'ils lancent espérant que le préfet va les « contreprendre ». - 20 - Au citoyen préfet du département du Haut Rhin Les maires des communes Lautenbach, Lautenbach Zell et Linthal avec approbation des conseils municipaux ont l' honneur de vous exposer que le 9. 10. 11 de nivôse ou dans le temps si cruellement pluvieux, un torrent qui passe au milieu de notre vallée, dont les susdites communes sont les riveraines, c'est inopinément et épouvantablement déborté, toute la vallée était inondé de l' eau et à force de surpasser le bord, le torrent en « s' auroititant (?) d tellement gagner la terre, que toute la masse d' eau s' est jetté d la foi sur les Biens des particuliers de manière que le lit du torrent a une longueur de mille toises et large de quarante pieds était pour le moins que de trois tiers de la longueur que je viens de spécifier, plainement remplie de rochers, de pierrs et du gravier " - 21 - qu'aujourd'hui on a peine d pouvoir s'y reconnaitre et à distinguer par où allait son ancien cours. Les exposants osent donc citoyen préfet vous soliciter en implorant votre authorité suprême, de vouloir bien les condeprendre et leurs requerirs pour aides les communes voisines a pouvoir rouvrir et de gravir l'ancien cours du dit torrent en vous observant que nos citoyens sont déjà d'avance chargé de bien de travaux qu'exigent les reparations aux chemins communaux lesquelles par la plui et par l'eau surdite ont été entièrement ruinés, comme le tout sera prouvé par les pièces c'y jointes. Il vous plaise donc citoyen préfet ! nous accorder que les communes voisines soyent mise en requisition et qu' elles nous secourissent a chacune des communes par tâche et seré justic. Mais le préfet (comme la rivière) est débordé. La vallée toute entière a souffert. L'extrait de la lettre que lui a adressé le conseil municipal de Guebwiller, nous le prouve : «le torrent de la Lauch survenu d une hauteur et une impétuosité extraordinaires, par les grandes pluies dans la journée du 9 nivôse, a causé des désastres énormes sur les propriété riveraines dans la banlieu de Guebwiller. En plusieurs endroits il a comblé son ancien lit, creusé un nouveau, détruit des ponts et chemins publics et des prairies entières et il fait encore craindre par son cours actuel d' enlever à une première crue maisons et moulins....» - 22 - Bureau de travaux public. Arrêté vu la pétition ci contre le préfet du département du Haut-Rhin considérant que les derniers debordemens ont fait tant de ravages et tellement encombrés de graviers les cours d' eaux et qu' ils se sont détournés de leur lit sur divers points qu' il importe de prendre les mesures les plus actifs pour le redressement de cette rivière arrête que les maires de Lautenbach, Lautenbach Zell et Linthal feront exécuté à ce cours d'eaux le redressement nécessaire et ce par habitans des dictes communes qui y seront commandés à tour de rôle ceux qui se refuseront de se rendre aux tâches qui leur seront indiqués seront remplacés à leurs frais. Les maires des dittes communes prendront les mesures les plus actives pour parvenir pendant la bonne saison à l' exécution de ces travaux fait d Colmar ce 5 floréal an 10 de la république française Le préfet, L'arrêté de réquisition souhaité, le préfet le prend, mais non comme l'espéraient les maires pour les communes voisines mais pour Lautenbach, Lautenbach-Zell et Linthal leurs propres communes. Le message aux maires est net et clair : le travail de redressement du cours d'eau est leur affaire propre et doit être réalisé avant la fin de la bonne saison. L' unique aide du préfet est cet arrêté qui leur donne le pouvoir d'exiger le travail nécessaire de leurs concitoyens. Oui, les habitants du fond de la vallée de la Lauch n'ont pas oublié de si tôt ces lugubres journées de fin d'année 1801...
Source 17:Archives municipales de Guebwiller (AMG), 3 O 3.
 "EXTRAIT DES RÉGISTRES DE LA PRÉFECTURE DU DÊPARTEMENT DU HAUT - RHIN. Du 19. Nivôse , an 10 de la République française, une et indivisible. ARRÊTÉ, No. 4689. Le PRÉFET DU DÉPARTEMENT DU HAUT-RHIN , informé par les divers rapports qui lui ont été adressés, que ce Département a éprouvé dans les journées des 9 et 10 du courant, une submersion presque générale, qui a occasionné les plus grands dommages aux administrés et ä l'agriculture, détruit des chemins, des fonts , des usines ; qu'enfin les inondations ont été telles, que de mémoire d'hommes on n'en a vu de semblables ; que chus cette calamité publique on a encore la triste perspective de voir. d'un jour à' l'autre augmenter les malheurs, si un dégel arrivait subitement qu'il importe dans cette circonstance difficile et malheureuse, et dans laquelle les administrés ont déployé une activité; infatigable, malgré tout le malheur qui les accablait, d'employer des mesures extraordinaires, pour rétablir avec toute la célérité que le bien public exige, lis communications interrompues et les brèches survenues aux digues et aux bords des rivières pour faire réparer les digues que des propriétaires avides ont détruit, et pour mettre un terme à toutes les anticipations qu'ils font sur les rivières, pour aggrandir leurs propriétés aux dépens de la chose publique ; considérant en outre qu'il importe aussi d'avoir le tableau des désastres survenus dans chaque commune, pour mettre le Préfet à même d’envoyer au Gouvernement l'état détaillé des dommages et des ravages Glue cette submersion a occasionné, afin d'obtenir les secours qu'il a Béja sollicité ; arrête , vu l'extrême urgence pour la conservation des propriétés, et pour la sûreté de la voie publique, ce qui suit (...) Signé F R. NOEL et J. BRICHE, Séc. gén. Pour expédition conforme : Le Secrétaire- général de la Préfecture , J. Briche."
Source 18:Archives municipales de Guebwiller (AMG), 3 O 3.
 Schadensumme Guebwiller : 39.613 frc.
Source 19:Archives départementales du Haut-Rhin (ADHR), 7 S 375.
 Maire de Lautenbach à M. citoyen Préfet Colmar : Le débordement Epourantable et inopine d'un torrent qui passe au Milieu dans notre Vallée a eu lieu le 9, 10, 11 de Nivôse, toute notre commune aurait été ruinné par sa rapidité… s. Magnet, Henriette
Source 20:Archives départementales du Haut-Rhin (ADHR), 7 S 375.
 Conseil municipale de la Ville de Guebwiller à Citoyen préfet du Dép. Du Haut-Rhin : "… que le torrent de Lauch, survenu à une hauteur et d'une impélussilé extraordiaires par les grandes pluies dans la journée du 9 nivôse, a causé des désastres énormes sur les propriétés riveraines dans la banlieu de Guebwiller. En plusieurs endroits il a comblé son ancien lit, creusé un nouveaux, détruit des ponts et chemins publics, et des prairies entières, et il fait encore craindre par son cours actuel d'enlever à une prémière crue plusieurs maisons et des Moulins. (…)"
Source 21:CHAMPION Maurice, "Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu’à nos jours", tome 4, Paris, Dunod Éditeur, 1862.
 "Les dernier jours de l'année 1801 et les premiers de 1802 furent marqués par des inondations excessives en Alsace et en Lorraine. La crue du Rhin, dit M. ingénieur en chef Coumes, aussi haute que celle de 1641, submergea tous les villages le long de la route du fleuve et causa des dégâts épouvantables. Aussi des mesures énergiques furent-elles prises pour réparer les digues sur toute la frontière, et dans le Bas-Rhin, après avoir fermé d'urgence las brèches, on s'occupa, en 1803, des travaux propres à donner aux digues des hauteurs, des épaisseurs et des talus convenables."
Source 22:KUENY Louis, "Un météorologue alsacien au XIIIe siècle", dans Revue d'Alsace, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, 1903.
 "1801 - Décembre. Le commencement de ce mois a été aussi orageux et pluvieux. Vers le milieu beaucoup de neige. Les inondations ont encore augmenté. 31. En Alsace, partout les rivières ont débordé, même le rhin. Les inondations ont causé des dommages très considérables."
Source 23:Archives départementales du Haut-Rhin (ADHR), 1 Z 1328, cité dans WITH Lauriane, "Gestion et prévention du risque d’inondation : l’exemple du Plan de Prévention des Risques de la vallée de la Largue", Mémoire de Master (Histoire), Université de Haute-Alsace, Mulhouse, 2006.
 An X (8-11 nivôse : 4ème mois du calendirer républicain, des 21-22 dec. aux 20-21 janv. 1802) : Importante submersion, presque générale, qui a causé les plus grands dommages aux administrés et à l’agriculture, qui a détruit des ponts, des chemins et des usines. Des inondations telles, que de mémoire d’homme, on n’en a pas vu de semblables. Le danger est là et risque de s’aggraver si le dégel est rapide. Il faut rétablir les communications et réparer les brèches dans les digues (beaucoup de gens avaient cassé les digues pour accroître leur terrain). Les pertes et ravages sont incalculables : bétail, grains, voitures, maisons.

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