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DETAIL DE L'ARTICLE

Fin janvier – Début février 1853

Cours d'eau:Rhin
Date:
Localités touchées:Marckolsheim
Causes:Inconnues -
Conséquences:Dommages environnementaux -
Source 1:Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 390 D 849.
 Lettre du Maire de Marckolsheim au Sous-préfet, 6 février 1853, Marckolsheim : « quelques jours après l’inondation qui affligea les bords du Rhin on prit des mesures pour soulager les plus malheureuses des victimes du terrible fléau. Des provisions de bouche furent envoyées dans les communes en aval de Marckolsheim pour satisfaire aux besoins les plus pressants du moment. Marckolsheim ne voulut prendre part à la distribution des vivres venus du dehors parce que les plus affamés de cette localité trouvèrent de premiers secours dans la commune même et qu’il importait de ne pas réduire la part des malheureux des autres localités. Des souscriptions s’ouvrirent de toutes parts ; on songea à organiser les secours : à cet effet les Maires durent fournir chaque dizaine un état nominatif des familles les plus nécessiteuses auxquelles il devait être donné des vivres de toute nature ; mais la saison continuant à être extraordinairement favorable on dut surseoir aux distributions, les pauvres pouvant suffire à leur subsistance soit par le travail, soit en consommant leur petites provisions. Cependant peu à peu le travail devint plus rare, les provisions s’épuisèrent et la misère fit de rapides progrès. Je ne parlerai pas de cette classe d’indigens qui en sont temps est une charge pour la commune. Il est une classe bien plus intéressante, très nombreuse dont les souffrances sont extrêmes : c’est la classe des petits cultivateurs, c’est-à-dire des familles qui ne cultivent que des terres prises à bail. La plupart de ces familles ayant aujourd’hui consommé le peu que le fléau leur avait laissé se trouvent dépourvues de tout et grossissent d’une manière effrayante la classe des pauvres. La classe moyenne se trouve dans l’impossibilité de secourir la classe pauvre. Comment le pourrait-elle ? La plupart des familles de cette classe se trouvent dans la nécessité e réduire la consommation journalière afin de pouvoir ensemencer au printemps ; il en est même beaucoup qui déjà aujourd’hui se trouvent à bout de ressources et se voient réduites à faire des dettes pour pouvoir subsister. Heureuses encore si elles trouvent à emprunter ou à acheter à crédit ; car, soit dit en passant, la classe moyenne marche visiblement à sa ruine. Que dirais-je de la classer aisée qui a éprouvé des pertes relativement énormes. Elle fait des sacrifices pour soulager les malheureux, mais que peuvent ces sacrifices en présence de tant d’infortunes de tant de misère. En résumé, la classe aisée se trouve astreinte à une stricte économie pour pouvoir joindre les deux bouts de l’an ; la classe moyenne souffre et n’a pas de quoi suffire à elle-même ; la classe pauvre augmente d’une manière effrayante. Les malheureux ont connaissance des souscriptions qui ont été faites en leur faveur et des dispositions qui ont été prises pour les secourir ; l’espoir les a soutenus jusqu’’aujourd’hui, ils ont attendu avec résignation. Mais il ne faudrait pas trop tarder à leur prêter une main secourable. Tous les jours des affamés se présentent à la Mairie m’exposant leur triste misère et me demande des secours : Comment les soulager tous ? Je ne puis leur donner que l’assurance que l’autorité supérieure s’occupe de leur malheureux sort avec une vive sollicitude et leur faire espérer que des secours arriveront prochainement. Encore ceux qui tendent la main ne sont-ils pas le plus à plaindre, moins bien ceux qui, cachent à peine leur misère, souffrent en silence et attendent avec résignation. Par tout ce qui précède vous voyez, Monsieur le Sous-Préfet, qu’il importe de ne pas laisser plus longtemps abandonnées à elles-mêmes les pauvres victimes de l’inondation (...) ».

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